Le froid hivernal est plus propice aux pics de pollution, notamment aux particules et au dioxyde d’azote ; mais ce n’est pas la seule saison « polluée », à Barcelone.
L’hiver arrive à Barcelone, et avec lui, des épisodes de pollution de l’air plus fréquents. Même si on peut avoir la sensation que l’air froid est moins chargé en pollution, ce n’est qu’une impression : parmi toutes les saisons, c’est en hiver que les particules et le dioxyde d’azote sont les plus présentes. Et ce n’est pas anodin : en grandes concentrations, ces substances sont nocives pour l’environnement comme pour la santé humaine.
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Le dioxyde d’azote (NO2) est reconnu comme compliquant la respiration, en particulier des personnes souffrant d’asthme. Les particules fines présentent aussi des risques pour la respiration humaine, mais également cardiovasculaires. Ces substances sont essentiellement produites par l’Homme, et en particulier par le trafic routier, l’industrie et le chauffage.
L’hiver, l’une des saisons de la pollution à Barcelone
Si l’air de Barcelone est plus souvent contaminé par ce type de substances polluantes en hiver, c’est principalement à cause de la météo. L’air froid étant plus dense que l’air chaud, il ne monte pas et stagne à la hauteur des villes.
Mais ce n’est pas la seule raison. « En hiver, il y a des situations météorologiques qui donnent lieu à des concentrations élevées de polluants », affirme Mireia Udina, météorologue à l’Université de Barcelone. « C’est le cas lorsqu’il y a un anticyclone : la pression est faible, l’air stagne, il y a moins de ventilation et donc les polluants se dispersent moins et s’accumulent. »
Un autre phénomène peut aussi amplifier la pollution de l’air: l’inversion thermique. « C’est comme s’il y avait un couvercle au-dessus de la ville, qui ne laisserait pas l’air s’échapper. Les pires épisodes de pollution atmosphérique sont toujours liés à ce phénomène. À Barcelone, cela peut arriver en hiver », spécifie la météorologue, qui enseigne aussi sur le thème de la pollution atmosphérique.
Un été pollué, mais pas de la même manière
Si l’hiver est propice à la présence importante de certaines substances, l’été n’est pas pour autant une saison moins polluée. Le soleil joue aussi un rôle déterminant dans la pollution de l’air : il participe à la formation d’ozone.
« Comme il y a plus de radiation solaire en été qu’en hiver, c’est une saison plus propice à la formation d’ozone », explique Xavier Querol, spécialiste de la pollution atmosphérique, professeur et chercheur à l’Institut de contrôle environnemental et recherches sur l’eau (IDAEA-CSIC) à Barcelone.
Et ici encore, pas de surprise : l’ozone est une molécule dangereuse pour la respiration humaine, affirme Mireia Udina. « Et à Barcelone, l’ozone se forme tous les jours en été à cause de la différence de température entre terre et mer. »
En plus du problème de l’ozone, l’été apporte aussi avec lui d’autres agents propices à une importante pollution atmosphérique, comme « des masses d’air chaudes venant d’Afrique, qui transportent avec elles de la poussière et des particules ».
Pour faire simple, l’été est aussi une saison « polluée », mais pas de la même manière que l’hiver.
En somme, les saisons les moins propices aux pics de pollution de l’air sont le printemps et l’automne, à Barcelone. « Ce sont des périodes de transition », spécifie la météorologue ; « il y a une tendance à moins d’anticyclones, moins d’air froid, moins d’inversions thermiques… mais bien sûr, des épisodes de pollution atmosphérique restent toujours possibles ».
Barcelone, moins propice à la pollution
Heureusement pour la capitale catalane, les spécialistes rassurent : Barcelone jouit d’un climat moins favorable à la pollution atmosphérique que Madrid ou Paris, par exemple. La raison ? Son climat méditerranéen : les brises marines aident à la dispersion des substances polluantes dans l’air.
Concentration de dioxyde d’azote dans l’air, le 11 novembre 2020 à 13 h. Carte Ventusky
« À Madrid, le climat est continental, il y a beaucoup d’anticyclones en hiver », note Xavier Querol. « Ce n’est pas tant le cas à Barcelone, grâce à la brise marine qui refroidit la ville, la couche de pollution ne grandit pas autant qu’à Madrid par exemple. »
Même si le climat de Barcelone permet à la ville de profiter d’un air un peu moins pollué que Madrid par exemple, il faut rappeler que la pollution atmosphérique ne dépend pas seulement de la météo. Les taux élevés de polluants dans l’air sont bien souvent d’origine humaine : chauffage, trafic routier, industrie…
Photo : Curro Palacios/Ajuntament
C’est donc tous les jours qu’il faut agir pour limiter la pollution atmosphérique, rappellent les spécialistes. « En cas de pic, il faut arrêter de produire les substances polluantes, comme éviter d’utiliser la voiture par exemple », insiste Mireia Udina.
L’info en plus
En cas de pic de pollution, Xavier Querol, spécialiste de la pollution atmosphérique, conseille de « ne pas faire d’effort physique, ne pas courir ou faire du sport à côté de routes où il y a beaucoup de circulation ».
Si certains experts affirment qu’il vaut mieux rester chez soi et éviter de sortir, Xavier Querol rappelle que l’air intérieur n’est pas forcément sain pour la santé humaine : « l’ozone s’infiltre aussi dans les maisons et peut même réagir avec d’autres substances polluantes à l’intérieur ». Le mieux, c’est donc de limiter l’effort physique et agir tous les jours pour éviter ces pics de pollution.
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