Madrid devient une des capitales les plus à droite d’Europe. L’ultra-conservatrice du Partido Popular Isabel Diaz Ayuso remporte le scrutin avec 64 sièges au parlement rėgional sur 137. Elle aura besoin au minimum d’une abstention des conseillers rėgionaux d’extrême-droite pour diriger la rėgion. Il n’y aura pas de cordon sanitaire.
C’est l’équivalent de la région Île-de-France. Les près de 8 millions d’habitants de Madrid et ses 178 villes de banlieue étaient convoqués ce mardi aux urnes pour accorder la victoire à Isabel Diaz Ayuso. La présidente sortante, représentante de l’aile dure du Partido Popular, a encore musclé son discours durant une campagne menée à la lisière avec l’extrême-droite.
Isabel Diaz Ayuso a convoqué des élections anticipées le 10 mars dernier, après que son partenaire centriste Cuidadanos se soit rapproché des socialistes dans la région de Murcia pour tenter de renverser l’exécutif local. Craignant de subir le même sort, Ayuso prit les socialistes et Ciudadanos de court en convoquant un scrutin anticipé. Le ton de la campagne était donné : socialisme ou liberté. Par socialisme, la droite madrilène entend hausse des impôts et fermetures des bars et restaurants en raison du Covid. A la frontière du complotisme, Ayuso a converti Madrid en la capitale de la fête avec bars et restaurants servant leurs clients comme si il n’y avait pas de pandémie.
L’arrivée dans l’arène madrilène de Pablo Iglesias électrisa une campagne déjà tendue. Alors vice-président du gouvernement espagnol, le chef de la gauche radicale de Podemos, en panne dans les sondages, a démissionné de son poste pour se lancer dans cette élection afin d’éviter le naufrage de son parti. Face à Pablo Iglesias, Isabel Ayuso a modifié son slogan : communisme ou liberté.
Le clivage est fort. Pour lutter contre celui qu’elle appelle le candidat communiste Ayuso a juré qu’elle ne fera pas de cordon sanitaire autour de l’extrême-droite de Vox. En effet, les 13 conseillers régionaux de Vox sont important à Ayuso pour renforcer sa majorité parlementaire. Ayuso sera élue avec les voix de Vox ou une abstention de ces derniers. Durant la campagne, il n’etait pas exclu que des membres de l’extrême-droite entrent dans l’exécutif madrilène.
Droite dure mais porteuse d’espoir
Avec sa campagne de droite dure, mais singulière car optimiste et porteuse d’espoir (après 18 mois de Covid quoi de plus attrayant que le mot « liberté »), Ayuso marche dans les pas de la course élyséenne de Nicolas Sarkozy en 2007. Lui aussi courait après l’électeur frontiste avec dans sa main droite le karsher, mais dans sa main gauche des mots d’espoir comme « ensemble tout devient possible » ou le « travailler plus pour gagner plus ».
A Madrid la gauche est défaite, les socialistes obtiennent seulement entre 24 siéges. Podemos une dizaine de siėges. Un rėsultat cruel pour la star Pablo Iglesias, ancien vice-prėsident de l’Espagne. Un tel score marque la fin de la carriėre de celui qui fut l’un des leaders du mouvement des indignės. Les dissidents de Podemos réunis sous la marque Mas Madrid s’en sortent mieux avec 24 siėges, autant que les socialistes. Quant à Ciudadanos, le parti d’Ines Arrimadas termine dernier et n’aura aucun ėlu. Un score dramatique qui rapproche les centristes de leurs funerailles politiques.
Un résultat qui fragilise le Premier ministre socialiste Pedro Sanchez et acte un rapprochement entre les droites sous l’autorité du Partido Popular. L’Espagne va bruisser d’une demande d’élections nationales anticipées. La campagne de vaccination et la répartition des fonds européens devraient sauver le Premier ministre Pedro Sanchez. Mais la fin de mandat sera compliquée et tendue.