Barcelone, capitale européenne de la fête, s’est emplie de silence durant la pandémie de Covid. La levée des restrictions signe le retour des touristes parfois inciviques, des beuveries de rue et des fêtes gigantesques. Pour renforcer le vivre-ensemble, créer une figure de « maire de nuit » pourrait être une solution.
Barcelone retrouve sa voix. Ce 21 juin n’est pas que la date du début de l’été, mais aussi celle de la réouverture légale des discothèques. Un certain nombre de Barcelonais n’ont pas attendu aujourd’hui pour reprendre leurs activités festives. Depuis la fin du couvre-feu, le 9 mai dernier, les rues se remplissent la nuit de « botellones ». Des milliers de personnes, souvent jeunes, se réunissent pour s’enivrer sur la voie publique. Bruits, incivilités, beaucoup d’habitants de quartiers comme Gracia ou la Barceloneta expriment leur ras-le-bol. Quand une fête finit en bas de chez soi à 4 heures du matin et qu’il faut se lever deux heures plus tard pour travailler, beaucoup de riverains dénoncent un risque de burn-out. Jeudi soir, les habitants du passatge de Maluquer dans le quartier de Sant Gervasi – la Bonanova ont protesté contre les fêtards en frappant sur des casseroles.
Després de molts dies d’inacció de la @GUBBarcelona, els veïns i veïnes han esclatat. Cassolada ara mateix demanant descans. Se sent “Volem dormir”, “fora del parc”,… cc @btvnoticies pic.twitter.com/nJzcZzDpcc
— ProuSorollMaluquer (@SorollMaluquer) June 17, 2021
Le coup de gueule visait à dénoncer l’attitude inactive de la police municipale. Du côté de la mairie, on rappelle que chaque nuit, la Guardia Urbana déloge 5000 fêtards de la voie publique.
Un modèle déjà appliqué à Paris et Londres
Beaucoup de regards se tournent justement vers la Mairie pour prendre exemple sur Paris, New-York, Tokyo, Londres ou Amsterdam pour demander la création de la figure du « maire de nuit » qui serait exclusivement en charge du vivre-ensemble nocturne.
La capitale française a, depuis 2014, créé son conseil municipal de la nuit sous la houlette de Frédéric Hocquard. « L’évolution des rythmes de vie rend d’autant plus nécessaire une approche transversale et équilibrée de toutes ses façons de vivre la nuit. Il s’agit d’allier le respect du sommeil des riverains, le désir de sortir des noctambules, les conditions de vie des travailleurs de nuit et le développement économique et culturel des activités nocturnes » indique la mairie de Paris.
A Barcelone, la question divise le conseil municipal. Contactés par Equinox, les indépendantistes de centre-droit de Junts Per Catalunya dénoncent une supposée incompétence d’Ada Colau. Le conseiller municipal Jordi Martí estime qu’une commune doit se gouverner en équipe 365 jours par an et 7 jours sur 7. « Ada Colau a totalement perdu le contrôle de la ville et il faut remettre en place une politique de prévention pour régler de problème des botellones » sentence Martí qui voit le concept de maire de nuit comme un gadget.
Chez les indépendantistes de gauche d’Esquerra Republica (ERC), on pense exactement l’inverse. Ernest Maragall avait été le candidat le plus clair durant la campagne électorale. « Le maire de nuit veillera sur la Barcelone nocturne » avait annoncé en 2019 l’aspirant municipal.
Le secteur de la nuit barcelonais par la voix de son principal syndicat est aussi favorable à la création de ce nouveau poste institutionnel. « Un maire de nuit comme celui de Paris, Londres ou Amsterdam arbitre les conflits avec les riverains et stimule la création d’entreprises et d’emplois dans le secteur nocturne » a déclaré le porte-parole du syndicat Fecasarm.
Un vœu qui restera probablement pieux jusqu’à la fin du mandat d’Ada Colau en 2023. Contactée par Equinox, la mairie de Barcelone affirme « qu’il n’y a absolument aucun projet pour la création d’un tel poste ». C’est donc la police qui sera uniquement en charge de veiller sur la tranquillité des nuits barcelonaises. La Guardia Urbana et les Mossos d’Esquadra s’attendent cette année à une saison estivale plus proche de 2019 que de 2020.