3 131 kilomètres séparent Kiev de Barcelone. Malgré la distance, la guerre ukrainienne va avoir des conséquences en Catalogne et en Espagne. Madrid est l’épicentre politique de la gestion de la crise tandis que Barcelone est géographiquement stratégique avec son port maritime.
Ce n’est pas un hasard si en début de semaine Kadri Simson, commissaire européen en charge de l’énergie, s’est déplacé à Madrid pour s’entretenir avec le gouvernement espagnol. L’Espagne compte sept terminaux méthaniers qui permettent de regazifier le gaz naturel à l’arrivée dans les ports, dont le plus important celui de Barcelone. Des équipements qui lui permettent de changer rapidement de fournisseurs sans que la distribution nationale soit affectée.
L’Espagne est donc l’un des pays européens les moins dépendants de la Russie pour ses besoins en énergie. Le gaz utilisé par la péninsule provient d’ailleurs actuellement en grande partie de l’Algérie. Un pays, pour le moins instable politiquement et diplomatiquement que Madrid s’emploie à ne pas froisser.
Le port de Barcelone : point stratégique de l’OTAN
En plus de ses terminaux méthaniers, l’Espagne possède une importante flotte de navires équipés de citernes servant à transporter du gaz naturel liquéfié. Avec le gaz algérien et les terminaux méthaniers, c’est un triptyque qui permet à l’Espagne de jouer un rôle central dans la distribution du gaz si une crise d’approvisionnement devait surgir dans toute l’Europe en raison de l’offensive militaire russe. Le port de Barcelone deviendrait alors un point stratégique de l’OTAN.
La question intéresse particulièrement Olaf Scholz. Le chancelier allemand a pris langue cette semaine avec son homologue espagnol Pedro Sanchez pour évoquer les détails techniques d’une telle opération. Le réseau de distribution espagnol n’est pas incompatible avec le transport de l’hydrogène vert qui est vu comme une solution d’avenir par une partie de l’Europe.
La relative autonomie énergétique de l’Espagne est aussi une bonne nouvelle pour ses habitants. La crainte d’une explosion du prix du gaz pour les particuliers en cas de conflit armé devrait être quasiment nulle dans la péninsule ibérique, contrairement au reste de l’Europe.