Plus rien de va plus au Partido Popular. La nouvelle égérie de la droite espagnole, Isabel Diaz Ayuso, se trouve au cœur d’un scandale et d’une sanglante lutte de pouvoir. Décryptage.
La crise de la droite espagnole en 5 actes :
1. Isabel Diaz Ayuso , présidente de la région de Madrid (que l’on peut comparer à la région Ile-de-France), est la personnalité de droite la plus populaire dans le pays, de la droite parlementaire du PP jusqu’à la droite dure de Vox. Avec une politique fiscale très libérale, un questionnement des politiques sanitaires liées aux restrictions du Covid-19 et un discours très identitaire, Ayuso réussit à capter l’électorat allant du centre-droit de son propre parti (Partido Popular) jusqu’à l’extrême-droite de Vox.
2. Pablo Casado est le président du Partido Popular, chef de l’opposition et potentiel futur Premier ministre en cas de victoire de la droite. Ni ministre, ni président de région, Pablo Casado manque de poids politique. Depuis sa victoire à Madrid et avec une insolente cote de popularité, Isabel Diaz Ayuso, en interne, a lancé une guerre plus ou moins larvée pour contester la légitimité de Pablo Casado à diriger le premier parti de l’opposition.
3. Une note des services gouvernementaux (aux mains des socialistes) a informé le Partido Popular que durant le premier confinement, Isabel Diaz Ayuso a octroyé un contrat de fabrication de masques FFP2 à son frère, commercial dans une entreprise du secteur. Ce dernier a empoché une commission de 280.000 euros. Depuis août, au secret de tous, la direction du PP a demandé des comptes à Ayuso concernant cette commission.
4. Jeudi 17 février, c’est la propre Ayuso qui a rendu l’affaire publique, estimant qu’elle subit des pressions de Pablo Casado et accusant le leader du PP d’avoir engagé une agence de détectives privés pour enquêter sur l’affaire.
5. Pablo Casado nie avoir fait appel à des détectives, mais estime que l’affaire Ayuso peut finir devant la justice pour corruption et demande des explications à la présidente de Madrid. En outre, Ayuso a reçu un avertissement officiel pour avoir publiquement accusé Casado de l’espionner.
Epilogue :
Il n’y a pas de marche arrière dans cette fracture au sein du Partido Popular, Isabel Ayuso et Pablo Casado ne peuvent plus cohabiter sous le toit du même mouvement.
Deux fins alternatives possibles : Ayuso, grâce à sa popularité arrive à prendre la tête du parti et éjecte son président ; ou elle finit elle-même expulsée du PP et pourrait créer un nouveau parti de droite dure regroupant une partie du PP et une large part de l’extrême droite de Vox.