Des Pakistanais surexploités, dans des supermarchés Condis à Barcelone

Condis à Barcelone

La police nationale a démantelé un réseau d’exploitation de Pakistanais, dans des franchises Condis à Barcelone. Une situation qui est loin d’être isolée, pour les immigrés en Espagne.

Photo : EuropaPress

C’est toute une organisation d’exploitation de Pakistanais qui a été démantelée, en juin dernier, par la police nationale en collaboration avec l’Inspection du travail de Catalogne. Lors d’une opération, les autorités ont découvert 86 travailleurs en état de demi-esclavage ; la moitié n’avaient pas de papiers, et parmi eux se trouvaient des mineurs.

Les travailleurs, en majorité pakistanais, étaient exploités dans 14 supermarchés et deux entrepôts, tous sous la franchise Condis à Barcelone, et dont les propriétaires sont eux aussi pakistanais.

Des conditions de demi-esclavage

À l’origine de cette opération de grande ampleur, le visionnage de caméras de vidéosurveillance par la police et une simple inspection dans un supermarché de Granollers, en novembre 2020. Mais ce que les autorités y ont découvert était extrêmement alarmant.

Photo : Condis

« Tous les travailleurs, d’origine pakistanaise, étaient en situation irrégulière. Ils travaillaient tous les jours de la semaine, entre 14 et 16 heures par jour, mais eux-mêmes ne comprenaient pas qu’il s’agissait d’exploitation. Ils vivaient en demi-esclavage avec la promesse que le chef, lui aussi pakistanais, régulariserait leurs papiers », explique l’inspecteur de la Police nationale José Peiró à El País.

« Plus de 15 travailleurs dormaient dans un local de 30 mètres carrés », ajoute Carmen González, inspectrice de l’Unité centrale des réseaux d’immigration illégale et faux papiers de la police nationale. « On leur prenait leur passeport en leur faisant de fausses promesses, on leur disait qu’ils devaient travailler gratuitement parce qu’ils avaient des dettes. Au bout de deux ans, le chef, avec une excuse quelconque, augmentait la dette ».

Des cas loin d’être isolés

Et selon la police nationale, il ne s’agit pas de cas isolés ; de nombreux immigrés en situation irrégulière sont toujours surexploités, dans des supermarchés et entrepôts de Barcelone. « Ils travaillent tous les jours sans repos et, dans le meilleur des cas, pour des salaires bien inférieurs au salaire minimum interprofessionnel », affirme l’inspecteur de la police.

Photo : Condis

Mais pour les immigrés pakistanais, travailler dans un supermarché tenu par un compatriote est la solution de facilité lorsqu’ils arrivent en Espagne, explique Beta Güell, chercheure sur les migrations du Centre international barcelonais pour les affaires (Cidob) à El País. Les immigrés sont aidés alors qu’ils parlent pas espagnol, on leur promet de faire leur padrón, leur carte sanitaire, on leur prête de l’argent… Mais en échange, ces derniers doivent payer en travaillant dans des conditions déplorables.

Les supermarchés Condis à Barcelone toujours ouverts

L’entreprise Condis à Barcelone a affirmé qu’elle obligeait à ses franchises de régulariser la situation de ses employés, selon El Economista.

5 personnes appartenant à l’organisation ont été arrêtées par la police et les propriétaires des franchises, également pakistanais, se sont vus imposer une amende de 729 370 €. En revanche, aucun des supermarchés n’a été fermé.

La police nationale met à disposition de conseils afin de détecter les cas de traite d’êtres humains ici, et n’importe quel citoyen peut dénoncer un cas d’exploitation en ligne ici.

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