Avec les sanctions économiques imposées à la Russie, la question de l’importance des investissements de ce pays se pose en Espagne. Et notamment dans la région préférée des Russes, la Catalogne.
Photo : El Español
Il existe en Espagne, et notamment en Catalogne, une image bien ancrée d’une forte présence russe à travers des investisseurs prépondérants sur le marché. Et pourtant, cette image semble assez éloignée de la réalité.
Les investissements russes sont assez faibles, de manière générale en Espagne. Ils représentaient avant la pandémie 245 millions d’euros, soit seulement 0,13 % des investissements étrangers directs en Espagne, selon le Ministère espagnol du Commerce. La Russie n’est que le 41ème pays qui investit le plus dans la Péninsule ibérique.
Après une lourde chute durant la pandémie, les investissements ont repris en atteignant 18 millions d’euros entre janvier et juin 2021, mais c’est bien moins qu’en 2019.
Les secteurs où investissent le plus les Russes en Espagne sont le logement comme les hôtels (27,9 %), le commerce (26,3 %), l’immobilier (20,8 %) et le bâtiment (20,8 %). Début 2021, les investissements étaient aussi importants dans le secteur du vin.
Photo : Food Retail
L’un des investisseurs russes en Espagne les plus connus est Mijail Fridman, qui possède depuis 2017 plus de 77 % du groupe Día, des magasins du même nom.
Mais tous les investisseurs russes n’ont pas autant de succès dans la Péninsule ibérique, comme l’a démontré l’expérience du groupe de supermarchés russes Mere, qui a ouvert puis fermé ses portes dans le pays en l’espace de moins d’un an. L’équivalent russe de « Lidl« , pas assez rentable, a définitivement baissé les rideaux de ses magasins dans la Communauté de Valence en février 2022.
Peu d’entreprises russes en Catalogne
La Catalogne, parmi toutes les régions d’Espagne, semble être l’une des plus proches de la Russie étant donné la présence plus forte de touristes russes. Mais cela ne signifie pas forcément une forte présence économique. Il n’y a pas de grandes compagnies russes en Catalogne, seulement plusieurs petites et moyennes entreprises, affirme la Chambre de commerce russe de Barcelone.
Selon l’entité, il s’agit précisément d’immigrés russes installés en Catalogne, qui sont donc “presque Espagnols”. Ces entreprises n’ont pas un monopole sur un secteur précis et touchent à tous les types de biens et services, explique la chambre de commerce.
Photo : Vicente Zambrano González/Ajuntament
“La valeur économique russe n’est pas si importante que cela en Catalogne”, enchérit Alexander Dmitrenko. Entrepreneur russe en Catalogne, il est également ambassadeur de la Chambre de commerce de Barcelone en Russie et consultant en ce qui concerne les investissements entre la Catalogne et son pays natal. Il explique que les entrepreneurs russes sont rares en Catalogne, en majorité car la mentalité est très différente. “Entreprendre en Russie et en Catalogne n’a rien à voir, et la mentalité russe n’est pas si persévérante. Il y a eu beaucoup d’échecs parmi les Russes qui ont essayé de développer une entreprise, ici, je dirais 90 % des cas.”
Les uniques entreprises de citoyens russes qui réussissent en Catalogne se tournent vers le secteur touristique, et notamment l’hôtellerie, note Alexander Dmitrenko ; les investissements privés sont plus importants. Et, comme dans le reste de l’Espagne, ils concernent surtout l’hôtellerie, l’immobilier, “tout ce qui touche à la pierre”, résume le consultant.
L’Espagne, pas si dépendante du marché russe
Si l’on regarde de l’autre côté, l’économie espagnole est peu dépendante de son marché en Russie. Les exportations espagnoles vers ce pays représentaient 2,2 milliards d’euros l’année dernière, c’est autant que vers le Danemark ou le Canada par exemple, note le pure-player ElDiario.es.
Même constat en Catalogne, où les exportations vers la Russie ne représentent que 0,8 % du total, selon le journal Ara.
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