Indépendance Catalogne : Sanchez et Aragonès calment le jeu

Le Premier ministre Pedro Sanchez a rencontré aujourd’hui à Barcelone le président catalan Pere Aragonès pour tenter de trouver une sortie de crise dans le débat indépendantiste. 

C’est la première fois depuis 18 mois que le Premier ministre espagnol rencontre son homologue de la Catalogne. Un pas de « dégel » voulu par le président catalan Pere Aragonès et son parti ERC, sous l’œil critique de son partenaire gouvernemental, Junts, le mouvement de Carles Puigdemont. La table ronde se réunit dans un tempo, une fois de plus, démoniaque : après l’imbroglio autour de l’annulation de l’agrandissement de l’aéroport et la manifestation indépendantiste du 11 septembre.

Barcelone veut un référendum

« Le processus de négociation » s’ouvre aujourd’hui, se félicite Pere Aragonès au terme de la réunion avec Pedro Sanchez. C’est un « reset » de la relation entre la Catalogne et l’Espagne, ajoute le locataire du Palau de la Generalitat. Un peu plus, ERC veut s’éloigner de l’unilatéralisme des années Puigdemont qui ont conduit à un référendum illégal et une déclaration d’indépendance. Aragonès veut calmer le jeu et donner du temps au temps. Les négociations pour arriver à une solution du conflit seront nombreuses, complexes et discrètes pour travailler tranquillement, annonce-t-il. Le président catalan insiste sur l’organisation d’un référendum indépendantiste, autorisé par le gouvernement espagnol. Le chef de la Generalitat prend pour modèle l’Ecosse et son processus séparatiste qui a débouché sur un référendum légal. Dans son discours, Aragonès n’a pas proposé de date pour l’organisation d’un tel vote.

Madrid veut verser de l’argent

Ça tombe bien, Pedro Sanchez ne veut pas non plus donner de date pour la résolution du conflit entre l’Espagne et la Catalogne. « Le conflit ne date pas d’hier, et il ne se résoudra pas demain » glisse le Premier ministre en conférence de presse après son tête-à-tête avec Aragonès . « Mais la situation est moins critique qu’il y a un an » se félicite Sanchez. « La Constitution espagnole ne permet pas d’organiser un référendum d’indépendance » sentence Pedro Sanchez, dans ce qui ressemble à un dialogue de sourds avec le président catalan. La clé de la résolution du conflit pour Sanchez est l’argent. « La Catalogne pourra profiter de l’opportunité historique qu’offrent les fonds européens », fait miroiter le Premier ministre.

Puigdemont, caillou dans la chaussure sur le chemin de la réconciliation

Junts, de son côté, n’est pas favorable à la table des négociations. Le mouvement Puigdemontiste reste partisan de la manière forte et de l’unilatéralisme à la manière du 1er octobre 2017. Junts est galvanisé par le relatif succès de la manifestation indépendantiste du 11 septembre, qui a vu plus de monde dans la rue que prévu. Avec beaucoup de pancartes n’appelant pas au dialogue mais à la sécession immédiate.

Par ailleurs, hier un violent clash a opposé les deux partis gouvernementaux. Junts a choisi pour représentants à la table ronde deux anciens prisonniers. Crispation du président catalan, arguant que la table doit être uniquement composée de ministres du gouvernement actuel pour garder le caractère institutionnel de la rencontre. Junts restant sur sa position, l’affaire s’est soldée par un coup d’autorité du président de la Generalitat : seuls les ministres d’ERC participeront à la rencontre.

« C’est Madrid qui a mis son véto à notre présence » a grincé hier en conférence de presse Jordi Sanchez, secrétaire général de Junts qui devait participer à la table ronde. Sous-entendu des amis de Carles Puigdemont : Pere Aragonès est la marionnette des pouvoirs madrilènes en cédant à leurs caprices. Une version manichéenne qui fait le jeu de Salvador Illa, le candidat socialiste et défenseur de l’unité de l’Espagne, arrivé en tête des élections de 2020. Car chaque passe d’armes entre membres du gouvernement catalan réduit l’espérance de vie de l’exécutif et peut fragiliser le score des indépendantistes dans une éventuelle élection anticipée.

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