Alors que s’achèvent le Mobile World Congress (MWC) et le 4YFN à Barcelone, rencontre avec Flavien Noël, coordinateur du Pôle Action Média qui fait le lien entre la région Occitanie et la capitale catalane.
Comment se déroule le MWC de cette année ?
C’est une version plus réduite (NDRL : 3 fois moins de visiteurs qu’en 2019) mais très dynamique : beaucoup de rencontres, de rendez-vous, de présentations. Il y a de belles marques et entreprises françaises sur place, un important stand French Tech, etc.
Qu’a changé la crise sanitaire dans le monde des startups locales ?
Notre association Pôle Action Média, créée en 2010 à Perpignan, compte aujourd’hui 70 entreprises créatives, culturelles et numériques d’Occitanie et de Catalogne. L’un de nos axes d’action est de faire le lien entre les écosytèmes de Toulouse, Montpellier, Perpignan et ceux de Barcelone. Et nous avons remarqué que le Covid a fait réfléchir beaucoup de créateurs d’entreprises. Entre les aides Covid et les différents dispositifs qui existaient déjà, subventions, prêts d’honneur, aides de la BPI, les porteurs de projet ont davantage tendance à se lancer en France tout en restant présents à Barcelone, en recrutant et en y installant par exemple leurs équipes commerciales. Il faut dire qu’avec le plan de relance en France, on n’a pas été mal lotis.
Le modèle d’entreprise binationale et biculturelle, entre la France et l’Espagne, devient-il habituel ?
De plus en plus d’entreprises se lancent à cheval entre Barcelone et l’Occitanie. C’est quelque chose que nous observions déjà un peu avant le Covid mais qui est devenu plus fréquent, et qui, je pense, peut encore augmenter. C’est un modèle qui n’est pas encore assez exploité.
Des startups, qui se seraient auparavant lancées à Barcelone, se lancent donc désormais en Occitanie ?
C’est ça, tout en ayant une présence à Barcelone, en particulier bien sûr si elles veulent toucher le marché espagnol, ou pour chercher des investisseurs. Même si en Occitanie, l’écosystème est très business-friendly et on peut aussi trouver des investisseurs.
C’est un modèle de startup assez flexible qui va par exemple recruter son équipe de sales à Barcelone et la laisser là-bas, et avec beaucoup de salariés travaillent en remote.
La crise a-t-elle aussi fait réfléchir les startups françaises déjà installées à Barcelone ?
Les entrepreneurs français de Barcelone sont aussi de plus en plus présents en Occitanie et en France en général. Ils se disent qu’un retour au pays n’est finalement pas si mal, et pas si loin. Ils peuvent exploiter leurs réseaux français, ce qu’ils ne faisaient pas forcément avant. Ils sont vraiment à cheval sur les deux pays.
Quels sont les outils existant actuellement pour aider les entreprises à faire le pas, d’un côté ou de l’autre de la frontière ?
Au Pôle Action Média, nous avons pour nos adhérents des espaces de coworking à Perpignan et à Barcelone. Des startups à fort potentiel, comme MeetDeal ou Opti Digital par exemple, originaires des Pyrénées-Orientales, se sont implantées physiquement à Barcelone grâce à nos espaces. Et elles gardent toujours une présence en France. Il y a aussi de nombreux experts ayant la culture française et espagnole, comme des comptables, des avocats, qui facilitent vraiment les choses. Et enfin des structures très actives comme la French Tech ou la Chambre de Commerce française de Barcelone, et de nombreuses ressources accessibles.