La gauche indépendantiste (ERC) et Junts Per Catalunua, le parti centriste de Carles Puigdemont, se repartissent le pouvoir. Voici le gouvernement catalan qui sera officiellement nommé ce mardi. Le premier conseil des ministres aura lieu mercredi.
Pere Aragonès, président de la Catalogne
L’homme fort d’ERC devient à 38 ans le plus jeune président de la Catalogne. C’est la première fois depuis le rétablissement de la démocratie qu’ERC obtient la présidence. C’est cependant la 5eme fois dans l’histoire de la Catalogne, le plus connu étant le révolutionnaire Lluis Companys en 1936 qui finira fusillé par la dictature franquiste.
Pere Aragonès offre le visage aimable de l’indépendantisme : européiste, dialoguant, négociateur et refusant le conflit direct avec Madrid. Un virage depuis les prėsidences de Carles Puigdemont et Quim Torra.
Jordi Puignero, vice-président et ministre des politiques digitales et de l’aménagement du territoire
Promotion pour le ministre sortant de la fonction publique qui devient le numéro deux du gouvernement. Proche de Carles Puigdemont, Jordi Puignero est favorable à la voie unilatérale pour obtenir l’indépendance de la Catalogne.
Jaume Giró, ministre de l’Economie
C’est la surprise de ce gouvernement. Le parti de Carles Puigdemont offre les rênes de l’économie à l’ancien directeur de la fondation de la banque Caixa. Une réconciliation entre les milieux d’affaires et le souverainisme catalan. Cependant Girò est un indépendantiste convaincu qui s’était opposé au changement de domicile fiscale de la Caixa après la déclaration de sécession de 2017.
Josep Maria Argimon, ministre de la Santé
Le numéro deux du departement de la Santé, principal conseiller de la ministre sortante, prend sa place. Le docteur Josep Maria Argimon sera en charge d’un budget de 5 milliards d’euros supplémentaires alloué aux politiques sanitaires et sociales sur les cinq prochaines années. Concernant la gestion de la pandémie, l’accord prévoit de déployer et d’accélérer le plan de vaccination en embauchant 3.700 professionnels pour vacciner massivement dans le pays.
ERC et Junts s’unissent pour renforcer l’Agence de Santé Publique de Catalogne et les structures sanitaires à travers des dotations budgétaires plus conséquentes. Quant aux professionnels de la santé, les indépendantistes visent à améliorer leurs conditions de travail et leur rémunération, à hauteur des salaires dans la moyenne européenne, et à intégrer davantage de personnel.
Joan Ignasi Elena, ministre de l’Intérieur
Cet avocat proche de la gauche indépendantiste prend le contrôle du ministère de l’intérieur. Ce domaine sera géré, pour la première fois, par ERC. Les intentions du gouvernement visent à revoir le modèle de la police au Parlement, notamment à travers une réforme des protocoles des brigades anti-émeutes. La chambre des députés devra décider si les Mossos pourront toujours utiliser les lanceurs de balle de défense (LBD).
Le futur gouvernement promet de mettre en avant des principes de transparence, de prévention et de médiation. L’effectif des Mossos sera également renforcé, avec 22.000 recrues supplémentaires.
Roger Torrent, ministre des Entreprises et du Travail
L’ancien président du parlement catalan hérite du portefeuille des entreprises et du travail.
Le gouvernement catalan mise, comme le reste de l’Espagne, sur les fonds européens pour relancer l’économie. « Le plan pour la réactivation économique et la protection sociale doit être l’axe central sur lequel bâtir un modèle social et économique catalan prospère […] » souligne des sources proches du futur gouvernement.
De même, ERC et Junts prépareront une loi pour faciliter l’activité économique et consolider l’Institut Catalan des Finances en tant que banque publique de Catalogne. La promotion d’un nouveau pacte national pour l’industrie de la Catalogne et d’un plan pour l’évaluation de la compétitivité des PME catalane est envisagée, tout comme la mise à jour du plan de marketing du tourisme post-Covid-19 en Catalogne.
En matière de travail, le gouverment ambitionne de consolider le Conseil catalan du Travail des Indépendants (Consell Català de Treball Autònom) et promouvoir le statut d’indépendant, les fameux autònomos.
Victòria Alsina, ministre de l’Action extérieure
L’ancienne déléguée du gouvernement catalan aux USA prend en charge la politique extérieure. Le nouveau gouvernement envisage de consolider le modèle catalan en matière d’affaires étrangères ainsi que ses délégations à l’étranger avec une vocation politique claire. Il s’engage à défendre les droits civils et politiques consacrés dans les traités internationaux, y compris le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et à se conformer aux jugements des tribunaux européens et des Nations Unies. La mesure fait évidemment écho au procès des indépendantistes catalans. ERC et Junts espèrent également défendre des changements institutionnels au sein de l’UE afin de formaliser les procédures nécessaires à la création d’un nouvel Etat.
Tania Verge, ministre du Féminisme et des Egalités
L’une des nouveautés de cette législature repose sur la création du ministère de l’Égalité des sexes et des genres. Le gouvernement imagine l’incorporation d’indicateurs de genre dans les systèmes de suivi et d’évaluation des services et des entreprises pour lutter contre les inégalités de genre et les discriminations.
Josep González Cambray, ministre de l’Education
Dans le domaine de l’éducation, une augmentation du budget est envisagée et avoisinerait 6% du PIB catalan. Le principal objectif du gouvernement est d’universaliser l’enseignement gratuit entre 0 et 3 ans et de préserver la langue catalane dans les cursus éducatifs.
Teresa Jordà, ministre de l’Action climatique, de l’Agriculture et de l’Alimentation
Ministre sortante de l’agriculture, Jordá hérite de l’action climatique. La création d’un ministère de l’Action pour le Climat sera une autre nouveauté du gouvernement et aura pour priorité d’approuver la Loi Biodiversité, mais aussi de sceller un accord national pour la transition énergétique entre les organisations politiques, la société civile, les entreprises, les citoyens et les syndicats afin d’atteindre 100 % d’énergies renouvelables d’ici 2050.
En ce qui concerne le secteur agricole, l’accord présenté envisage de promouvoir des mesures visant à améliorer la durabilité et la viabilité des exploitations agroalimentaires catalanes, tout en garantissant le respect de l’environnement et des ressources naturelles et en luttant contre le gaspillage alimentaire.
Nataliam Garriga, ministre de la Culture.
Niveau culture, le gouvernement exigera de réduire la TVA culturelle à 4 % et élaborera une loi sur les politiques culturelles et les droits culturels des citoyens qui clarifierait les responsabilités de la gestion culturelle gouvernementale, municipale, associative et professionnelle.
En ce qui concerne le sport, ERC et Junts ont convenu d’approuver une nouvelle loi sur le sport et l’activité physique qu’ils considèrent comme une pratique universelle d’intérêt public, ainsi qu’un plan de promotion du sport féminin. Enfin, le gouvernement précisera la candidature de Barcelone pour accueillir les Jeux olympiques et paralympiques d’hiver 2030.
Lourdes Ciuro, ministre de la Justice
Lourdes Ciuro était députée au parlement espagnol pour Junts per Catalunya. Elle est avocate de profession.
Violant Cervera, ministre des Droits sociaux
Violant Cervera a été députée au parlement catalan pour CiU puis PdeCat et Junts per Catalunya.
Ministre de la Recherche et des Universitès.
Pour les universités, le but est de favoriser la réduction de 30 % des frais de scolarité, de promouvoir les bourses universitaires, et de parvenir à un modèle de financement stable pour les universités en allouant 0,58 % du PIB catalan sur cinq ans. La recherche, quant à elle, devrait collecter 2,12 % du PIB (dont 0,75 % de financement public).