Un an après : les coulisses d’Equinox pendant l’annonce de l’état d’urgence

Un an jour pour jour après l’annonce du confinement et de l’état d’urgence en Espagne, c’est l’occasion pour Equinox de jeter un coup d’œil dans le rétro et revenir sur des journées aussi intenses qu’inédites. 

A la rédaction, on se souvient de ces jours de mars 2020 comme d’un tourbillon, un choc prolongé, une nuée d’informations inédites à vérifier, décrypter, expliquer. L’anormalité a commencé le mardi 10 mars, jour de l’annonce du confinement en Italie. Les Barcelonais se sont rués dans les supermarchés, se jetant sur tous les rayons mais en particulier les étagères de papier-toilette, sous les yeux ébahis d’employés complètement débordés. « Je n’ai jamais vu ça, on se croirait une veille de Noël » nous confiait alors Angélica Lopez, responsable du supermarché situé à deux pas de la rédaction.

quarantaine espagneMais si Equinox couvrait déjà l’évolution de la propagation du coronavirus en Espagne, ce n’était pas encore l’information principale, voire unique, et toute l’équipe se préparait ce jour-là pour l’interview filmée de l’ancien président catalan Artur Mas, prévue le lendemain. L’homme politique serait interrogé par trois entrepreneurs français pour un face-à-face qui serait diffusé quelques jours plus tard sur Equinox.

Jeudi 12 mars, l’équipe retrouve Audrey Marin-Laflèche, Jean-Christophe Burgy, Didier Tournon et Artur Mas au Sir Victor Hotel, tout près du Passeig de Gràcia, où doit être tournée l’interview. Alors que nous installons les caméras, Clementina Milà, responsable relations publiques de l’hôtel, nous explique que son établissement souffre déjà beaucoup de la baisse du tourisme international, et que l’annulation du Mobile World Congress a été catastrophique pour tout le secteur hôtelier de Barcelone. Elle espère qu’on ne les obligera pas à fermer.

Artur Mas president de la GeneralitatJuste après l’enregistrement de l’interview, la Catalogne annonce qu’elle fermera ses écoles dès le lendemain pour stopper la propagation du virus. La journaliste Leslie Singla quitte immédiatement l’hôtel pour pouvoir publier l’information sur Equinox.

L’annonce officielle du confinement

Le lendemain, vendredi 13 mars, la Catalogne décrète la fermeture des bars, restaurants et zones commerciales pour deux semaines. La petite cafétéria en bas d’Equinox baisse le rideau. Le gérant nous explique être « soulagé », supportant de plus en plus mal de s’exposer au virus. Lui comme nous pensons qu’il rouvrira quinze jours plus tard.

confinement espagne Le chef du gouvernement espagnol Pedro Sanchez annonce le confinement de l’Espagne, également pour une durée de deux semaines. Les entreprises sont priées de passer au télétravail. « C’était étrange de partir d’Equinox ce soir-là et de se dire au-revoir tout en se disant : on est en contact, on ne sait pas quand on se reverra.. alors que nous sommes tous dans le même quartier » se souvient Leslie qui est repartie ce jour-là avec son ordinateur sous le bras. Le samedi 14 mars, Pedro Sanchez comparaissait à la télévision pour expliquer les détails du confinement. Ce sera la première de nombreuses comparutions du samedi soir, où l’état d’urgence sera prolongé chaque fois de deux semaines supplémentaires.

Nous décidons de reporter la diffusion de l’interview d’Artur Mas, qui avait demandé des jours de travail et dont la sortie était planifiée depuis des semaines, à une date ultérieure. Faute de trouver le moment idéal, elle sera finalement publiée le 28 mars.

L’incertitude

La rédaction gère alors le plus urgent : décryptage des annonces gouvernementales, contradictions entre exécutifs catalan et espagnol, épluchage des textes officiels. Depuis trois jours, Equinox fait également face à l’annulation de la plupart de ses campagnes publicitaires. C’est toute une partie des revenus du média qui disparaît. « Là s’est posée la question de mettre une partie de l’équipe en chômage partiel, avec le système exceptionnel des ERTE, raconte Nico Salvado, cofondateur d’Equinox, finalement on s’est dit que cette équipe avait traversé toutes les crises ensemble et que nous ferions le maximum pour passer cette nouvelle période compliquée avec tout le monde à bord ». Heureusement, Equinox a pu compter sur la diversification de ses sources de revenus, et son service de production audiovisuelle pour des médias francophones du monde entier lui a permis de traverser cette période sans entraves financières. « Mais toute l’équipe a travaillé de manière intense, se relayant les soirs et week-ends pendant des mois », rappelle Nico.

Ces premières journées n’étaient que le début de nombreux mois de décryptage intense des décisions administratives parfois complexes, de centaines de questions des lecteurs, et de reportages que nul n’aurait pensé un jour réaliser.

Nous aussi nous rappellerons longtemps de ces jours étranges de mars 2020.

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