À la mode durant la pandémie, les potagers urbains sont toujours aussi courus à Barcelone. Un style de vie plus proche de la nature, sur lequel surfent certaines entreprises.
Photos : Clémentine Laurent/Equinox
Jesús a bientôt terminé de récolter ses salades, et bientôt, il plantera des courgettes. À plus de 90 ans, il continue à venir cultiver sa parcelle de potager, dans le quartier de Vallcarca, à deux pas du Park Güell. “J’étais l’un des premiers à faire mon potager ici, dans les années 1980”, raconte-t-il, tout en faisant une pause à l’ombre de la pergola. À l’époque, avoir un potager n’était pas rare pour les habitants de ce quartier reculé, mais l’idée d’un espace collectif où l’on pourrait cultiver ensemble était novatrice. L’Hort de l’avi, le “potager de papy”, était né. Et c’est, encore aujourd’hui, l’un des premiers potagers urbains de Barcelone.
Son nom s’explique simplement : “à l’époque, ce n’était que des retraités qui venaient ici, alors pour les élèves qui visitaient le potager, c’était un peu un potager pour les grands-parents !”, explique Montserrat. Elle ne travaille pas la terre, mais gère le potager et quelques autres appartenant au réseau de la mairie de Barcelone. Des potagers urbains en constante augmentation : la mairie en comptait au moins 550, en 2021. “Durant la pandémie, il y avait des gens, pas forcément des retraités, qui nous demandaient comment faire pour obtenir une parcelle”, raconte Montserrat. Après le confinement et une sensation d’enfermement dans la ville, de nombreux Barcelonais ont ressenti le besoin de se rapprocher de la terre, de la nature.
Des potagers municipaux, réservés aux retraités et associations
Mais pour l’instant, difficile pour un Barcelonais lambda d’avoir accès à l’un de ces potagers municipaux : il est en général nécessaire d’avoir plus de 65 ans ou faire partie d’une association pour se voir attribuer une parcelle. Bien sûr, il existe d’autres types de potagers : dans les écoles mêmes, sur des terrains en friche, et même des potagers spontanés ou “okupas”. Devant cet intérêt croissant des habitants pour la culture de la terre, la mairie a mis en place en octobre 2020 le département “Mans al verd” (‘Mains au vert’), et vise à étendre encore le nombre de potagers urbains, pour que tous les Barcelonais qui en ont envie puissent cultiver leur propre parcelle, explique Andrea de Llobet, responsable du département.
“Depuis le Covid-19, on a toujours plus de demandes pour cultiver des parcelles. La pandémie a réveillé un besoin qui existait déjà.” Cultiver son propre potager à Barcelone permet donc un accès au vert, mais a aussi d’autres bénéfices. “Ce sont des espaces où se crée beaucoup de tissu social, et où naissent des initiatives de quartier, car ils réunissent des enfants, des personnes âgées, des associations… sans parler du bien-être que le fait de cultiver la terre procure ! Ça a un effet sur la santé, ça réduit le stress…”, ajoute Andrea de Llobet.
Mans al verd fait d’ailleurs gagner 7 parcelles, en ce moment-même, réparties dans différents quartiers de Barcelone. Ici, les associations mais aussi les particuliers sans limite d’âge peuvent s’inscrire jusqu’au 7 juin, pour se voir attribuer gratuitement une parcelle pour les 5 prochaines années (inscriptions ici).
Hors de Barcelone, des potagers à louer
Mais pour ceux qui ne voudraient pas attendre, d’autres solutions existent pour cultiver son potager. En-dehors de Barcelone, de nombreuses entreprises louent des parcelles dans des sortes de potagers communs, et ce pour n’importe quel citadin ayant envie de se mettre au vert. Huerto en alquiler, Mini Huertos, Huertos de Ocio ou encore Horts de l’avi proposent des parcelles à louer à Viladecans, Cornellà de Llobregat, Vilanova del Vallès, Gavà, Vilassar de mar… Les potagers vont de 25 à 50 mètres carrés, et à partir de 25 € par mois. Certains fournissent même des services additionnels comme une parcelle grillagée ou un arrosage régulier, par exemple.
Même si ce type de plateformes a connu une recrudescence des demandes durant la pandémie, le phénomène est bien antérieur, explique Ramón, responsable de Huerto en alquiler. “Le projet est né il y a dix ans, et en à peu près deux ans on a eu beaucoup de succès, on a donc ouvert d’autres espaces au fur et à mesure. Mais pendant la pandémie, les espaces vacants que l’on avait se sont remplis rapidement.”
Aujourd’hui, l’envie de vert n’a pas quitté les citadins. La pandémie n’a fait que faire prendre conscience du besoin de nature, lorsqu’on habite en ville, et l’intérêt pour les potagers urbains est toujours croissant à Barcelone et dans sa périphérie. “Les gens ont besoin de sortir voir la nature, et les parcs bondés en ville, ce n’est pas vraiment ça dont les gens ont besoin”, affirme Ramón. “Avoir un potager, c’est différent : on est en contact avec la terre, et ça a de nombreux bénéfices sur la santé ! C’est ça que les gens viennent chercher, sans vraiment le savoir.” Le fait de profiter de fruits et légumes frais et bios participe aussi à tout l’environnement sain qu’offrent les potagers urbains.
Et lorsqu’on voit la forme des “papys” qui cultivent tomates, brocolis, pommes de terre, menthe, camomille, salades, courgettes, fraises et bien d’autres, à l’Hort de l’avi, les bénéfices sur la santé semblent indéniables. Visiter l’un de ces potagers urbains donne presque envie d’être retraité pour pouvoir s’y inscrire.
La carte des potagers urbains de Barcelone
Retrouvez ici les conseils de la mairie en ligne pour commencer à cultiver son propre potager.
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