Le maire de Lyon, Grégory Doucet, 47 ans est issu du milieu humanitaire et s’est entouré de jeunes élus inexpérimentés. Un sosie politique d’Ada Colau, même âge et provenant également du milieu associatif. Une génération Colau, occupe les bureaux de la mairie de Barcelone depuis 2015. Avant le renfort socialiste, fruit de la signature de la coalition municipale en 2019, le premier mandat de Colau fut critiqué par l’opposition pour son supposé amateurisme. Cet argument similaire s’abat aujourd’hui contre les maires verts.
L’écologie
Fort logiquement, le premier champ de bataille des maires écologiques est l’environnement. Faire pousser un peu de verdure dans la jungle urbaine sous un nuage de pollution. Paris, Lyon, Bordeaux, Strasbourg et Barcelone ont toutes en commun d’avoir déclaré l’état d’urgence climatique. Les voitures, et dans une moindre mesure les motos, ont été signalées comme personas non gratas.
Pour sortir les voitures de la ville, Barcelone expérimente dans le quartier de l’Eixample des zones piétonnes géantes englobant plusieurs pâtés de maisons, les fameuses « superillas ». A Tours, la fermeture du Pont Wilson à la circulation automobile laisse une part belle à la polémique.
Une mesure commune réside dans la création de zones de basses émissions, qui interdisent la circulation aux véhicules les plus polluants. À Barcelone, Strasbourg ou Grenoble, la mesure est critiquée par les oppositions municipales avec toujours le même argument : les plus pauvres ne pourront plus circuler en voiture car ils n’ont pas les moyens de s’acheter un véhicule récent.
Enfin pour décourager les conducteurs, les mairies ont significativement augmenté le prix du stationnement et retiré la gratuité lors des franges horaires, qui étaient jusqu’ici épargnées par le ticket de l’horodateur.
Pour remplacer les voitures, il faut laisser la place aux vélos. Les mairies s’engagent dans une course à la création de pistes cyclables. La maire de Strasbourg, Jeanne Barseghian, ambitionne 700 km de couloirs à vélo dans sa ville avant la fin du mandat. Barcelone se contentera de 308 kilomètres, mais une augmentation de plus de 165 % depuis l’arrivée au pouvoir d’Ada Colau souligne la mairie.
La police
Au-delà de l’environnement, les maires écolos partagent l’idéologie de gauche radicale propre à Ada Colau et sont mal à l’aise avec la gestion des polices municipales.
Durant le premier mandat, le conflit entre le conseil municipal et la Guardia Urbana barcelonaise fut permanent. L’unité anti-émeutes de la police municipale fut invitée à ne plus fouler le sol barcelonais. La police locale a été sommée de faire preuve de plus de préventions et de moins de répressions. Résultat : l’insécurité, pour la premiere fois dans l’histoire de la ville, est devenue la première des préoccupations des Barcelonais selon le baromètre municipal.
Les habitants de la capitale catalane déplorent les dealers de drogue omniprésents, les vols à la tire et une sur-présence des vendeurs ambulants dans les rues. Les trois phénomènes se sont naturellement calmés avec la pandémie. Par ailleurs, le second mandat de Colau est marqué par une co-gouvernance avec les socialistes. Ces derniers assurent désormais les compétences policières, avec le très sécuritaire Albert Batlle à la tête de la Guardia Urbana.
A Lyon le schéma se reproduit avec Grégory Doucet. « Je ne veux pas d’un quartier où la moitié des personnes dans la rue serait des policiers » a lancé le maire en référence à La Guillotière, un coin de Lyon ravagé par l’insécurité.
L’armée n’est pas non plus la bienvenue. A Barcelone, Ada Colau avait créé en 2016 un malaise lors de l’inauguration d’un salon de l’enseignement en 2016. « En tant que maire, je préférerais que vous ne soyez pas ici » avait lancé Colau devant les hommes en uniforme. Le 14 juillet prochain, Grégory Doucet ne souhaite pas apercevoir la patrouille de France dans le ciel lyonnais.
L’eau
Les édiles ont tous engagé un combat pour municipaliser l’eau. L’idée est de faire baisser les tarifs d’un élément vital et indispensable pour tous. Une lutte qui prend souvent des allures de David contre Goliath. Barcelone a frappé Agbar d’un nouvel impôt, ce qui n’empêcha pas le prix de la facture d’augmenter pour l’usager. Pendant ce temps, Lyon et Bordeaux ont entamé un bras de fer, l’une avec Veolia, l’autre avec Suez.
Des villes frugales
Paradoxalement, « les maires du changements » sont à la tête de mégapoles internationales, libérales et cosmopolites, en somme les vainqueurs de la mondialisation. Pourtant, les premiers magistrats tentent souvent de limiter le développement économique de leur cité.
Pierre Hurmic, souhaite la fin de expansionnisme des années Juppé et veut une Bordeaux frugale en appelant à créer une ville « jouissant de l’ivresse heureuse de la sobriété choisie ». Un vœux que ne renierait pas Ada Colau qui a mis en place un moratoire contre la construction d’hôtels à Barcelone dès son accès au pouvoir.
Amazon est également la bête noire : à Annecy le maire ne veut pas la création d’un nouvel entrepôt de 6800 m2 du géant américain. De son côté, Colau a appelé en novembre dernier les Barcelonais a boycotté Amazon pour soutenir le commerce local.
Même le Tour de France unit les maires à travers les frontières. A Lyon, Doucet ne veut pas d’étape du « Tour » en raison de son supposé aspect machiste et non écologique. La compétition n’est pas passée par Barcelone en 2015 comme le voulaient les organisateurs. Ada Colau a mis son veto coupant les négociations entamées par la municipalité précédente. La nouvelle maire a justifié sa démarche afin de mettre en avant des sports plus « citoyens ».