Entre les startups françaises nées à Barcelone et celles, toujours plus nombreuses, qui s’y installent, le recrutement tourne à plein régime dans le secteur… et les salaires grimpent.
Photos : Amenitiz
Depuis la fin des restrictions les plus dures de la pandémie, la capitale catalane fait face à une vague d’arrivées importantes d’entreprises technologiques. Certaines viennent y développer le marché espagnol, la plupart y installent un hub pour leur développement. Un climat et une qualité de vie attrayante à 1h30 de vol de Paris, un bassin de talents internationaux déjà sur place, Barcelone attire les sociétés de la tech et ce n’est pas vraiment une nouveauté. « C’était un peu un Eldorado pour les startups, et puis le bon plan s’est ébruité, et c’est devenu plus compliqué », résume en riant Guillaume Rostand, président de la French Tech Barcelona.
Sur le marché du recrutement, les puissantes ManoMano, Papernest et Payfit viennent maintenant concurrencer les startups créées à Barcelone par des fondateurs français comme Payflow ou Amenitiz, qui elles-mêmes ont réalisé d’importantes levées de fonds et embauchent à tour de bras. Selon plusieurs experts, il y aurait actuellement entre 3000 et 5000 postes à pourvoir dans la French Tech barcelonaise. Les profils similaires sont assez similaires et le vivier se rétrécit. « La question n’est plus seulement de trouver le bon candidat, mais de trouver le candidat au bon prix », explique Antoine Détis, fondateur de la startup Tool4staffing, spécialisée dans le recrutement. Une simple offre d’emploi ne suffit plus, le candidat potentiel est le plus souvent contacté par l’entreprise ou un cabinet de recrutement, notamment via Linkedin. Courtisé, choyé, il « doit être traité comme un prospect » selon Antoine Détis.
Emmanuelle Guinefolleau, co-fondatrice d’Amenitiz, l’a parfaitement intégré et estime que « l’expérience candidat » ne doit pas être négligée. La startup envisage de recruter 200 personnes cette année et a mis sur pied une équipe de Talent Acquisition de 10 personnes, assistées par des cabinets. « Le candidat veut une réponse rapide, on ne peut pas mettre un mois et demi à lui répondre, sinon il va chercher d’autres opportunités », explique l’entrepreneuse qui met un point d’honneur à ce que ses processus de recrutement ne dépassent pas les deux ou trois semaines.
En recherchant des profils internationaux, les entreprises s’alignent aussi sur des salaires plus élevés que la moyenne espagnole. François Lejolly, spécialiste du recrutement dans la tech à Barcelone depuis 8 ans, explique avoir vu les salaires grimper de « 15% au moins en trois ans, parfois jusqu’à 60% sur les profils IT ».
Le soleil comme argument… mais pas que
La demande de profils technologiques est mondiale, et la concurrence toujours plus forte avec les possibilités de travailler à distance. Barcelone tire toutefois son épingle du jeu et parvient à attirer, aussi, pour sa qualité de vie. « J’ai expliqué aux investisseurs qu’avoir des locaux avec une terrasse, c’était indispensable pour le recrutement », confie le fondateur d’une startup qui fait venir la plupart de ses candidats de France. Car en proposant de venir travailler au soleil, les entreprises disposent d’un argument de choc. « On vit un peu sur le dos de l’attractivité de Barcelone, confirme Guillaume Rostand, c’est un levier assez important, on trouvera forcément plus de candidats intéressés que sur d’autres destinations ».
La capitale catalane attire pour ses plages, mais aussi, de plus en plus, pour ses perspectives d’évolution. Avec de nombreuses licornes désormais installées et d’autres beaux succès de startups, elle offre l’un des meilleurs écosystèmes européens du secteur. Pour Emmanuelle Guinefolleau, le soleil n’est désormais plus la motivation principale : « il y a de plus en plus de belles boites, les profils que nous recrutons viennent ici pour faire carrière, et on peut faire une belle carrière à Barcelone ». Un constat partagé par François Lejolly, qui parvient à faire venir en Catalogne des Français auparavant installés en Allemagne, à Londres ou même à Hong-Kong. Et une aubaine pour les Français de Barcelone, qui restent le vivier privilégié des startups en mal de candidats.