Connue sous le nom de Glòries, la place qui abrite la Tour de Jean Nouvel et le Musée du design s’appelle en réalité Glòries Catalanes. Un nom choisi par Balaguer, auteur, journaliste et politique catalan dont l’histoire reste inconnue du grand public.
Initialement conçue par l’urbaniste et ingénieur Ildefons Cerdà dans son plan de 1859 de création de l’Eixample, la Plaça Gloriès, est depuis renommée pour ses travaux interminables. Pourtant, ce n’est pas l’ingénieur qui a choisi le nom cette place, mais Victor Balaguer, auteur, journaliste et politique phare de la Renaixença, en 1863.
Cerdà, qui a imaginé le symétrique quartier de l’Eixample, pensait que la place où convergent la Diagonal, Meridiana et Gran Via serait le centre de Barcelone. Le projet d’extension urbaine de l’ingénieur, très impopulaire auprès des Barcelonais, prévoyait une nomenclature très simple des rues. Associer un chiffre à une lettre. Peu convaincu par cette proposition, le conseil municipal charge finalement Victor Ballaguer de baptiser les rues du projet Cerdà.
Balaguer était un auteur catalan à succès, journaliste notamment au Diario de Barcelona, et également homme politique. C’est une des figures de la Renaixença, mouvement qui promeut la culture catalane. Et c’est justement au moment de l’émergence de la Renaixença et du Catalanisme dans la première moitié du XIXe siècle que Balaguer est chargé d’élaborer la nomenclature actuelle de Barcelone. Il choisit des personnages qui symbolisent l’époque prospère de la couronne d’Aragon comme Jaume Balmes, Roger de Flor ou Rafael Casanova. Et c’est pour cela qu’il nomme la place, encore en travaux aujourd’hui, les Gloires Catalanes.
La place est une références à toutes les victoires militaires et civiles de la Catalogne. Sous Franco, elle est renommé Gloires Espagnoles pour en effacer le caractère régionaliste.
Interminables travaux et projets sans avenir
Toutefois, la place n’a jamais vraiment connu la gloire que lui prédestinaient Cerdà et Balaguer. Elle a connu une succession de phases de travaux, en 1905 avec le projet de Léon Jaussely jamais mené à bien, puis en 1992, à l’occasion des Jeux Olympiques et enfin en 2013. L’espace était devenu un terrain vague industriel dans les années 50, puis un joyeux bazar avant que le marché aux puces d’Encants ne soit transféré dans son bâtiment actuel en 2014.
Plus récemment, les premières allées d’un nouveau parc municipal ont été inaugurées, mais, toujours en travaux, la place est encore bien loin de devenir le centre de Barcelone.