On ne peut pas rater les perruches à Barcelone, qui semblent avoir colonisé la ville. Mais tout le monde ne sait pas d’où elles viennent réellement ni comment elles sont arrivées.
On les entend de loin. Les perruches vertes sont omniprésentes à Barcelone. Elles volent en groupe, poussent des cris facilement reconnaissables (on ne peut pas dire que ça soit un chant mélodieux) et construisent des nids collectifs immenses dans les arbres de la ville.
Il existe plusieurs théories pour expliquer d’où elles viennent : ramenées clandestinement, échappées d’un zoo, relâchées par leurs maîtres, arrivées d’Amérique pour coloniser l’Espagne… Mais voici leur véritable origine.
Des immigrées américaines
La perruche que l’on croise tous les jours à Barcelone est originaire de la partie est de l’Amérique du Sud, de son petit nom « perriche veuve », « conure veuve » ou encore « perruche moine » (mais perruche verte, tout le monde comprend).
Ces oiseaux ont été aperçus pour la première fois en liberté à Barcelone en 1975. Mais alors, comment sont-elles arrivées jusqu’ici ?
Photo : Ajuntament
Jordi Prieto, ornithologue à la délégation de la Société espagnole d’ornithologie de Catalogne, explique qu’elles ont été ramenées par l’Homme : « Elles se sont échappées d’un endroit privé pour s’installer librement dans la capitale catalane, ça peut être de chez un particulier ou un autre lieu inconnu ».
Les perruches à Barcelone, mauvais animaux de compagnie
Mais ce ne sont pas des immigrées clandestines : elles sont arrivées légalement en Espagne, à travers le commerce légal d’espèces exotiques. Les perruches vertes étaient vendues dans les années 1970 et 1980 comme des animaux de compagnie. Elles étaient même très populaires : c’est la deuxième espèce de perruche la plus importée en Espagne, entre 1986 et 2018. Seulement une petite partie d’entre elles était destinée à des zoos ou à la recherche scientifique.
Mais la perruche verte n’est pas du genre à se laisser faire. Par ailleurs, les individus capturés dans la nature s’accoutumaient très mal à la vie en cage et il n’était pas rare qu’ils s’échappent.
Photo : Museu ciencies naturals Barcelona
L’importation de ces oiseaux a été interdite par l’Union européenne en 2005, avec la grippe aviaire (une fermeture des frontières pour motif d’épidémie, en somme), avant que le commerce et la possession des perruches vertes ne soit totalement prohibé en Espagne en 2011.
Mais les volatiles étaient déjà nombreux sur le territoire. Au moins 190 000 individus sont entrés en Espagne légalement, entre 1986 et 2005, ce qui laisse supposer qu’elles pourraient en réalité avoir été bien plus nombreuses avec le commerce illégal.
Les perruches vertes de Barcelone se sont donc très certainement échappées de leur cage chez des particuliers, ou bien ont été relâchées volontairement par leurs maîtres, et ne viennent donc pas du zoo de Barcelone (où d’ailleurs il n’y a jamais eu de perruche verte).
Photo : Vicente Zambrano/Ajuntament
Aujourd’hui, elles continuent à se multiplier dans la capitale catalane, où on estime leur population à environ 8000 individus. Non seulement elles s’y sentent très bien et apprécient le climat (Barcelone n’attire pas que des touristes), mais elles se reproduisent aussi beaucoup et sont très résistantes. De plus, elles n’ont presque aucun prédateur naturel, contrairement à l’Amérique du Sud, selon la mairie.
Mais elles ne sont pas présentes que dans la capitale catalane : il en existe des colonies implantées ailleurs en Espagne (Valence, Madrid, Andalousie), dans le sud de la France (Montpellier, Marseille, Toulon), en Grèce et même dans certains parcs de Bruxelles, en Belgique.
Un fléau, à Barcelone ?
Même si elles sont très mignonnes, les perruches vertes sont considérées à Barcelone comme une espèce exotique invasive. Elle représente même « une menace pour la diversité biologique autochtone », c’est-à-dire pour les autres animaux et les plantes de Barcelone, selon la mairie.
« La prolifération des espèces exotiques invasives constitue un grave problème global qui est devenu la deuxième cause d’extinction des espèces, après la destruction des habitats naturels », alarme Beatriz Sanchez, responsable de Biodiversité urbaine de la Société espagnole d’ornithologie.
Photo : Ajuntament
Pour l’instant, la mairie se limite à retirer certains nids qui pourraient s’effondrer sur la voie publique, par exemple, en suivant un protocole strict. Ces nids, constitués de brindilles et de branchages, peuvent peser jusqu’à 200 kilos et mesurer plus de 2 mètres de diamètre.
D’autre part, de la même manière que d’autres oiseaux de Barcelone (comme les pigeons), les perruches vertes peuvent être porteuses de maladies infectieuses.
Actuellement, la population de perruches vertes est très surveillée à Barcelone, notamment par l’Agence de santé publique de la ville et par le Musée des sciences naturelles.
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L’info en plus
La mairie conseille aux habitants et touristes de Barcelone de ne pas donner de nourriture aux oiseaux sauvages, comme aux perruches vertes, pour ne pas encourager leur prolifération notamment.