Chaque été, le bal des arrivées et départs de Français à Barcelone est lancé. Quelle tendance se dessine cette année en ce début de sortie de crise sanitaire ? Quels sont les profils des expatriés français de Barcelone ? Éléments de réponse.
« Le Covid a précipité par hasard ma venue à Barcelone » raconte Soraya, 33 ans. Originaire de Paris, la directrice commerciale d’un grand groupe de restauration a passé quatre mois à Barcelone en début d’année. Elle souhaitait s’éloigner de l’atmosphère pesante parisienne. Durant cette période, la France avait mis en vigueur un couvre-feu et un confinement périmétrique. Les restaurants ont cessé d’exercer et Soraya était au chômage partiel.
« À mon arrivée à Barcelone, j’ai apprécié le mode de vie sans prise de tête, à l’opposé de la vie parisienne ». La trentenaire logeait chez ses amis dans l’Eixample et télétravaillait en même temps. « Je me sentais tellement bien ici que j’ai demandé à mon patron si je pouvais poursuivre mon télétravail à Barcelone ».
Par chance, son supérieur a accepté et Soraya a décidé de s’expatrier officiellement dans la capitale catalane cet été. « J’aurai tout de même un rythme de travail particulier, précise-t-elle, toutes les deux semaines, je devrai retourner à Paris. » Désormais, la directrice commerciale recherche son propre appartement pour débuter officiellement sa nouvelle vie barcelonaise. Si Barcelone attire les jeunes travailleurs, elle séduit aussi bien les familles. C’est le cas des Benchekroun.
Barcelone, toujours aussi attractive
« La douceur de vie barcelonaise nous a séduite il y a des années » confie Myryam, 45 ans. Alors que la famille franco-marocaine séjournait trois à quatre fois par an à Barcelone, elle a fini par franchir le pas et s’installer dans la cité comtale. « Le catalyseur a été le fait que notre fille aînée poursuive ses études à Barcelone. Elle s’y est installée l’an passé » explique la mère de famille.
À leur arrivée il y a trois semaines, la famille a séjourné chez des amis, le temps de trouver leur nouveau cocon. « Nous avons finalement mis la main sur un appartement dans un quartier que l’on connaît bien, près du parc del Turó. »
Rapidement, Myryam est embauchée dans une star-up française et débutera son contrat dès le 1er septembre. Concernant leur installation, tout s’est aussi enchaîné rapidement. « Pour gérer le côté administratif, nous avons pris contact avec une agence de relocation » raconte la franco-marocaine « l’installation s’est vraiment faite sans encombre ».
Pour la famille, vivre dans la capitale catalane représente un grand projet de vie. « Après quinze ans à Casablanca, nous avions envie de changement et l’appel de l’Europe était grandissant, admet Myryam. Au lieu de retourner en France, Barcelone a été la meilleure alternative. C’est une ville européenne, tout en étant bordée par la Méditerranée. Elle est cosmopolite et une sensation de liberté est palpable. On espère rester ici le plus longtemps possible. »
La crise continue de motiver le départ des Français
L’an passé, Emploi Espagne diffusait une enquête aux expatriés français. Au total, 4.362 personnes y ont répondu. Résultat : 82 % des sondés envisagaient un retour en France. « Un chiffre énorme » confiait Pierre-Olivier Bousquet, Président de l’Union des Français à l’Étranger (UFE) Catalogne. Parmi eux, 42 % soit 4 sondés sur 10 ont des enfants scolarisés. À travers ce questionnaire, notre expert voyait déjà se dessiner un profil type de Français sur le départ.
« Souvent, une famille avec deux ou trois enfants, plutôt bien implantée, dont les parents ont, soit de bons postes, soit un commerce ou une entreprise, décide de s’en aller » analysait Pierre-Olivier Bousquet. Un départ souvent précipité ou soutenu par la crise sanitaire. La tendance se poursuit cet été.
C’est le cas de la famille Goussard. « La crise a accéléré notre départ vers Troyes » raconte Hélène 35 ans. Avant la pandémie, l’agence de publicité pour laquelle travaille Samuel Goussard lui proposait une mutation à Paris. Dans un premier temps, le Français envisageait de faire des allers-retours. « C’était plus sécurisant pour les enfants et moi de rester là, on est bien installés ici, depuis six ans dans le quartier de Sant Antoni » commente-t-elle.
Or, la crise sanitaire et le confinement de mars 2020 en Espagne ont tout simplement provoqué leur déménagement. La Française a cherché un emploi à Troyes. Une fois trouvé, tout s’est enchaîné, Hélène, Samuel et leurs deux enfants de 5 ans et demi et 7 ans, ont rejoint définitivement la ville de l’Aube le 1er août dernier.
Autres opportunités professionnelles
Après 4 ans passés à Barcelone, Maxence, 32 ans, décide, lui aussi, de quitter la ville pour rejoindre la capitale espagnole. « Une opportunité professionnelle à Madrid s’est présentée à moi, et puis j’ai l’envie de découvrir une nouvelle ville, tout en restant en Espagne » commente-t-il. Malgré son départ, Maxence se souvient encore de son arrivée à Barcelone. « J’ai débarqué ici en septembre 2017, au beau milieu des votes pour l’indépendance, c’était une arrivée animée » se remémore-t-il amusé.
En s’installant à Barcelone, le natif de la région lyonnaise n’était pas à sa première expatriation. En dix ans, Maxence a travaillé dans cinq pays différents : « J’ai l’habitude de m’adapter à de nouveaux environnements » assure-t-il. Pourtant, les débuts ont été difficiles « Mes journées de travail étaient sans fin et il n’était pas simple de se faire des amis barcelonais ». Au fil du temps, la vie « s’adoucit ». « Avec un peu de recul, je n’ai pas vu passer ces quatre ans ». Maxence quitte donc la capitale catalane sans oublier son quotidien barcelonais, « ce qui me manquera le plus ce seront mes amis et la vie de quartier. Bien que la ville soit grande, cela ne se ressent pas au quotidien ».