Instabilité gouvernementale : l’Espagne, un miroir pour la France

blocage politique

Le blocage politique français est une situation que connaît l’Espagne depuis 2015.

La stabilité du système électoral français inventé par le Général de Gaulle pour mettre justement fin aux ballottements de la IVème République vient de montrer ses limites. La situation de l’Assemblée nationale française ressemble désormais au panorama du Parlement espagnol. Une chambre explosée en multiples groupes n’ayant aucun point commun les uns avec les autres, et avec lesquels il est impossible de dégager une majorité claire.

L’Espagne envoie ses parlementaires via un système proportionnel aux résultats obtenus sur un unique tour. La France impose 50 % à l’impétrant après un second tour. Pourtant, avec trois forces puissantes (En Marche, la Nupes et le Rassemblement National), l’Assemblée nationale devient un puzzle comme son voisin espagnol tiraillé entre les socialistes, la droite et deux extrêmes, à droite et à gauche.

La multiplication des groupes parlementaires est un chemin de croix pour tout gouvernant. Depuis 2015, le conservateur Mariano Rajoy a gouverné sans majorité claire et les Espagnols ont été appelés deux fois aux urnes pour débloquer sans succès la situation.

Un manque de majorité qui s’est traduit par la chute du gouvernement de la droite suite à une motion de censure présentée par les socialistes en 2018. La gauche qui, depuis, vivote sous la houlette du Premier ministre Pedro Sánchez. Depuis les dernières élections de 2019, une coalition instable qui rassemble tant bien que mal les socialistes sociaux démocrates modérés plutôt bourgeois et une gauche radicale de Podemos, adepte des barricades, dirigent le pays.

Comme ces deux forces n’ont toujours pas de majorité, il faut ajouter les régionalistes basques et les indépendantistes catalans pour obtenir le nombre suffisant de députés. Une cacophonie permanente et un  blocage institutionnel est la résultante de cette situation. À titre d’exemple, il n’est pas possible de rénover le Conseil constitutionnel et toutes les instances du pouvoir judiciaire, faute de majorité parlementaire. Chaque loi proposée est un supplice parlementaire à l’issue instable et aux négociations interminables.

Le pouvoir est affaibli au point de s’interroger régulièrement sur la pertinence d’organiser des élections anticipées.

La mort des centristes

Par ailleurs, un nouvelle effrayante pour En Marche : le parti jumeau espagnol du mouvement d’Emmanuel Macron est politiquement mort. Ciudadanos, mouvement centriste pactisant avec la droite et la gauche, a perdu au fil des élections tous ses élus : en Catalogne, à Madrid, en Andalousie, à en Castille et Léon et en Murcie. Albert Rivera, qui se présentait comme le Macron espagnol avec la bénédiction de ce dernier, a quitté la vie politique. Les partis traditionnels, les socialistes et la droite, ont un peu repris du poil de la bête mais restent affaiblis par leurs extrêmes, Podemos à gauche et Vox à droite. Que l’on peut sans grand mal comparer à la France Insoumise et au Rassemblement National.

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