Stéphane Vojetta est l’actuel député La République en Marche pour la cinquième circonscription des Français établis hors de France : celle de l’Espagne, du Portugal, d’Andorre et de Monaco. Il est actuellement candidat à l’investiture pour effectuer un nouveau mandat. Une investiture que lui dispute Manuel Valls. L’ancien Premier ministre, selon des fuites dans la presse française, pourrait bien être le prochain candidat sur la circonscription. Rencontre avec Stéphane Vojetta.
Etes-vous encore candidat pour rester député des Français vivant en Espagne, Portugal, Andorre et Monaco ?
Le processus d’investiture est encore ouvert. Les plus hautes instances de La République en Marche à Paris me confirment qu’aucune investiture n’a été arrêtée, ni communiquée à qui que ce soit.
Pourquoi Manuel Valls ou son entourage ont-ils déclaré au journal Le Parisien que la décision était prise et qu’il était le candidat investi ?
Il faudra lui poser la question. Moi, les instances du parti LREM me disent ne pas m’inquiéter car je suis le député sortant, que je suis un élu de qualité, connu et reconnu par mes électeurs. Je joue collectif, je suis engagé. On m’a rassuré par rapport à cette candidature de Manuel Valls. Donc j’attends avec confiance.
Est-ce Emmanuel Macron en personne qui prendra la décision ?
Je lis la presse comme vous. Je lis que le président de la République s’implique dans les décisions d’investiture. Dans le cas de ma circonscription, je ne sais pas.
Soutiendrez-vous Manuel Valls s’il est officiellement désigné candidat ?
Je ne me place pas dans cette configuration.
Est-ce que le plus important ce sont les idées, et finalement pas les candidats ?
Absolument. Il faut avoir des élus qui portent nos idées. Des élus locaux, issus de la société civile, qui refusent la vieille politique et ne sont pas impopulaires.
La primaire pour cette investiture, c’est un peu un match Barcelone-Madrid. N’est-ce pas pour vous un handicap d’être madrilène alors que la plus grande communauté de Français de la circonscription se trouve à Barcelone ?
Je pense que c’est un avantage d’être à Barcelone. Mais uniquement lorsque l’on est une personne populaire parmi les Français de Barcelone.
Quel que soit le candidat LREM, peut-on douter de sa victoire dans la circonscription avec plus de 76% des électeurs qui ont voté Macron au second tour de la présidentielle ?
Oui. Nous avons gagné de justesse en 2017. Nous perdrons si nous avons un candidat qui souffre d’une forte impopularité chez les Français de Barcelone.
Cet imbroglio ne nuit-il pas à la « nouvelle politique » vantée par LREM ?
Il n’y a pas d’imbroglio car le processus d’investiture n’est pas arrivé à son terme. Il est vrai que tout cela est moins serein depuis le vacarme médiatique. L’info est sortie au conditionnel dans Le Parisien. Les autres médias n’ont rien vérifié et on fait du copié-collé. D’ailleurs seul un journal (Equinox) m’a appelé hier pour connaitre ma version. Ce n’est pas normal.
Quel est votre bilan sur la circonscription ?
Je suis proche des Français qui vivent ici. Je connais leurs problématiques. J’ai beaucoup travaillé sur le mode de délivrance des passeports. D’ailleurs, nous avons débloqué le renouvellement à distance des passeports qui était un dossier en panne depuis des années. Nous avons œuvré sur l’obtention de la double nationalité. On a obtenu aussi un assouplissement sur le vote par procuration. Mon rôle, c’est de faire remonter tous ces problèmes à Paris et les résoudre.
Quel regard avez-vous sur le score de Macron à la présidentielle et ses 91% à Barcelone au second tour ?
La sociologie locale est le cœur de cible d’Emmanuel Macron.
Les privilégiés ?
Non pas du tout. Les Français qui aiment le goût du risque, l’entrepreneuriat et la recherche des opportunités. C’est le réformisme libéral porté par le président Macron. Et ici Marine Le Pen ne peut pas avoir d’écho, car les gens qui votent pour elles sont souvent des personnes en colère en raison du rejet de la vaccination anti-Covid ou du « quoi qu’il en coûte ». Vu de l’étranger, on a une meilleur perspective pour juger de façon équilibrée le bilan du premier mandat d’Emmanuel Macron. On valorise mieux le contexte difficile, et un président qui a fait le job et maintenu la barque à flot.