La raison pour laquelle le verlan n’existe pas en espagnol

Le verlan, qui consiste à inverser les syllabes d’un mot, est devenu populaire en France grâce à la culture rap à la fin des années 80. Les keufs, meufs, teufs sont depuis rentrés dans le langage courant. Mais qu’en est-il en espagnol? 

Ce ne sont pas les rappeurs qui ont utilisé pour la première fois verlan.  En 1718, François-Marie Arouet voulait se trouver un nom d’artiste. Il a pris le nom de sa commune d’Airvault et en inversa les syllabes. L’écrivain et philosophe Voltaire était né.

Le verlan est très ancien. Le dictionnaire de l’argot rapporte sa première apparition en 1842 avec le toponyme « Lontou » utilisé pour dénommer en argot « le bagne de Toulon ». L’évolution sociolinguistique a vu naître ce procédé  qui est devenu au fur et à mesure le symbole langagier de la « culture de rues » . Les chercheurs s’accordent sur l’idée que le verlan n’a jamais cessé d’exister depuis l’époque du vieil argot français, mais son nouvel essor date des années 1970 dans les grands ensembles de la banlieue parisienne où les jeunes issus de l’immigration s’en saisissaient pour marquer leur production argotique. Un phénomène fortement médiatisé dans les années 80 à l’époque du film « les Ripoux » et du tube de Renaud « laisse béton » (pour « laisse tomber »).

Pourquoi n’y a t-il pas pas de verlan dans la langue espagnole?

Le verlan en Espagne n’est absolument pas développé. Le linguiste Karim Joutet explique à Equinox que « l’espagnol permet moins de verlan en raison de l’accent tonique ». En français, l’accent tonique est très peu prononcé et, surtout, il ne fait pas sens, on peut donc inverser les syllabes facilement. « En espagnol, l’accent tonique peut modifier le sens d’un mot comme pour opera et ópera ou cólera et colera, faire du verlan n’est donc plus simplement inverser des syllabes, c’est également déplacer un accent oral qui fait sens et l s’agit là d’un autre paramètre supplémentaire à prendre en compte pour les hispanophones dans l’inversion des syllabes ».

Selon le professeur de langues, les pays d’Amérique latine hispanophones utilisent toutefois quelques mots en verlan comme Yapla pour Playa, Chochamu pour Muchacho ou Fercho pour Chófer.

 

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