Cuisinier, DJ, professionnel du tourisme… Tous ont vu leur activité s’arrêter brutalement il y a un an à cause de la pandémie. Comment vivent-ils cette situation ? Les Français et francophones de Barcelone témoignent.
Vendredi 13 mars 2020, Pedro Sánchez annonce officiellement le confinement de l’Espagne. Dès lors, l’activité professionnelle de millions d’habitants est en suspens. C’est le cas de Thierry cuisinier à l’emblématique restaurant Los Caracoles, Samuel DJ dans plusieurs boîtes de nuit barcelonaises et Marie* gérante de l’entretien d’appartements touristiques. Ces trois francophones se souviennent de la grande surprise, suite à l’allocution du chef du gouvernement espagnol.
« C’était la panique générale. On paralysait l’économie du pays pour la première fois. On se demandait comment ça allait se passer et combien de temps ça allait durer » se remémore Marie. Un sentiment partagé par Thierry : « La situation était très atypique. Très vite on a fermé et on ne savait pas ce que serait la suite. »
Pour le DJ Français du Shôko, célèbre club de la Barceloneta, l’annonce inédite a étonné, mais très rapidement le monde de la nuit a été compréhensif : « il fallait fermer trois semaines et on voyait que c’était un phénomène planétaire, confie Samuel, alias Sam’Zer. Au Shôko, on pouvait accueillir 1.500 personnes par soir. La distanciation sociale était impossible, avec ce contexte particulier. On a compris l’enjeu de la fermeture des boîtes. » Mais un an après, les restrictions subsistent et la lassitude est omniprésente, d’autant plus que certaines activités ont plus de mal à s’en remettre que d’autres.
Des secteurs délaissés
« Les discothèques ont disparu des discours des politiques, on est comme oubliés » s’indigne le Toulousain. Pourtant, l’été dernier, les boîtes de nuit ont rouvert pendant un mois et les mesures sanitaires appliquées semblaient efficaces. Chaque établissement a mis en place un sens de circulation précis, prenait la température des clients à l’entrée ou encore veillait au respect du port du masque. « Cette courte réouverture a montré que les boîtes de nuit étaient capables d’accueillir des gens en sécurité, souligne Samuel. D’ailleurs, après leur fermeture, le nombre de contaminés à continuer de grimper. On n’est donc pas fautifs ».
Malgré l’indignation des salariés, le gouvernement maintient ces lieux fermés, au détriment des employés se trouvant dans l’obligation de se réinventer. Effectivement, certains d’entre eux se reconvertissent en livreur Glovo ou travaillent chez Amazon explique le DJ Français. : « J’en connais beaucoup qui ont dû trouver un emploi lambda pour survivre. »
Pour le secteur touristique, le redémarrage risque également d’être long. Toutefois, Marie relativise cette situation : « Cela fait un an que je n’ai pas travaillé, mais je touche un chômage plutôt confortable. Je ne recherche pas d’emploi pour le moment, car je ne veux pas m’exposer inutilement au virus, argumente la jeune femme originaire du Cameroun. Cette pause professionnelle me permet de prendre soin de moi, mais aussi de me consacrer à ma famille et mes amis. »
Un avenir plus qu’incertain
Malgré la campagne de vaccination, l’avenir reste nuageux et les travailleurs sceptiques quant à la reprise de leur activité. « Le gouvernement autorise des ouvertures et des déplacements à Pâques, raconte le cuisinier Thierry, mais cela peut laisser présager de nouveaux pics de contaminations et donc un été compliqué. » Un scepticisme partagé par Samuel, « je ne compte pas sur l’été 2021 pour un retour à la normale ».
Les secteurs des trois interrogés reposent en grande partie sur le tourisme. En l’absence de voyageurs, l’optimisme n’est pas au rendez-vous. « Mieux vaut prendre son mal en patience, commente Marie. Je ne me fais pas d’illusion pour cet été mais je ne suis pas pessimiste non plus. J’attends simplement de voir. »
* Le prénom a été changé, car l’interlocuteur souhaite rester anonyme