La Rambla de Barcelone est devenue une véritable attraction touristique, et pourtant peu de gens connaissent son histoire et comment elle a évolué. Retour dans le passé avec Equinox.
La Rambla est presque le fleuve de Barcelone. Il sépare en deux la vieille ville, descendant vers la mer, et y coule un flot de touristes qu’il est parfois difficile de traverser. Mais la Rambla n’a pas toujours eu le même visage. Equinox plonge dans l’histoire de la rue la plus connue de Catalogne.
On le sait, la ville de Barcelone est née des Romains. Mais notre Rambla existait avant, sous une autre forme que celle qu’on connaît aujourd’hui. Historiquement, c’était le passage d’un torrent qui se remplissait quand il pleuvait ; c’est d’ailleurs ce que signifie le mot “rambla” en espagnol, d’où son nom.
Le torrent de la Rambla
La Rambla en tant que rue serait apparue, selon les chroniques historiques, en 1440, lorsque le cours du torrent est aménagé en zone de sport. L’endroit devient rapidement un lieu apprécié par les habitants, notamment parce que le passage très large permettait d’y circuler sans problème et sans déranger les charrettes. Mais pour l’instant, la Rambla est surtout bordée de cabanes, d’étals de marchands et de potagers.
Carte : 1750. Province de Barcelone
À partir du XVIème siècle, des couvents s’installent de part et d’autre de la Rambla, lui donnant un air un peu plus urbain. Sur cette carte de 1750, la muraille de Barcelone longe la Rambla.
Photo : 1910-1920. Brangulí, Archives nationales de Catalogne
Mais en 1778, un premier bâtiment encore emblématique de cette rue fait son apparition : le Palau de la Virreina ou « palais de la vice-reine », construit par le vice-roi du Pérou et où séjourne son épouse lorsqu’elle devient veuve… d’où son nom.
Un paysage plus urbain
Une date changera l’histoire de la Rambla, ou plutôt une nuit : celle de la Sant Joan, du 23 au 24 juin 1835, durant laquelle les Barcelonais mécontents (à cause d’une corrida décevante) manifestent sur la Rambla et saccagent plusieurs couvents.
Cet événement marquant précipite la saisie des couvents de la ville par les autorités, qui utiliseront l’espace pour moderniser et urbaniser la ville. La Rambla telle qu’on la connaît aujourd’hui date donc de la moitié du XIXème siècle.
Parmi les changements majeurs, la construction du très apprécié marché de Sant Josep, sur les ruines du couvent du même nom, en 1836. On le surnomme d’ailleurs « Boqueria », car on y vend notamment de la viande de bouc (« boc », en catalan).
Photo : 1874. AFB Joan Martí
Naît aussi la belle et agréable Plaça Reial, en 1848, sur l’ancien couvent des Capucins (d’où le nom de la rambla sur laquelle elle se trouve).
Photo : 1923-1928. Wolfgang Weber
Un autre emblème de la Rambla est créé durant la même période : la fontaine (« font ») de Canaletes, dont on dit que qui en boit l’eau reviendra à Barcelone !
Le visage actuel de la Rambla
C’est durant la période de la seconde moitié du XIXème siècle que naissent, en fait, tous les symboles qui permettent aujourd’hui encore d’identifier la Rambla de Barcelone. On peut dire que la Rambla naît véritablement à ce moment.
Photo : 1915 1920. Brangulí, Archives nationales de Catalogne
Le mythique Liceu, emblématique de la rue encore de nos jours, voit le jour en 1844. Ici encore, il prend la place d’un ancien couvent, celui des Trinitaris.
Photo : 1920 1929.Brangulí, Archives nationales de Catalogne
Et qui n’a jamais acheté des fleurs ou des plantes sur la Rambla ? C’est aussi à ce moment-là que font leur apparition les premières échoppes de fleurs. Pendant longtemps, la Rambla reste le seul endroit où l’on peut en acheter à Barcelone… ce qui finit par renommer cette rue elle-même, la Rambla de les Flors.
Photo : construction, 1883. Narcís Nobas Ballbé, Archives nationales de Catalogne
Au bout de la Rambla, près du port, s’élève en 1886 le monument à Christophe Colomb, qui pointe toujours son doigt vers la mer aujourd’hui. C’est d’ailleurs le plus haut monument du monde dédié au navigateur.
Après un terrible incendie en 1861, le Liceu est encore le décor d’un drame : un attentat à la bombe, au beau milieu de la salle de spectacle, fait 20 mots, en 1893.
Photo : 1924 1926. Brangulí, Archives nationales de Catalogne
L’arrivée du métro à Barcelone, avec l’ouverture de la première ligne en 1924, en fait une ville moderne d’Europe. La Rambla est désormais plus facile d’accès, après des travaux qui l’ont éventrée pendant des mois.
Théâtre de drames
Photo : 1932. Brangulí, Archives nationales de Catalogne
Un autre incendie se déclare en 1932, dans le grand magasin « El Siglo » de la Rambla, très populaire à l’époque.
Photo : 1934. Bert i Claret, Archives nationales de Catalogne
Le 29 septembre 1934, un accident survient, mais d’un tout autre genre : un avion militaire s’écrase sur la Rambla de Santa Mònica, attirant de nombreux curieux.
Photo : 1936-1938, Josep María Pérez Molinos. Archives nationales de Catalogne
Entre 1936 et 1939, la guerre civile déchire l’Espagne et la Rambla applaudit le passage de troupes républicaines, qui s’en vont se battre contre Franco. En 1936, l’église de Betléem, sur la Rambla, est incendiée et détruite.
Photo : 1936. Brangulí, Archives nationales de Catalogne
Cadeau de la Rambla
En 1971, la Rambla connaît un dernier événement en son coeur et qui la marquera durablement : le célèbre artiste Joan Miró lui fait cadeau d’une mosaïque, el Pla de l’Os, toujours visible aujourd’hui !
Photo : Ajuntament
Aujourd’hui, la Rambla que nous connaissons garde des marques indélébiles de son passé, tout comme cette rue mythique a marqué à jamais la ville de Barcelone.
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