Une manifestation contre le bruit à Barcelone

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Jeudi soir à 18 h 30, une manifestation aura lieu devant la mairie de Barcelone, pour protester contre les nuisances sonores. 

Terrasses de bars et restaurants, fêtes dans les rues, fiestas dans les appartements touristiques, groupes de vacanciers braillant de jour comme de nuit, pots d’échappements trafiqués de deux roues, tuk-tuk qui passent 24h/24 avec leur musique à fond : les Barcelonais en ont marre d’un bruit qui convertit la vie en ville en une expérience douloureuse. Sur les réseaux sociaux, les groupes de riverains mécontents pullulent.

Un front commun des associations anti-bruit se formera, jeudi soir devant l’hôtel de ville, pour protester et mettre la pression sur les pouvoirs publics. Chaque association représente un quartier qui vit des nuisances localement spécifiques.

SOS Enric Granados représente les riverains qui doivent cohabiter avec les terrasses des bars et restaurants. Cette rue de la soif, dans l’Eixample de Barcelone, regroupe plus de 100 terrasses et presque 2000 chaises, étalées sur un peu plus d’un kilomètre. “Il y a presque un bar-restaurant sous chaque immeuble”, résume Jordi, membre de l’association SOS Enric Granados. “Ce sont des cris, des applaudissements, des tables et des chaises que l’on traîne, entre 2 et 3 heures du matin”, affirme le riverain.

Bien que les habitants interviewés par Equinox comprennent la nécessité des restaurateurs de maintenir une activité lucrative, pour eux, il s’agit d’une question de “santé publique”. “Cela fait plusieurs années qu’on ne dort pas bien, voire qu’on ne dort pas du tout. Alors que c’est un droit fondamental de dormir, c’est très grave.” Une autre riveraine, associée à SOS Enric Granados et française, s’étonne que la mairie ne protège pas la santé des habitants de la rue. “Si une activité empêchait les Barcelonais de manger, la mairie l’interdirait, mais là elle ne fait rien ! Ne pas dormir, ça met la santé physique psychique des gens en péril !” Elle ne parle pas de “vivre” dans le quartier, mais bien de “survivre”.

La Plataforma Places de Gràcia, comme son nom l’indique, se plaint quant à elle du bruit générés par des bandes de jeunes qui festoient sur les places de ce quartier durant les nuits de chaque week-end. Les décibels montent aussi vite que se vident les verres. Une situation intenable pour le collectif.

L’asso AAVV Casc Antic déplore, quand à elle, les nuisances du tourisme de masse. De l’incivisme de certains touristes qui urinent dans les cages d’escaliers des habitants aux fêtes dans les appartements touristiques, en passant par la nouvelle mode des tuks-tuks. Ces tricycles qui convertissent Barcelone en une Bombay du sud de l’Europe en transportant des touristes de jour comme de nuit. Les vélos étant équipes d’enceintes crachent du reggaeton ou des musiques à la mode en France, au grand dam des habitants.

80 % des Barcelonais exposés à du bruit dangereux pour la santé

La marie d’Ada Colau va philosophiquement dans le sens des ces associations. Le conseil municipal a durci la lutte contre les appartements touristiques, a réduit le nombre de terrasses, a annoncé l’interdiction des tuks-tuks dans les zones les plus massifiées et multiplie les pistes cyclables pour limiter les véhicules à moteur.  Pourtant, force est de constater que dans les faits, les décibels ne baissent toujours pas.

Plus de 8 Barcelonais sur 10 sont exposés à des niveaux de bruit dangereux pour leur santé, selon les critères de l’OMS. Au-delà du seuil de 55 décibels, l’Organisation Mondiale de la Santé estime que les nuisances sonores peuvent provoquer des risques cardiovasculaires accrus, des difficultés de concentration,  des retards d’apprentissage et des troubles du sommeil. Ce sont ces derniers qui provoqueraient les maladies les plus graves et les 47 morts par cardiopathie évitables chaque année à Barcelone selon le récent rapport d’ISGlobal« Une mauvaise qualité du sommeil augmente le risque de maladies cardiovasculaires, confirme le cardiologue Juan Carlos Portugalc’est un facteur de risque très connu ».

Et mauvaise qualité du sommeil ne veut pas forcément dire peiner à s’endormir ou se réveiller fréquemment. « Le bruit nocturne peut provoquer des altérations du sommeil sans que nous en soyons conscients ni que cela ne nous réveille, explique Maria Foraster, chercheuse en santé publique à l’Université Ramon Llull, une exposition prolongée au bruit de la circulation routière peut mener à des altérations chroniques des réactions de notre corps, et engendrer maladies cardio-vasculaires, diabètes et obésité ».

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