Les parisiens redécouvrent Antoni Gaudi à l’occasion de l’exposition du musée d’Orsay. L’homme n’était pas seulement un architecte de talent, mais également un idéologue politique.
Le créateur de la Sagrada Família est connu mondialement pour ses œuvres. Mais l’homme est également un idéologue très clivant. Un des amis de Gaudi, l’architecte Isidre Puig Boada a compilé en 1981, à l’âge de 90 ans, les idées, les phrases et les commentaires que lui confiait l’artiste.
En est sorti un livre El pensamiento de Gaudí, publié au début des années 80 en catalan et réédité en espagnol aux Editions Duxelm. Bien que la majeure partie du livre aborde des thèmes d’architecture, on y découvre aussi des pensées politiques et sociétales de l’architecte.
Gaudi et son idéologie conservatrice
Isidre Puig Boada retranscrit ainsi des phrases tranchées du génie catalan : « La peur c’est l’ignorance, et nous sommes tous des idiots dans beaucoup de domaines ». Gaudi avait une vision précise de l’hygiène de vie convenable : « Il faut prendre le soleil qui stimule la vie et s’abstenir de l’alcool qui fragilise l’organisme ».
L’avant-gardiste architecte pensait également que son oeuvre la Pedrera finirait par devenir un hôtel. Le livre fait par ailleurs ressortir un Gaudi catalaniste de droite, une idéologie qu’il n’a jamais caché, mais aussi autoritaire, chaste, catholique et globalement manichéen.
Gaudi, célibataire endurci, ne manquait pas de lancer parfois quelques piques à la gente féminine. Selon lui, les femmes « sont les ennemies d’une longue et bonne vieillesse car elles cuisinent trop de repas ». Un mode de vie et des idées pour le moins conservatrices, qui pourraient paraître en totale contradiction avec la créativité audacieuse et terriblement inventive de l’architecte catalan.