Dans les librairies, ses romans sont des incontournables de la littérature moderne espagnole. Carlos Ruiz Zafón est l’auteur qui a fait (re)découvrir Barcelone au monde entier grâce à son cycle Le Cimetière des livres oubliés. Plongée dans une Barcelone brumeuse, sombre, mystérieuse et presque fantastique.
Photo : Clémentine Laurent/Equinox
Né à Barcelone, Carlos Ruiz Zafón se dédie d’abord à la publicité avant de prendre la plume au début des années 1990, lorsqu’il s’expatrie à Los Angeles. Et pourtant, il situe bon nombre de ses œuvres dans sa ville natale. C’est le cas de la majeure partie des romans du cycle Le Cimetière des livres oubliés, dont l’œuvre monumentale L’Ombre du vent fait partie. À distance, l’écrivain dépeint donc la Barcelone de ses souvenirs et de ses rêves, fantasmée, parfois même anachronique mais attirante.
Dans les quatre tomes qui composent son cycle de romans, le lecteur déambule aux côtés des personnages à travers une Barcelone d’une époque passée, mais en reconnaît les lieux les plus mythiques. Car Zafón accordait une importance capitale aux détails de la ville, même s’il reconnaissait qu’il prenait parfois quelques libertés. « En ce qui concerne la Barcelone physique, les éléments sont réalistes et la géographie est scrupuleusement respectée, du temps que le récit le permet, car il y a certains éléments de fantaisie urbaine. Parfois, j’ai inventé un arrêt de tramway où il n’y en avait pas ou j’ai modifié l’itinéraire d’un bus », affirmait-il à La Vanguardia.
Carrer de Joaquín Costa, pension de Fermín
En plein cœur du Raval, dans une petite rue ombragée, se situe la pension (fictive) où vit l’espiègle Fermín Romero de Torres. Un personnage incontournable et des plus attachants du génie Zafón, que l’on s’attend presque à croiser attablé dans un bar du quartier, dévorant une tortilla, ou flânant dans les rues à la recherche de Sugus.
Adresse : Carrer de Joaquín Costa, 08001 Barcelona
Carrer de Santa Anna, la librairie Sempere
L’un des passages capitaux des récits du cycle, car c’est dans cette rue perpendiculaire à la Rambla que se trouve la librairie Sempere e hijos, où travaillent et vivent les trois générations de Sempere. L’auteur la situe en lieu et place de la ganterie Alonso, au numéro 27, à la vitrine entourée de bois sculpté dans un style moderniste.
Adresse : Guantería y Complementos Alonso, Carrer de Santa Anna, 27, 08002 Barcelona
Els Quatre Gats, tertulia moderniste
Bar-restaurant mythique de l’époque du modernisme catalan (d’ailleurs imaginé par Josep Puig i Cadafalch) où Daniel Sempere, personnage principal de L’Ombre du vent, en apprend plus sur un mystérieux écrivain. Mais ici encore, c’est un anachronisme de Zafón, car l’établissement ferme en 1903 et ne rouvrira pas avant… 1970. Aujourd’hui, on peut y déjeuner dans une ambiance 100 % moderniste. Le menu ici.
Adresse : Carrer de Montsió, 3, 08002 Barcelona
Horaires : De mardi à jeudi de 11 h à 17 h, de vendredi à samedi de 11 h à 23 h, dimanche de 11 h à 17 h
Plaça de Sant Felip Neri, théâtre de drames
Si la place porte déjà un lourd héritage (en témoignent les impacts de balle sur le mur de l’église), elle garde toute sa symbolique dans L’Ombre du vent. C’est là que vit Nuria Montfort, personnage poignant du premier opus du cycle, en plein cœur du labyrinthe de rues du Barri Gotic.
Adresse : Plaça de Sant Felip Neri, 08002 Barcelona
La Biblioteca de Catalunya, refuge de David
C’est dans cette magnifique bibliothèque aux arches de pierre que l’écrivain maudit de El Juego del ángel passe le plus clair de son temps, entouré de milliers d’ouvrages qui eux seuls semblent le comprendre. L’entrée y est libre, parfait pour se perdre entre les rayonnages. Plus d’infos ici.
Photo : Biblioteca nacional de CatalunyaAdresse : Carrer de l’Hospital, 56, 08001 Barcelona
Horaires : du lundi au vendredi, de 10 h à 14 h et de 15 h à 19 h ; deux samedis par mois de 10 h à 14 h
El Gran Café, bastion d’Alicia Gris
Lieu de réunion privilégié d’Alicia dans le dernier opus du cycle, Le labyrinthe des esprits, le Gran Café de la carrer d’Avinyó fait face à l’appartement de la protagoniste. Sa façade noire et son style ancien se prêtent aisément au décor du récit (bien que le restaurant date des années 1970), et il est facile de se croire plongé dans l’intrigue et de s’imaginer une Alicia vêtue de noir, accoudée au bar en train de siroter une coupe de vin blanc. Malheureusement, le Gran Café a baissé définitivement le rideau en août dernier, comme en signe de deuil après la fin du cycle et la disparition de son auteur.
Adresse : Carrer d’Avinyó, 9, 08002 Barcelona
L’Arc del Teatre, le Cimetière des livres oubliés
Bien que cette étrange bibliothèque-cathédrale n’existe pas (ou du moins, elle reste cachée aux yeux de ceux qui ne doivent pas la trouver), la rue où Zafón situe sa bibliothèque existe vraiment : il s’agit de l’Arc del Teatre, une ruelle sombre et dont une partie est couverte, éclairée seulement par quelques lanternes et qui confère au lieu une ambiance pesante et mystérieuse… Le passant y est plongé au cœur du roman.
Adresse : Carrer de l’Arc del Teatre, Barcelone
Le cimetière de Montjuïc, point de départ et point final
Ici, les personnages défilent pour se recueillir sur la tombe de l’une des protagonistes du roman Le Jeu de l’Ange, et que l’on retrouve dans les autres volumes du Cimetière des livres oubliés (sans en dire plus). Une nécropole éblouissante où s’ouvrent et se referment des intrigues, mais un lieu aussi fascinant pour ses tombes modernistes monumentales, sa vue sur la mer et son silence.
Photo : cbsa.catAdresse : Carrer de la Mare de Déu de Port, 56, 58, 08038 Barcelona
Le Castell de Montjuïc, prison du ciel
Toujours sur Montjuïc, et toujours dans une ambiance peu gaie, le château de Montjuïc et particulièrement son histoire durant la guerre civile et la période franquiste jouent un rôle déterminant dans Le prisonnier du ciel. Il est possible de visiter ce qui a été une prison et le dernier arrêt pour beaucoup d’opposants au franquisme, dont l’un des protagonistes de Zafón. Plus d’infos pour la visite ici.
Adresse : Ctra. de Montjuïc, 66, 08038 Barcelona
Horaires : Du lundi au dimanche de 10 h à 20 h
Prix : 5 € tarif normal
La Casa Arnús ou El Pinar, mystérieuse villa sur le Tibidabo
Étrange villa aux airs de château qui surplombe la ville depuis le Tibidabo, el Pinar (de son vrain nom la Casa Arnús) constitue l’un des décors barcelonais privilégiés de Zafón. Cette fascinante maison est le théâtre d’actes monstrueux, dans Le labyrinthe des esprits. Attention, donc, à ne pas trop s’approcher…
Photo : Albert Esteves 2020 (poblesdecatalunya.cat)Adresse : Carrer Manuel Arnús, 2, 08035 Barcelona
Et pour les grands amoureux de Carlos Ruiz Zafón et de sa Barcelone sombre et fantasmée, il existe un Guide de la Barcelone de Carlos Ruiz Zafón, réalisé par Sergi Dòria. Car même pour les Barcelonais, suivre l’itinéraire d’un écrivain fait redécouvrir la ville d’une autre manière. Pour Carlos Ruiz Zafón, déambuler dans Barcelone, c’est « traverser différentes époques de la ville, évoquer le passé » (La Vanguardia).