Les téléphones portables de Pedro Sánchez et de sa ministre de la Défense Margarita Robles ont fait l’objet d’écoutes illégales
, au moyen du logiciel israélien Pegasus, selon le gouvernement espagnol.
C’est un coup de théâtre. Le gouvernement espagnol est accusé par les indépendantistes catalans d’avoir espionné les principaux responsables politiques du mouvement. La semaine dernière au parlement, la ministre de la Défense a justifié à demi-mot cet espionnage en raison de la déclaration d’indépendance d’octobre 2017.
Alors que les relations entre Barcelone et Madrid sont quasiment rompues, c’est le gouvernement espagnol qui se dit maintenant victime d’espionnage. Le porte-parole du gouvernement Félix Bolaños a parlé de faits d’une énorme gravité
qui se seraient produits en 2021.
« Nous avons la certitude absolue qu’il s’agit d’une attaque externe […] parce qu’en Espagne, dans une démocratie comme la nôtre, toutes les interventions sont effectuées par des organismes officiels et avec une autorisation judiciaire »,
a-t-il affirmé. Il n’a pas précisé si les autorités espagnoles avaient une piste sur l’origine de cette intervention, et notamment si elle émanait d’un pays étranger. Les principaux partis indépendantistes mettent en doute la fiabilité de l’information, attribuant l’annonce à une tentative d’ « écran de fumée ».
Une activité politique chargée durant l’espionnage
Si l’on ne sait pas encore qui est à l’origine de l’espionnage, il y a eu quatre faits majeurs durant cette période.
La crise migratoire et diplomatique avec le Maroc due à l’accueil en Espagne du président du Front Polisario, Brahim Gali. Un mouvement en faveur de l’indépendance du Sahara, jugé ennemi du gouvernement marocain. Au même moment, la principale opposante du gouvernement socialiste, Isabel Díaz Ayuso, a remporté les élections régionales de Madrid, qui se sont conclues par le retrait de la politique du vice-président espagnol et fondateur de Podemos Pablo Iglesias. A l’autre bout du pays, en Catalogne, avaient lieu les dernières négociations pour l’investiture de l’indépendantiste Pere Aragonès en tant que président de la Generalitat. Et enfin, le gouvernement espagnol octroyait les grâces aux prisonniers independantistes catalans.
Conçu par l’entreprise israélienne NSO, Pegasus permet, une fois installé sur un portable, d’accéder aux messageries, aux données ou d’activer l’appareil à distance à des fins de captation de son ou d’image. NSO a toujours affirmé que Pegasus ne pouvait être vendu qu’à des États et que ces ventes devaient obtenir le feu vert préalable des autorités israéliennes.
Selon l’ONG Amnesty International, ce logiciel pourrait avoir été utilisé pour pirater jusqu’à 50 000 portables dans le monde.