Entre 10 et 20% du gaz importé par l’Espagne vient de Russie. Quelles conséquences pourrait avoir un éventuel conflit en Ukraine sur la facture d’électricité et plus généralement sur l’économie espagnole ? Eléments de réponse.
En cas de conflit, « l’Espagne est dans une meilleure situation que les autres pays européens », assure Jorge Fabra Utray, président de l’association Economistas Frente a la Crisis (Economistes Face à la Crise). Pour se fournir en gaz, la péninsule ibérique compte presque exclusivement sur ses importations. Mais cette dépendance est aussi une force quand l’un des fournisseurs manque à l’appel. « L’Espagne a une forte capacité de diversification de ses importations en gaz et la part de la Russie est assez basse, puisqu’au moins 80% du gaz provient d’autres fournisseurs qui peuvent augmenter leur production si besoin » poursuit l’économiste, ajoutant que le premier partenaire reste l’Algérie (44% des importations en 2021). « Cette flexibilité nous sauve », confirme le chercheur Gonzalo Escribano.
Les stratégies énergétiques de l’Espagne lui ont aussi permis de disposer aujourd’hui de la plus grande flotte de méthaniers d’Europe (navires équipés de citernes servant à transporter du gaz naturel liquéfié) ainsi que de puissants et nombreux terminaux méthaniers (qui permettent de regazifier le gaz naturel à l’arrivée dans les ports). Des équipements qui lui permettraient de changer rapidement de fournisseurs sans que la distribution nationale soit affectée. Les économistes sont donc unanimes : l’Espagne est l’une des économies européennes les moins dépendantes de la Russie pour ses besoins en énergie.
Les céréales et l’argile, importés d’Ukraine
Un conflit pourrait en revanche faire grimper le prix de certains produits alimentaires. Selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), la Russie et l’Ukraine fournissent un tiers des exportations mondiales de blé et sont d’importants acteurs sur le marché du maïs et de l’orge. Si la dépendance de l’Espagne est également assez faible sur ces secteurs, une crise mondiale pourrait tout de même l’affecter sur le moyen terme.
Enfin le secteur du carrelage serait sans doute le plus touché. « Si la Russie envahit l’Ukraine, que Dieu nous trouve confessés » déclarait fin janvier le président de l’association des fabricants de carrelage (Ascer) Vicente Nomdedeu. Comprendre « on est morts ». L’Ukraine est le principal fournisseur d’argile de l’Espagne, assurant 85% des importations dans le pays. Mais une paralysie des importations n’entraînerait pas tout de suite une paralysie du secteur. Les fabricants indiquent pouvoir compter sur de bonnes réserves avant de devoir mettre leurs usines à l’arrêt.
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