Paris, Barcelone. Deux métropoles, deux pays voisins, mais des mesures et des chiffres bien différents. Dans la capitale catalane, les restrictions entraînent d’autres problèmes comme la pollution ou l’anxiété.
Barcelone est encore sous restrictions, ces dernières s’appliquent à toute la Catalogne. Lundi, un léger assouplissement est entré en vigueur : l’ouverture des centres commerciaux du lundi au vendredi. Depuis deux mois, la mobilité reste limitée à travers un confinement périmétrique qui s’applique au niveau cantonal. Face à ces mesures le taux d’incidence, soit le nombre de personnes infectées sur une période, baisse progressivement. Il a été divisé par trois en un mois et demi. Le 28 février dernier, il était de 111 pour 100.000 habitants sur sept jours.
Pourtant, le gouvernement catalan ne laisse pas entrevoir un relâchement des mesures. Il serait en train d’étudier un calendrier en fonction de l’évolution de la pandémie, comme le demande le secteur économique.
Selon Daniel López Codina, maintenir ces restrictions reste nécessaire. « Il faut vraiment que tout le monde continue de fournir des efforts, jusqu’à ce que les effets du vaccin se ressentent ». Chercheur à l’Université Polytechnique de Catalogne et membre du groupe de recherche catalan sur le Covid-19, il explique qu’une mesure comme le confinement périmétrique permet de contrôler les déplacements et donc les contacts. « Il ne faut pas penser uniquement aux habitants, si les zones touristiques recevaient beaucoup de visiteurs ça serait catastrophique, il suffit de regarder le cas du Vall de Arán ». Début février, des experts avaient tiré la sonnette d’alarme pour cette zone de Catalogne, où le taux d’incidence s’est envolé.
Paris, un taux d’incidence trois fois plus élevé
En France, le couvre-feu débute à 18h, les lieux culturels sont fermés, mais les déplacements ne sont pas limités par un confinement périmétrique comme en Catalogne. Seul un confinement partiel le week-end a été mis en place dans le département des Alpes-Maritimes, car il affichait fin février le taux d’incidence le plus élevé du pays.
Du côté de la capitale française, la ville a dépassé le seuil d’alerte maximal. Le taux d’incidence pour 100.000 habitants sur sept jours ne cesse d’augmenter depuis fin décembre, il est à plus de 300 depuis le 20 février dernier. C’est trois fois plus que celui de Barcelone. Plusieurs médias français évoquent la possibilité d’un confinement le week-end à Paris comme dans les Alpes-Maritimes, mais aucune mesure n’a été annoncée officiellement par les autorités.
Les limites de Barcelone
Si les restrictions visent à limiter la propagation du coronavirus, le personnel sanitaire observe le revers de la médaille. « Le bouleversement de la vie quotidienne et la perte des liens sociaux et familiaux ne sont pas sans conséquences » raconte Nuria Bratos, médecin généraliste au sein de Turó Park Dental & Medical Center. Depuis un an, le centre observe une hausse de plusieurs pathologies lors des consultations. D’un côté, le surpoids et l’obésité à cause de « la sédentarité, notamment d’un manque d’activité physique associé à une mauvaise alimentation ».
Avec l’application d’un confinement périmétrique, les habitants se baladent en bord de mer ou dans les parcs de la ville. Les possibilités restent limitées, Barcelone aurait seulement 17 m2 de zones vertes par habitant, en comptant la partie municipale de la forêt de Collserolla. D’ailleurs, les écologistes alertent même que le futur du parc naturel est en danger, face à l’afflux de visiteurs important.
Face aux restrictions de mobilité, les Barcelonais doivent également faire face aux risques de santé provoqués par la pollution, comme les maladies respiratoires aiguës. Le 23 février dernier, l’alerte pollution a été activée car la moyenne quotidienne des particules (PM10) dépasse une fois de plus les limites autorisées par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
D’un autre côté, la santé mentale est plus touchée depuis la pandémie. « On observe une augmentation du stress, l’insomnie, l’anxiété et la peur » ajoute Nuria Bratos. Face à cette « nouvelle normalité », la médecin recommande plus que jamais de maintenir des repères, un rythme de vie équilibré avec des horaires, sans oublier de conserver du lien social tout en s’adaptant à la situation.