Les escroqueries sont malheureusement fréquentes, à Barcelone comme dans d’autres grandes villes. Voici 10 arnaques courantes, pour ne pas se laisser berner.
Photos : Clémentine Laurent/Equinox
Qui dit grande ville dit beaucoup d’opportunités, mais aussi d’arnaques. Et comme toutes les métropoles, Barcelone ne fait pas exception à la règle. Les escroqueries sont malheureusement courantes, et être vigilant est indispensable pour ne pas se faire avoir. Voici quelques arnaques parmi les plus courantes, à Barcelone.
Le logement trop beau pour être vrai
Un grand classique des escroqueries, dans l’immobilier : les fausses annonces de logements. Cette arnaque se base sur une simple annonce d’appartement en location, en très bon état, souvent meublé, avec de très belles photos, et un prix très alléchant, explique Laure Condamine, chercheuse d’appartements à Barcelone. Parfois même, les frais d’électricité, d’eau et Internet sont inclus dans le prix. Bref, le rêve à Barcelone. Mais lorsque l’intéressé contacte le supposé propriétaire, celui-ci ne peut répondre que par message ou Whatsapp. Il explique qu’il n’est pas disponible pour faire visiter l’appartement, et qu’il a beaucoup de candidats avec de bons dossiers. “Ils mettent dans une position de demandeur, ce qui veut dire que l’intéressé par l’appartement doit se vendre”, précise Laure Condamine.
Le faux propriétaire propose alors la possibilité de réserver le logement via la plateforme Airbnb, en assurant que si l’appartement n’est finalement pas conforme aux photos, l’intéressé sera remboursé. Et l’arnaque est là : on paye entre 1200 € et 1800 € de “frais de réservation” pour un logement qui n’existe même pas, et après le paiement, le faux propriétaire disparaît. Une escroquerie très fréquente, selon la chercheuse d’appartements. “Les gens sont tellement désespérés quand ils cherchent un logement à Barcelone, tout ce qu’ils voient est tellement laid et tellement cher, que quand ils voient une annonce pareille, ils se précipitent.”
Un autre type d’arnaque immobilière bien connu est la sous-location. Un locataire d’appartement se fait passer par le propriétaire et loue le logement, souvent sans contrat, sans que le propriétaire réel n’en soit informé. Dans ce cas de figure, le locataire dupé peut se trouver dans des situations compliquées, par exemple si le réel propriétaire découvre la sous-location. Celle-ci étant illégale, le locataire victime de l’arnaque n’a pas les moyens de se défendre car il n’y a pas de contrat légal.
Comment ne pas tomber dans le panneau :
Lorsqu’une annonce semble trop belle, vaut mieux tout faire pour visiter l’appartement et vérifier qu’il est géré par une grande agence immobilière connue à Barcelone, et de confiance, car les offres de particulier à particulier n’existent pas. De manière générale, vaut mieux ne jamais rien payer sans avoir vu le logement en question.
La caution irrécupérable
Une autre arnaque très courante, dans le monde immobilier, est celle de la caution. Il est parfois difficile de la récupérer, lorsqu’on quitte un logement, même s’il était déjà dans un mauvais état avant, et les frais peuvent facilement grimper sans que le locataire puisse les contester.
Comment ne pas tomber dans le panneau :
Lorsque le nouveau locataire récupère les clefs du logement, vaut mieux faire un état des lieux détaillé, prendre en note ou prendre des photos de chaque petit détail (saleté, mauvais état, humidité…), tout vérifier et faire signer cet état des lieux sur papier par l’agence. Ainsi, le locataire peut utiliser ces notes pour contester s’il ne reçoit pas sa caution lors de son départ.
La voiture truquée
Les escroqueries ne concernent malheureusement pas que les logements. Les acheteurs de voitures de seconde main sont aussi concernés, assure Marco Esteban, directeur du cabinet de droit pénal Esteban Abogados penalistas à Barcelone. Il peut arriver que lorsque quelqu’un achète un véhicule de seconde main, celui-ci soit truqué : un nombre de kilomètres manipulé sur le compteur et donc bien différent du nombre réel, un problème qui a été camouflé au moment de la vente mais qui rendra le véhicule très vite inutilisable ou fera payer des frais de réparation exorbitants à l’acheteur. Il arrive même qu’il s’agisse d’une voiture volée. Et ce type d’arnaque peut se présenter via des annonces sur Internet, mais aussi des garages automobiles ou des revendeurs non-officiels. Difficile, donc, de les détecter.
Comment ne pas tomber dans le panneau :
Avant d’acheter le véhicule, l’avocat pénaliste recommande de bien s’assurer que son achat ne supposera pas de frais supplémentaires, et de faire réviser la voiture (ou autre) par un mécanicien ou un garage avant de l’acheter. “Si le vendeur refuse que le véhicule soit révisé avant la vente, c’est qu’il a certainement quelque chose à cacher.”
L’arnaque des images
L’arnaque des images ou “timo de la estampita” est un type d’escroquerie bien connu en Espagne, et pourtant toujours courant, explique Marco Esteban. Elle prend souvent place dans la rue, où un arnaqueur se fait passer pour une personne ayant un certain handicap mental ou un simple d’esprit. Il accoste un passant, en lui montrant un réel billet de banque, ainsi qu’une enveloppe en apparence pleine de billets. L’arnaqueur explique au passant que l’enveloppe est pleine de ce genre de “petites images”, mais qu’il n’en veut pas, et il propose de vendre cette enveloppe au passant contre une certaine somme d’argent.
Dans cette arnaque, un second arnaqueur, qui fait équipe avec le premier, peut intervenir et faire semblant de vouloir acheter l’enveloppe, pour que le passant renchérisse et tombe dans le piège. Bien évidemment, une fois l’enveloppe achetée et l’arnaqueur disparu, le passant se rend compte que l’enveloppe ne contient pas de vrais billets.
Une alternative à cette arnaque existe, sans billets de banque mais avec un ticket de loterie supposément gagnant mais qui, en réalité, ne vaut rien. C’est la fraude au ticket de loterie ou “tocomocho”.
Comment ne pas tomber dans le panneau :
Ce type d’arnaques est bien connu. Vaut mieux ne pas se fier aux personnes qui réclament de l’argent, surtout si ce sont des inconnus.
L’arnaque à l’amour
Une autre escroquerie bien connue, et qui pourtant arrive toujours de nos jours. L’arnaque à l’amour ou “estafa del amor” consiste simplement à rencontrer un homme ou une femme et engager une relation, que ce soit en réalité ou via Internet. Après quelques jours ou quelques semaines de relation, l’être aimé (qui est en réalité l’arnaqueur) demande une somme d’argent à sa victime, en utilisant une raison quelconque, et disparaît ensuite avec le butin.
Comment ne pas tomber dans le panneau :
En général, il convient de se méfier des personnes qui réclament de l’argent alors qu’on les connaît peu ou mal, avertit l’avocat pénaliste.
L’usurpation d’identité
La “suplantación de identidad”, en espagnol, peut arriver dans une foule de situations différentes : lorsqu’on cherche un logement, on répond à une annonce d’emploi… L’arnaqueur se fait passer pour un propriétaire d’appartement, une agence immobilière ou encore un employeur, et demande à sa victime (par téléphone, par mail ou même physiquement) ses informations personnelles : nom, prénom, date et lieu de naissance, adresse, sa carte d’identité (ou au moins une photocopie), et parfois même ses données bancaires, avant de disparaître. Avec ces informations, et même sans les données bancaires, l’arnaqueur peut ouvrir des lignes téléphoniques, contracter des prêts, ou même faire des achats dont la victime recevra des factures ou sera débitée.
Comment ne pas tomber dans le panneau :
Ne pas confier ses données bancaires à quelqu’un ou à un site auquel on n’a pas confiance paraît presque évident ; mais les informations personnelles aussi ont leur valeur, et il convient de ne pas les donner facilement non plus. Lorsque quelqu’un réclame une quantité d’informations disproportionnée, alors que le supposé contrat de travail n’a pas encore été évoqué ou le logement pas encore visité, vaut mieux se méfier.
L’escroquerie professionnelle
La “simulación de profesión” ou escroquerie professionnelle est répandue, en France comme en Espagne. L’arnaqueur se fait passer pour un professionnel de la réparation, un électricien ou plombier par exemple. Il se rend chez sa victime, appelé via une annonce sur Internet par exemple, et examine ce qui ne fonctionne pas ou est endommagé. Il affirme ensuite qu’il lui faut acheter une pièce afin d’effectuer la réparation, réclame de l’argent à sa victime, sort pour acheter la pièce et ne revient pas.
Comment ne pas tomber dans le panneau :
Le mieux est de toujours faire appel à un professionnel de confiance, connu ou bien recommandé par des amis ou de la famille par exemple. De manière générale, il convient de ne pas payer avant que la réparation ne soit faite.
L’escroquerie à la fausse charité
Faire un don, c’est bien, mais mieux vaut que cela soit pour la bonne cause. Les escroqueries à la fausse charité ou “estafas de caridad” sont fréquentes. Les arnaqueurs abusent de la solidarité de leurs victimes, en leur faisant croire qu’ils collectent des fonds pour une cause charitable, alors qu’en réalité l’argent leur revient. Bien sûr, la prétendue association disparaît lorsqu’elle a reçu le don.
Comment ne pas tomber dans le panneau :
Marco Esteban conseille de toujours vérifier que les associations ou organisations réclamant des fonds existent bel et bien. Une simple recherche sur Internet suffit : si l’association n’a pas de site Internet, si elle n’est pas présente sur les réseaux sociaux, si aucun article de presse n’en parle, c’est qu’elle n’existe peut-être pas.
L’arnaque à la fausse bague en or
Un autre type d’escroquerie qui peut arriver à n’importe qui, dans les rues de Barcelone ou ailleurs : “la estafa del anillo”. L’arnaqueur accoste un passant, lui présentant un anneau d’or en apparence, et lui demandant s’il ne l’a pas fait tomber. Même si le passant refuse d’anneau, l’arnaqueur lui propose de le lui vendre, en argumentant qu’il s’agit d’or (ou autre matière ou pierre précieuse). Si le passant achète l’anneau, une fois l’arnaqueur disparu avec l’argent, il se rend compte que l’anneau n’a en réalité aucune valeur.
Comment ne pas tomber dans le panneau :
Il est toujours difficile d’évaluer la valeur de quelque chose quand on n’est pas professionnel ; vaut mieux ne pas prendre de risque, si on a un doute sur ce que l’on achète ou sur la fiabilité de son vendeur.
La fraude à la mule bancaire
Cette arnaque, appelée le “mulero bancario” en espagnol, est un type d’escroquerie qui implique sa victime elle-même dans l’arnaque. Les arnaqueurs postent une offre d’emploi, sur Internet par exemple. L’offre est idéale : seulement une heure ou deux de travail, depuis chez soi, et de l’argent versé le jour même à la clef. Il s’agit simplement pour la victime qui répond à l’offre d’emploi de recevoir une somme d’argent sur son propre compte bancaire, et de la renvoyer à un autre compte, en gardant un pourcentage de cette somme.
En réalité, les arnaqueurs ont d’abord subtilisé les informations bancaires d’une autre personne, et vident son compte en banque en faisant un virement à la deuxième victime, appelée “mule bancaire”. Celle-ci envoie alors cette somme aux arnaqueurs, et participe ainsi sans le savoir à l’escroquerie. Les arnaqueurs utilisent cette “mule bancaire” pour effacer leurs traces, car lorsque la première victime dénoncera l’escroquerie, la police remontera directement à la “mule bancaire” qui a reçu et transféré l’argent. Cette deuxième victime devra donc, au moins, reverser la somme totale d’argent qu’elle est donc elle-même accusée d’avoir volé.
Comment ne pas tomber dans le panneau :
En connaissant ce type d’escroquerie, il convient de ne pas se fier aux annonces d’emploi qui se basent sur des transactions bancaires, car on ne sait jamais d’où vient cet argent et où il va.
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