La Barcelone de Jean Genet

la Barcelone de Jean Genet

En 1949, Jean Genet publie le Journal du voleur,  un récit largement autobiographique mais romancé racontant l’existence misérable d’un Français de Barcelone.

Le livre, écrit alors que Genet était incarcéré en France des années après son expatriation barcelonaise, reçoit le soutien de Jean Paul Sartre et de Jean Cocteau. A 35 ans, le personnage principal et narrateur, Jean raconte son quotidien dans le Raval. [Le quartier ] était une sorte de repaire peuplé moins d’Espagnols que d’étrangers qui tous étaient des voyous pouilleux” écrit l’auteur. Il y mène une vie rythmée par la délinquance et l’immoralité acoquinée avec Salvador, son amant homosexuel crasseux. Qui sera vite cocufié avec Stilitacano, un manchot maquereau.

Raval

« A Barcelone, nous fréquentions surtout la calle del Mediodía et la calle Carmen…Nous quittions en bande le Barrio Chino et sur le Parallelo nous nous égrenions, un cabas au bras, car les ménagères nous donnaient plutôt un poireau ou un navet qu’un sou..A Barcelone, je vois ces couples d’hommes où le plus amoureux disait à l’autre : « Ce matin, je prends le panier. »

La carrer Carme existe encore aujourd’hui. Adjacente aux Ramblas, elle est un peu moins mal fréquentée qu’à l’époque du livre. Grâce au tourisme de masse ayant boosté l’ouverture des bars, hôtels et restaurants. La calle del Mediodía, quant à elle s’appelle depuis les années 50 l’Avenida de Drassanes.  

Genet, pour subvenir à ses besoins, s’adonne à la prostitution dans les trous à rat du Raval. Notamment travestie en femme dans le cabaret La Criolla, carrer del Cid au numéro 10. Une rue qui était à l’époque l’une des plus dangereuses de la cité comtale.

Un journal madrilène définit ainsi le cabaret: « La Criolla est le centre aristocratique où les soldats de la caserne voisine d’Atarazanas, les marins de l’Aéronautique navale, les ouvriers sans famille, les souteneurs, les pickpockets, les voleurs vulgaires, les ivrognes invétérés qui , dès qu’ils ont bu deux verres de trop, dressent un programme politique au rythme d’un charleston. »

L’acteur Douglas Fairbanks Jr. a déclaré  « Je n’ai rien vu de tel ; ni à Saigon, ni à Shanghai, ni à Port-Saïd, nulle part”  Une impression partagée par l’écrivaine française Simone Weil, lors d’une visite un soir de 1933.

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Dans la Barcelone actuelle, ce cabaret n’existe plus et la carrer Cid, près de Drassanes, jouit d’une tranquillité qui n’a de commune mesure que son anonymat.

Un autre endroit sordide fréquenté par Jean Genet pour ses activitées de prostitution est la “Taberna La Mina”, carrer Arc del Teatre, 63. Aujourd’hui, cette taverne n’existe plus, mais à quelques encablures l’écrivain possède une place à son nom.

Sans tomber dans l’extrême des lieux fréquentés par Genet, aujourd’hui on peut retrouver l’atmosphère de cette Barcelone des canailles dans des bars comme le Marsella (Carrer de Sant Pau, 65) ou le Pastis (Carrer de Santa Mònica, 4).

Dans son récit, l’auteur raconte, quand il ne se prostitue pas : « nous décidâmes de cambrioler une boutique…Nous entrâmes dans un des nombreux bazars de Barcelone où l’on tient des rayons de quincaillerie ».

Paral.lel

Jean Genet s’aventure hors des frontières du Raval pour se rendre dans le quartier voisin de  « Paral.lel ». « Derrière le Parallelo il y avait un terrain vague où les voyous jouaient aux cartes. Accroupis, ils organisaient des jeux (…) « Un jour j’attendais Stilitano dans un bar du Parallelo (ce bar était alors le lieu de rendez-vous de tous les repris de justice français : barbeaux, voleurs, escrocs, évadés du bagne ou des prisons de France….)”  Aujourd’hui le très populaire Paral.lel ressemble au 18e arrondissement de Paris. Avec son Moulin Rouge et sa boîte de nuit salle de concert l’Apolo.

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