Le vaccin Hipra, issu d’une entreprise espagnole, montre des résultats préliminaires encourageants et même une plus grande efficacité que les vaccins Pfizer et Moderna, en tant que troisième dose.
Photo : Sindicato de Enfermeria Catalunya
Photos de l’article : Hipra
Alors que les yeux sont rivés sur les vaccins Pfizer et Moderna, l’Espagne travaille à la réalisation d’un vaccin encore plus efficace contre le Covid-19. Et c’est à Amer, en pleine campagne catalane, que l’entreprise pharmaceutique Hipra développe son produit si prometteur.
Si l’Espagne mise tout sur lui, c’est parce qu’il utilise une technique différente des vaccins existants aujourd’hui contre le coronavirus… et pourtant bien connue. Avant la pandémie, Hipra se dédiait essentiellement à la santé animale, et développait déjà des vaccins. Alors quand il a fallu trouver une solution face à la crise sanitaire, ses laboratoires se sont tournés vers la santé humaine.
“Les prérequis en termes de sécurité, d’hygiène ou encore de production sont les mêmes, ça a été le gros avantage d’Hipra”, explique Jorge Lloberas Cavero ; “il a juste fallu changer d’espèce !”. Professeur en Vaccins et technologies convergentes pour le master en immunologie avancée de l’Université de Barcelone, le scientifique a aussi travaillé avec Hipra.
“Les résultats ont été très bons”
La technique utilisée pour le vaccin espagnol est bien connue, dans le monde pharmaceutique : elle se base sur deux protéines recombinantes, au contraire de l’ARN messager de Pfizer et Moderna. “La technique avec des protéines est un retour dans le passé. C’est comme ça qu’ont été faits tous les vaccins, comme par exemple celui contre le tétanos”, rappelle Antonio Celada. “Ce n’est pas innovant, ce sont les vaccins à ARN messager qui le sont”, affirme le médecin spécialiste en immunologie, professeur en Régulation de la réponse immunitaire dans le master d’immunologie avancée de l’UB.
Mais cette « ancienne » technique présente de nombreux avantages, contre le Covid-19. D’un côté, elle pourrait bien se montrer plus efficace que ses concurrents, en termes de réponse immunitaire, car le vaccin contient des fragments d’une protéine issue des variants anglais et sud-africain (ou alfa et beta), non du tout premier variant chinois, ce qui permettrait donc de produire plus d’anticorps.
Pedro Sánchez, Premier ministre espagnol, en visite dans les laboratoires Hipra.
“Les résultats ont été très bons, avec une importante réponse immunitaire face au Covid-19, et le vaccin présente même de bons résultats face à Omicron”, affirmait la ministre espagnole de la Science et de l’innovation Diana Morant lors de la validation de la phase 3.
Pour Jorge Lloberas Cavero, ces résultats sont porteurs d’espoir : le vaccin Hipra pourrait jouer le rôle de 3ème dose, après un schéma vaccinal complet Pfizer ou Moderna. Et le fait que la technologie utilisée soit largement connue rassure, face aux tout nouveaux vaccins. “Les nouveautés font peur, mais pas les techniques classiques, car on sait déjà comment elles fonctionnent”, assure-t-il.
Un prix imbattable
Mais le vaccin Hipra comporte aussi d’autres atouts, dont son prix. La technologie utilisée pour sa production est bien moins chère que les vaccins Pfizer et Moderna, ce qui pourrait faciliter son utilisation massive, notamment dans les pays plus pauvres. En termes de logistique, le vaccin espagnol a également son argument : il se conserve entre 2 et 8 degrés, bien moins froid que Pfizer qui exige entre -60 et -90 degrés. Une température qui facilite grandement le transport.
Face à tant d’avantages, le vaccin Hipra pourrait-il remplacer les classiques Pfizer et Moderna ? Pour Antonio Celada, l’efficacité du vaccin est encore à certifier. “Il n’y a pas encore de résultats d’une vaccination massive pour le vérifier”. Pour l’instant, le vaccin Hipra se situe en pleine phase 3 des essais cliniques, avec des tests sur plus de 3000 volontaires dans 20 hôpitaux en Italie, au Portugal et en Espagne, dont l’Hospital Clínic et celui de Vall d’Hebron à Barcelone.
De plus, le vaccin espagnol reste pour le moment uniquement une 3ème dose après des injections de Pfizer ou Moderna, rappelle Jorge Lloberas Cavero, et il n’a pas encore été testé comme première dose.
Le vaccin espagnol, un espoir pour l’Europe
Mais ce nouveau vaccin reste un nouvel espoir, pour l’Europe, de sortir définitivement de la pandémie. “Tous les vaccins ayant prouvé leur efficacité, comme Hipra, sont un espoir de plus pour combattre le Covid-19 et revenir totalement à une vie normale”, généralise Antonio Celada. “Mais pour cela, il faudrait qu’une grande partie de la population mondiale se vaccine.”
Pour le moment, un pays, le Vietnam, a déjà commandé 50 millions de doses à Hipra. La multinationale pharmaceutique est en pleine production, et espère commercialiser ses doses durant le premier semestre 2022. Si les derniers essais sont concluants et qu’il est approuvé, le vaccin espagnol pourrait devenir le premier dédié aux doses de rappel en Europe.
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