Cris, dérangements et bruit durant la nuit… les habitants d’un immeuble de Barcelone dénoncent l’enfer qu’est devenue la cohabitation avec une maison close non déclarée.
Les maisons closes ont beau être légales en Espagne, ce n’est pas pour autant qu’elles ne dérangent pas. Mais lorsque la maison close n’est pas déclarée, la situation est encore plus complexe. Et ce sont les voisins eux-mêmes qui en sont les premiers affectés.
À première vue, l’immeuble situé Carrer de Roger de Flor, juste avant le carrefour avec la Carrer d’Aragó, est on ne peut plus banal à Barcelone. Mais bien vite, une banderole attire l’œil. Aux balcons du deuxième étage, on peut lire : “On ne peut pas vivre avec une maison close dans les escaliers”. Un “SOS” lancé par les riverains à la mairie, pour dénoncer une situation dont certains semblent souffrir au quotidien.
Une maison close semble être installée dans les premiers étages de l’immeuble, et ce depuis des années ; elle est même répertoriée sur Internet. Et pourtant, l’établissement ne possède pas la licence nécessaire pour effectuer ce type d’activité, c’est donc une maison close non déclarée et totalement illégale. Jusque là, la présence de l’établissement ne semblait pas déranger les habitants de l’immeuble, jusqu’à il y a quelques mois, lorsque les clients deviennent de plus en plus nombreux.
Un va-et-vient constant dont les voisins se plaignent, mais pas que. Ceux-ci expliquent au quotidien catalan Ara que certains clients se trompent d’interphone et les réveillent durant la nuit. Un riverain raconte même avoir retrouvé des bouteilles d’alcool et du vomi sur le trottoir, un matin. Ce sans compter les disputes, les portes qui claquent et les cris dans la cage d’escalier que dénoncent certains habitants auprès de Betevé.
La situation est devenue tellement insoutenable, pour certains voisins, qu’ils se sont vus contraints de peindre l’interphone de la maison close en rouge pour éviter d’être dérangés ; une peinture qui a aussitôt été effacée.
Un imbroglio juridique
Ils expliquent avoir dénoncé la situation à maintes reprises auprès des Mossos d’Esquadra, de la police municipale et de la mairie, sans obtenir un réel changement. Contactée par Equinox, la mairie affirme que le dossier est sur la table et qu’un dossier administratif de sanctions est en cours depuis 2021. “Récemment et suite aux plaintes du voisinage, la police municipale a de nouveau surveillé la zone sans détecter aucun mouvement d’entrée ni de sortie de l’immeuble”, assurent les équipes municipales.
Le fait est qu’il reste difficile de justifier un contrôle de la police municipale à l’intérieur du bâtiment, sans mandat judiciaire. L’établissement étant extrêmement discret (certains voisins sur place assurent ne se rendre compte de rien), il est très difficile pour la police de prouver l’activité illégale qui s’y tient, et donc de mener à bien une instruction judiciaire.
Face à la situation, les voisins n’ont trouvé d’autre solution que de suspendre une banderole sur leur immeuble, comme un appel à l’aide. La mairie de Barcelone assure qu’elle suit activement le dossier, et qu’une réunion avec les voisins est prévue prochainement.
Dans tous les cas, une maison close déclarée et possédant une licence spécifique (celle de « bar musical avec des salons privés pour des services sexuels ») se doit de suivre des règles strictes pour ne pas gêner les riverains, notamment ne pas être située en-dessous d’un logement.
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