Le bleu du ciel et de la Méditerranée, les oliviers et les palmiers espagnols ont de quoi rendre heureux… Mais trouve-t-on plus facilement le bonheur en Espagne qu’en France ?
La belle vie, sans amour, sans souci, sans problème… Les Français semblent connaître la chanson et ses conseils pour être heureux. Mais la vie est-elle plus belle sous le soleil d’Espagne ? Il n’est jamais facile de “mesurer” le bonheur d’une population, mais il existe quelques pistes pour savoir qui des Espagnols ou des Français sont les plus heureux.
Selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), la vie est meilleure en France qu’en Espagne… mais à peu de chose près. Les Français estiment à 6,5 sur 10 leur bonheur, alors que les Espagnols à 6,3. Dans le classement des pays où il fait bon vivre, la France se place juste devant l’Espagne, sur base de 11 critères différents dont la santé, l’éducation, l’accès au logement, la sécurité, la balance travail-vie personnelle et la satisfaction générale de la population.
La France, devant l’Espagne…
Les raisons pour lesquelles la Péninsule ibérique est “recalée” sont surtout l’éducation et l’emploi, qui ont un impact direct sur le revenu. Les Français ont un revenu supérieur et plus de pouvoir d’achat que les Espagnols, de 20 662 € par habitant en 2021 contre 14 709 € en Espagne (étude sur le pouvoir d’achat en Europe de Growth from Knowledge).
Ce chiffre en France est notamment lié au fait que la population est plus nombreuse à faire des études secondaires et supérieures, et le taux de chômage est moindre.
Les Français seraient donc (légèrement) plus heureux que les Espagnols, et une deuxième étude l’affirme. Le Rapport du Bonheur dans le monde place la France à la 20ème position des pays les plus heureux (sur 95), et l’Espagne, 24ème. Les critères sont néanmoins différents de l’OCDE, puisque ce rapport prend en compte le PIB et l’espérance de vie, mais aussi la générosité, le soutien social, la liberté ou encore la corruption dans chaque pays.
Mais tout le monde n’est pas unanime, et il arrive que la France ne se retrouve pas forcément devant l’Espagne dans les classements.
…ou derrière
La vie pourrait bien être plus facile en Espagne, et c’est un organisme de l’ONU qui le dit. L’Indice de développement humain estime la qualité de vie des populations, et prend en compte de nombreux critères : l’espérance de vie à la naissance, l’accès à l’alimentation, à l’hygiène et au logement, mais aussi la durée de scolarisation, le revenu par habitant brut et en parité de pouvoir d’achat… Bref, une évaluation complète sur laquelle reposent de nombreuses autres études.
Et ici, c’est l’Espagne qui devance tout juste la France, en 25ème et 26ème positions dans le monde en 2019. Leurs scores sont, encore une fois, très proches : 0,904 pour l’Espagne et 0,901 pour la France. Une preuve que des deux côtés, on vit bien mieux que dans le reste du monde, étant donné que plus le chiffre est proche de 1, plus la qualité de vie est excellente.
Un dernier aspect n’a pas été évoqué, et qui pourtant est très représentatif de la qualité de vie et du bonheur des habitants : le taux de suicide. Et ici aussi, l’Espagne fait mieux que sa voisine. On compte 8,31 suicides pour 100 000 habitants en Espagne, contre 13,2 en France, ce qui en fait l’un des taux les plus élevés d’Europe, selon la Mutualité française (2020).
« L’aptitude au bonheur » des Espagnols
Comment départager, alors, les deux pays ? Sont-ils aussi similaires que ne le laissent penser les chiffres ?
Pour la psychothérapeute Agathe Fourgnaud, il est bien possible que les Espagnols soient plus heureux que les Français. C’est en tout cas la tendance que la Française remarque, à Barcelone. Selon elle, les locaux ont en tout cas une “aptitude au bonheur” et à profiter de la vie d’une manière différente. Et cela passe notamment par la communication.
“Les Espagnols parlent beaucoup entre eux, ils sont moins tournés vers l’introspection. Il y a une réelle habitude de communication, sur les thèmes du quotidien. Ils sont plus pragmatiques et vont plus de l’avant, alors que les Français ont un esprit plus critique et voient plutôt le verre à moitié vide”, explique la psychothérapeute. De manière générale, les Espagnols semblent très collectifs, notamment à l’école, alors que la France prône un côté plus individualiste.
Une autre clé du bonheur qui différencie les deux nationalités : les liens entre les générations. Car pour Agathe Fourgnaud, celui-ci est beaucoup plus fort au sud des Pyrénées, que ce soit envers les jeunes ou les personnes âgées. “Le regard que porte une société sur ses jeunes est très important. En Espagne, on est moins inquiet vis-à-vis de l’avenir, on voit vraiment les jeunes comme le futur, la modernité, contrairement à la France.”
Le soleil, un « antidote » à la déprime ?
Dernier argument : le soleil. “L’ensoleillement fait voir la vie d’une autre manière”, reconnaît la psychothérapeute, et son effet est lié à l’humeur. Les jours sont beaucoup plus ensoleillés en Espagne qu’en France (plus du double de jours d’ensoleillement), et si l’on s’y expose plus, le corps produit naturellement de la sérotonine, qui n’est autre que “l’hormone du bonheur”. Certains antidépresseurs ont notamment pour fonction d’augmenter le taux de cette hormone dans le cerveau. C’est aussi l’explication de la “dépression saisonnière”, cette baisse de moral fréquente en automne lorsque les jours se raccourcissent.
Si l’on compile tous les facteurs, il est difficile de dire où les habitants sont les plus heureux. La France et l’Espagne sont deux pays au final très similaires, où il fait bon vivre (si l’on compare au reste du monde), et une preuve est que les expatriations vers les deux pays sont nombreuses. Pour le reste, aux Espagnols et aux Français de déterminer qui est le plus heureux.
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