Depuis le début du conflit, la communauté française de Barcelone s’est montrée solidaire envers les réfugiés ukrainiens. Tour d’horizon.
Sur les hauteurs de la ville, non loin du Parc del Turó del Putxet, l’école Montessori française de Barcelone accueille comme chaque matin ses élèves, pour la plupart francophones. Mais depuis quelques semaines, deux petits nouveaux ont rejoint l’établissement. Bohdan et Oksana, jumeaux de trois ans et demi, sont arrivés mi-mars avec leur maman. Comme tous les hommes ukrainiens de 18 à 60 ans, leur père n’a pas pu quitter le pays. « C’est une école Montessori d’Ukraine, où allaient les deux enfants, qui a contacté les écoles Montessori de Barcelone, raconte Cécile Brazilier, directrice, on nous demandait d’accueillir les jumeaux à l’école mais aussi de leur trouver un logement ».
La Française a fait appel à ses connaissances, alerté associations et institutions. Le Consulat de France a pris le relais pour contacter la Société Genérale Française de Bienfaisance, qui avait justement un appartement à disposition, correspondant aux besoins de la famille. Les enfants et leur mère, Tetyana, avaient fui en Slovaquie avec une valise, pensant rapidement en Ukraine. Mais le conflit s’est enlisé et ils sont arrivés à Barcelone. « En deux jours, c’était réglé, ils ont atteri le dimanche soir, sont allés à l’hôtel deux nuits, et le mardi ils étaient dans l’appartement » raconte Cécile. Un appartement oui, mais vide. La Bienfaisance fait alors appel à une autre association française pour organiser une collecte solidaire : Barcelone Accueil. « Ils ont fait passer le message, et nous avons vite été débordés, tout le monde a été très réactif », explique Patricia Klein, secrétaire de la Bienfaisance. Meubles, vaisselle, linge de maison, en 48 heures l’appartement était prêt. « C’était vraiment très beau, tout le monde voulait aider, participer », poursuit Patricia.
De nombreux parents d’élèves se sont mobilisés, notamment ceux d’Esplugues et ceux de l’école Montessori qui ont pu fournir des vêtements aux enfants, arrivés à Barcelone avec leur garde-robe très hivernale. De son côté, l’établissement de Cécile Brazilier prend en charge la scolarité, la cantine et autres frais d’activités des jumeaux. « C’est chouette de les accueillir, de pouvoir apporter un petit soutien à cette famille », confie l’entrepreneuse.
En Catalogne, plusieurs familles françaises ont décidé d’accueillir chez eux des réfugiés ukrainiens. Pour quelques jours, quelques semaines, ou sans date déterminée. Ces marques de générosité se font souvent en toute discrétion, et apportent autant de joie aux accueillants qu’aux accueillis. La ville de Barcelone a également ouvert un centre spécial d’accueil aux Ukrainiens et se charge de les loger et les accompagner au moins durant les premiers mois. Il est possible de se porter volontaire pour accueillir ensuite ces réfugiés en contactant le mail [email protected].
« Tout le monde peut aider »
Si les institutions, les associations et les parents d’élèves se sont montrés particulièrement réactifs, les plus jeunes n’ont pas été insensibles aux images de guerre, d’exode et de vies suspendues. « Nous regardions les infos avec mon père, et je me suis mise à leur place, raconte Patricia de Cruilles, 17 ans, je me suis demandée comment je me sentirais si là, tout d’un coup, je devais partir avec ma soeur et ma mère, car mon père ne pourrait pas venir, et tout laisser derrière moi ». Cette jeune élève du Lycée français de Barcelone s’est alors sentie poussée à s’engager pour aider. Elle décide de créer un site web afin de collecter des dons pour les réfugiés ukrainiens. « La plupart des ONG proposent de faire un don, mais on donne pour de nombreuses causes, alors que sur ce site, c’est uniquement pour l’Ukraine », explique la dynamique jeune fille.
Une connaissance de son père l’aide à créer le site SOSrefugiadosucrania.com, qui est prêt en quelques jours, et Patricia signe une convention avec Oxfam-Intermón et ACNUR pour leur reverser l’intégralité des dons. Un mois après le lancement, près de 9000 euros ont déjà été collectés.
« Mes amis, mes proches ont beaucoup participé, et le LFB a aussi contacté tous les parents, raconte la lycéenne, j’ai aussi voulu qu’une personne normale comme moi avait pu agir pour aider, et j’espère que cela inspirera d’autres personnes car tout le monde peut aider ».