Une cinquantaine d’activistes déguisés en touristes ont manifesté à l’entrée de l’agence SH Barcelona pour protester contre la transformation d’appartements locaux en logements touristiques.
Photos : Sindicat dels Llogaters
Le tourisme est de retour. Selon l’Association des Appartements Touristiques de Barcelon, 97% des logements destinés aux visiteurs ont été loués durant le mois de mai. Si pour les appartements touristiques (autorisés à la location à la journée), une licence est nécessaire, il existe encore un vide juridique sur les appartements de location temporaire. Ces derniers sont autorisés à louer entre 31 jours et 11 mois, et il ne peut pas s’agir de la résidence principale du locataire. Ce marché étant plus juteux que la location aux Barcelonais, les investisseurs se ruent sur la location temporaire, en attendant, pour certains, de pouvoir obtenir des licences touristiques.
Dans cette course à la rentabilité, de nombreux locataires sont poussés vers la sortie si leur immeuble a été vendu à une entreprise décidée à investir dans le logement temporaire. C’est ce qu’il se passe à la Casa Orsola, un bel édifice moderniste proche du métro Rocafort, détenu par l’entreprise Lioness Inversiones et dont les baux temporaires sont gérés par l’agence SH Barcelona.
Les locataires dont le bail s’achève s’en voient refuser le renouvellement pour un nouveau contrat de 5 ans, et doivent, un à un, quitter leur logement. L’entreprise commence les travaux dès qu’un appartement se libère.
« Plus d’habitants, moins de touristes »
La Casa Orsola n’est malheureusement pas une exception, mais ses habitants ont décidé de ne pas se laisser faire, aidés par le Syndicat des Locataires de Barcelone. Tous ont décidé mardi d’envahir bruyamment une agence SH Barcelona pour protester contre la gestion de l’édifice. Les manifestants, déguisés en touristes caricaturaux, portaient des pancartes « Plus d’habitants, moins de touristes : la Casa Orsola reste ».
« La facilité des grands propriétaires à expulser les habitants pour passer en location temporaire ou touristique multiplie les cas de locataires qui ne peuvent pas faire renouveller leur bail et d’immeubles vidés par des expulsions qui ne disent pas leur nom », alertait un porte-parole du syndicat pendant cette manifestation suprise.
Les habitants affectés doivent généralement déménager et affronter un marché de la location toujours plus cher. Certains cèdent et signent un contrat temporaire, qui ne leur offre aucune sécurité. Dans tous les cas, les locataires, déjà peu protégés par la loi, sont à Barcelone de plus en plus vulnérables.