Chaos au stade de France, émeutes ou harcèlement de rue entre autres. Pas un jour ne passe sans que l’insécurité n’occupe une place prépondérante dans l’actualité en France. Malgré une hausse des vols, nombreux sont les Français à Barcelone qui se sentent plus en tranquillité dans la capitale catalane. Rencontres.
« Je peux rentrer toute seule chez moi après une soirée sans avoir peur de me faire agresser, je me sens plus tranquille ». Liya, 24 ans se dit plus détendue à Barcelone qu’à Toulouse. « C’est sûr que des fois, il y a des regards qui mettent mal à l’aise, mais ça ne va jamais plus loin, ni dans l’insulte, ni dans les gestes », analyse celle qui travaille aujourd’hui dans le design pour une entreprise de livraison barcelonaise.
« Il y a un grand manque d’éducation chez les hommes de tous âges en France que l’on ne retrouve pas dans la société barcelonaise », confirme Estelle, 28 ans, freelance dans le marketing. « J’ai habité La Roche-sur-Yon, Nantes et Lille, et je ne compte plus le nombre de fois oú l’on m’a suivie, insultée, et agressée dans les rues, alors qu’ici je suis tranquille, je ne me pose pas de questions avant de sortir le soir », confie sereinement la Française qui vient de se marier avec un Catalan. « Il y a beaucoup moins de harcèlement de rue pour les femmes et plus de liberté pour s’habiller », poursuit Marine.
Estelle
Pourtant, la mairie de Barcelone veut encore plus de sécurité. L’adjointe au maire, Laia Bonet, a déclaré dans le journal El Mundo que “les transports publics de Barcelone doivent être un espace sûr et accueillant pour les femmes, qui en sont la majorité des utilisatrices”. En effet, elles représentent 60% des usagers, mais c’est dans les transports en commun que les cas de harcèlement sont le plus signalés. Les femmes âgées de 16 à 29 ans sont les plus harcelées : 92% des Barcelonaises de cette tranche d’âge déclarent avoir déjà été victimes de harcèlement dans les transports de la ville.
Dans la banlieue cossue de Barcelone, à Esplugues, Bruno lui est venu dans la cité catalane par prévention. Père de deux fillettes, il estime que « l’incivisme généralisé de la région parisienne » où il est né et a vécu n’était pas « le meilleur environnement » pour ses enfants. Selon ce quadragénaire qui travaille dans une multinationale, cette situation est surtout due « au cadre de vie parisien qui génère beaucoup de stress et, in fine, des incivilités ». Il semblerait que le climat méditerranéen détende les esprits.
Le fléau des pickpockets
Pourtant à Barcelone, tout n’est pas si rose. Avec 120 délits pour 1000 habitants, Barcelone est la ville qui présente le plus fort taux de délinquance en Espagne, loin devant Marbella (80 pour 1000) puis Madrid (74 pour 1000). Nombreux sont les observateurs qui attribuent cette sur-délinquance au tourisme et à son corollaire : les pickpockets. Les mafias et délinquants choisissent de venir vivre à Barcelone pour commettre des larcins sur le public facile du tourisme de masse. Une fois sur place, les voleurs ne différencient plus les touristes et les locaux.
« Ici on m’a tout volé, on m’a tout volé, mon vélo, mon catalyseur de voiture, mon téléphone », énumère Laya, qui se rassure de n’avoir jamais vécu une agression physique. « Au moins ici on a le choix, si on fait un peu attention, que l’on ne laisse pas traîner ses affaires et que l’on est un peu vigilant, on peut éviter le vol, quand tu as quelqu’un qui te tombe dessus en France, tu es beaucoup plus impuissante », constate Estelle avec une pointe de frustration.
Comme les habitants locaux, les Français de Barcelone ressentent une dégradation de la ville en raison de la présence de vacanciers peu désirables . « Des jeunes qui ne viennent que pour consommer de l’alcool, forcément ça se termine toujours en bagarre », sentence Liya. « La seule fois où je me suis faite insulter dans la rue, c’était par des touristes britanniques ivres morts », enchaîne Estelle.
Malgré certains points faibles de la ville, Estelle ne se voit pas quitter son quartier barcelonais du Gòtic et assure qu’elle « aurait du mal à revenir s’installer un jour en France »en raison du climat d’insécurité ». Y retourner pour les vacances est largement suffisant, conclut la Nantaise.