A qui appartient 22@, la Silicon Valley de Barcelone

22@ de barcelone

1,3 million de mètres carrés. C’est la surface de bureaux occupée dans le quartier 22@ de Poblenou à Barcelone. Autour de la Torre Glòries, qui accueille les bureaux de Facebook, se massent les entreprises liées aux nouvelles technologies et de nombreuses écoles de design.

Difficile de s’imaginer le décor de cette « Silicon Valley » catalane une fois totalement achevée, tant le panorama est aujourd’hui monopolisé par les grues, tractopelles et autres bruits de marteaux-piqueurs. 300.000 mètres carrés sont actuellement en travaux dans la zone du 22@, nom en forme de clin d’œil au 22A, le code de référence assigné au sol industriel. Car Poblenou, ancien quartier industriel, a pour ambition de devenir le quartier technologique.

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Les entreprises internationales accaparent les terrains. Comme souvent le Qatar, via le fond d’investissement Qatar Investment Authority, est bien placé et a acheté cinq grands immeubles de bureaux. Les Français sont bien représentés dans le 22@, tant dans les propriétés que les locations. Pierre Castel, 91 ans, entrepreneur sulfureux de la Françafrique et des paradis fiscaux, et dont les parents sont catalans, détient des parts dans IBA capital, l’un des investisseurs du 22@. Les groupes français Accor et Bouygues ont également érigé la Tour Wojo qui abrite moultes entreprises, dont la rédaction d’Equinox. A quelques pas de là, la startup française Papernest loue des locaux de la holding Knem qui a investi 22 millions d’euros.

La mairie d’Ada Colau pointée du doigt

La zone veut également attirer le touriste. Une des dernières décisions du maire sortant, Xavier Trias (centre-droit), en 2015 fut d’autoriser la vente d’une parcelle appartenant au journal La Vanguardia à un hôtel.

Le changement d’équipe municipale et l’arrivée d’Ada Colau n’ont pas modifié l’intérêt spéculatif pour le 22@. La présence de Blackstone à l’origine de nombreuses expulsions locatives à Barcelone a fait grincer des dents les associations de locataires barcelonais. Ce qui n’a pas empêché le fond américain d’injecter 220 millions d’euros d’investissements dans le nouveau district en vogue.

Les habitants de ce quartier autrefois appelé « le Manchester catalan » pour ses nombreuses usines ont pu s’exprimer le 22 juin lors d’un référendum organisé par la mairie. 97% des 3255 votants ont rejeté le plan urbanistique de la municipalité. Il est certain que la zone laisse peu de place pour les logements familiaux et encore moins pour les appartements bon marché.

Poblenou à l’époque industrielleCar si les usines ont disparu du quartier, un certain esprit industriel demeure. Sous le vernis design, moderne et progressiste des grandes entreprises, on ne sert plus les vis et les boulons en 3×8 comme dans les années 70. Mais nombreux sont les call-centers qui choisissent la zone du 22@ pour installer leurs téléopérateurs prenant leurs appels à la chaîne, dans un rythme minuté et surveillé. Une industrialisation 2.0 qui continue à donner le rythme dans certaines rues de Poblenou.

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