Guerre en Ukraine : les forces et faiblesses de l’Espagne

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Le Premier ministre Pedro Sanchez entend faire peser l’Espagne dans le conflit face à la Russie. Voici les points faibles et forts du pays dans ce bras de fer. 

« L’attaque de la Russie aura des conséquences de grande portée » annonçait hier Pedro Sanchez au terme d’un Conseil de défense présidé par le Roi Felipe VI. L’Espagne, au sein de l’OTAN, pourra jouer un rôle plus au moins important.

Les points forts de l’Espagne

L’Espagne est un allié historique des Etats-Unis

L’Espagne est historiquement proche des Etats-Unis en raison de la relation nouée par le dictateur Franco. En 1945, le président américain Harry Truman refusa de faire chuter Franco comme le proposait le Premier ministre britannique Winston Churchill. Les Etats-Unis utilisèrent le régime espagnol pour faire barrage au communisme en pleine guerre froide. De son côté, le dictateur, boycotté par les démocraties occidentales, était ravi de traiter avec la première puissance mondiale.

Une relation qui s’est traduite dès 1953 par l’installation de bases militaires américaines sur le territoire espagnol. Des bases qui pour la plupart sont encore actives de nos jours. Par conséquent, le gouvernement espagnol collabore étroitement avec le ministère de la Défense américain.

L’Espagne collabore avec l’OTAN

Malgré un gouvernement composé des socialistes et de la gauche radicale de nature pacifiste, l’Espagne a envoyé une frégate en Mer noire et quatre avions bombardiers en Bulgarie et maintient des soldats en Lettonie et en Roumanie. L’Espagne collabore avec l’OTAN via 800 hommes déployés dans l’Europe de l’Est.

Une autonomie énergétique

L’Espagne est l’un des pays européens les moins dépendants de la Russie pour ses besoins en énergie. Le gaz utilisé par la péninsule provient d’ailleurs actuellement en grande partie de l’Algérie, et le pays peut facilement moduler les volumes de ses différents fournisseurs.

Un point géographique stratégique

En plus de ses terminaux méthaniers, l’Espagne possède une importante flotte de navires équipés de citernes servant à transporter du gaz naturel liquéfié. Avec le gaz algérien et les terminaux méthaniers, c’est un triptyque qui permet à l’Espagne de jouer un rôle central dans la distribution du gaz si une crise d’approvisionnement devait surgir dans toute l’Europe en raison de l’offensive militaire russe. Le port de Barcelone deviendrait alors un point stratégique de l’OTAN.

Les points faibles de l’Espagne 

Une majorité parlementaire fragile

Le Premier ministre socialiste gouverne le pays sans majorité. Flanqué d’une coalition gouvernementale avec des ministres néo-communistes de Podemos, le pays, sur la scène internationale, peut manquer de crédibilité politique.

Encore plus grave, la coalition gouvernementale n’a pas de majorité parlementaire. Pour voter une action militaire, le gouvernement devrait s’appuyer sur ses alliés habituels : les indépendantistes catalans, les régionalistes basques et les minorités provinciales. Un conglomérat de mouvements politiques pacifistes qui n’appuieront pas de plans belliqueux. Pedro Sanchez pourrait aussi tenter de s’appuyer sur l’opposition de droite. Problème : il n’y a plus de chef à droite, depuis que le Partido Popular a implosé cette semaine dans une crise interne.

Un pays fracturé

L’Espagne est également connue pour sa fracture territoriale. Pedro Sanchez doit composer avec la Catalogne qui a tenté de devenir un territoire indépendant en 2017. De plus, le clan Puigdemont était relativement proche de Poutine et la Russie. Il est à noter que le président de la gauche indépendantiste modérée au pouvoir a immédiatement condamné la Russie et apporté son soutien à l’Urkraine. La tentation russe de l’indépendantisme catalan semble apaisée.

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