L’origine de la Diada, la fête nationale catalane

Comme chaque 11 septembre. la Catalogne célèbre sa fête nationale. Retour sur les origines de ce que l’on appelle populairement La Diada.

La Diada de l’Onze de Setembre est la fête nationale de Catalogne depuis 1886, et décrétée comme jour férié par l’article 8.1 du statut d’autonomie. La Diada commémore la chute de Barcelone, tombée aux mains des troupes du roi d’Espagne le 11 septembre 1714.

De fait, une partie des Catalans considère que la ville est aux mains des Espagnols depuis trois siècles et qu’il est temps de la libérer via le processus indépendantiste. Depuis le début des années 2010, la Diada est devenue le moteur de l’activisme indépendantiste avec des millions de personnes qui défilent dans les rues.

Cependant les premières Diadas de la fin du XIXe siècle étaient plus confidentielles. Connotée religieusement, la fête se célébrait à la très identitaire Cathédrale de la Mer à Barcelone. En 1888, à l’occasion de l’Exposition universelle, une statue en hommage à Rafael Casanova est érigée, non loin de la place Urquinaona, nouveau lieu idéal pour se rassembler lors de la Diada. Casanova était une sorte de Premier ministre catalan (conseller en cap) lors de la chute de Barcelone en 1714.

Resultado de imagen de rafael casanovaSelon la légende, résistant jusqu’au dernier instant, il fut blessé lors de la prise de la ville et devint un héros du catalanisme. Au début du XIXe siècle, la figure de Rafael Casanova fut récupérée par les intellectuels de la Renaissance catalane, la fameuse Renaixença. Symbole de la lutte pour les libertés de Barcelone, Casanova est encore honoré chaque 11 septembre par une gerbe de fleurs, déposée au pied de sa statue par le président de la Catalogne.

A partir de 1936, la Diada, comme quasiment tous les symboles identitaires catalans, fut interdite par la dictature du général Franco, mais restait célébrée dans la plus grande clandestinité. La première Diada autorisée de l’ère moderne a eu lieu le 11 septembre 1977, deux ans après la mort du dictateur.

2021 : une Diada moins indépendantiste

Si depuis 2012 chaque Diada marque le tempo de l’événement politique à venir, cette année entre la situation sanitaire, les divisions politiques entre Esquerra et les amis de Puigdemont, et une certaine fatigue après une décennie de mobilisation, l’événement semble en perte de vitesse.

En 2012, la première grande Diada moderne a poussé le président Mas à ouvrir le « processus indépendantiste ». En 2017, la manifestation a soutenu le référendum d’indépendance non autorisé du 1er octobre. En 2018, le rassemblement fut marqué par l’incarcération des leaders catalans suite à la déclaration d’indépendance. En 2019, la Diada précédait les violentes émeutes qui ont secoué Barcelone lors de l’énoncé de la sentence du procès des indépendantistes. L’an dernier, l’événement s’est tenu en version minimaliste en raison de la pandémie.

Le nouveau président de la Generalitat, l’indépendantiste modéré de gauche Pere Aragonès, veut tourner la page des années Puigdemont et laisser tomber le discours jusqu’au boutiste. Les équipes du président annoncent une Diada représentant  « la diversité de la société catalane ». Par ailleurs, la traditionnelle conférence de presse présidentielle avec les correspondants internationaux est cette année annulée. Preuve en est que le message indépendantiste est en sourdine.

L’association Asemblea, organisatrice des festivités, a choisi de placer le coeur de la manifestation sur la Plaça Urquinaona, théâtre des émeutes indépendantistes de 2019. Les indépendantistes chanteront l’hymne à 17h14. En souvenir de 1714.

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