Ce sont les deux cimetières de Barcelone principaux. Poblenou et Montjuic abritent des merveilles architecturales et artistiques. Visite guidée.
Le cimetière de Montjuic
Inauguré à la fin du XIXe siècle pour soulager les cimetières du centre-ville, le cimetière de Montjuic est un endroit paisible, aux escaliers pavés et ruelles ombragées, face à la Méditerranée. Il possède de nombreuses tombes, mausolées et monuments funéraires au style moderniste, très proches des œuvres de Gaudi. On notera par ailleurs l’immense tombeau de la famille Battló.
Comme tous les cimetières des grandes villes, Montjuic abrite les dernières demeures de personnalités célèbres. Montjuic est la résidence de l’écrivain poète catalan Jacint Verdaguer. Celui qui était à l’origine un prêtre exorciste a écrit entre autres l’Atlantide (1877, poème en dix chants sur les péripéties d’Héraclès en Ibérie), Idylles et chants mystiques (1879), Montserrat (1889), Ode à Barcelone (1883), Canigó (1886, après un voyage au Pic du Canigou). Sa tombe est un monument original en forme de pierre. Le lieu reste l’endroit de pélerinage de tous les amoureux de la littérature catalane.
A l’extrémité du cimetière se trouve le “Fossar de la Pedrera”. Originellement c’était la fosse commune où étaient abandonnés les corps des défunts les plus pauvres. Pendant la guerre civile, le lieu est devenu la fosse commune des victimes de l’armée franquiste. Avec le rétablissement de la démocratie, il s’est transformé en un endroit de souvenir mémoriel inauguré en 1985. On y retrouve un hommage aux victimes du nazisme, du franquisme ainsi qu’un mausolée honorant Lluis Companys, le président de la Catalogne fusillé par l’armée franquiste.
Le cimetière de Poblenou
Le cimetière de Poblenou, également appelé Le vieux cimetière ou Le cimetière de l’Est, a été créé en 1775 puis rénové en 1819 par l’architecte néoclassique Antoni Ginesí. Il a été édifié en réponse aux problèmes d’insalubrité causés par les fosses paroissiales qui existaient à l’intérieur de la vieille ville. À l’époque, Poblenou n’était que champs. On décide alors d’y fonder le cimetière, à l’écart des vivants.
Comme pour Montjuic, Poblenou accueille son lot de célébrités, comme la famille du peintre Salvador Dalí. Originaire de Cadaqués, son grand-père a décidé d’émigrer à Barcelone en 1991 accompagné de toute la famille. Cela explique l’attachement fort du génie pour ce village de la Costa Brava et la présence de sa famille dans le cimetière de Poblenou. La famille d’un autre peintre célèbre se trouve également ici : celle de Pablo Picasso. Né en Andalousie, il s’installe avec sa famille à Barcelone à l’âge de 14 ans. Ses parents y resteront et seront enterrés dans ce cimetière. Quant à Picasso, ses restes se trouvent dans les jardins du château de Vauvenargues, en France.
L’incontournable “baiser de la mort” est la statue la plus emblématique du cimetière. Située à la fin de la visite, dans un cul-de-sac, l’oeuvre de marbre représente un squelette ailé, la mort, venu embrasser un défunt, symbole du passage dans l’au-delà. Elle fut conçue pour un marbrier du nom de Jaume Barba, en 1930. Placée en hauteur, les visiteurs restent généralement à la contempler de longues minutes, comme captivés.
Un moment de douceur et de cruauté, de beauté et de laideur, qui fait ressentir des émotions contraires en quelques secondes. Quelques vers sont posés sur la tombe : « Son jeune cœur n’en peut plus, / dans ses veines, son sang cesse de couler et se fige / et son souffle perdu embrasse la foi / en se sentant tomber sous le baiser de la mort ».