Laura Borràs, la candidate du parti de Carles Puigdemont, promet de refaire une déclaration d’indépendance de la Catalogne si elle arrive en tête des élections du 14 février. Un projet qui ne fait pas l’unanimité au sein de l’indépendantisme catalan.
Tête pensante de l’indépendantisme musclé et identitaire, la candidate de Junts Per Catalunya, Laura Borràs a annoncé ce week-end que si elle gagnait les élections et que les forces indépendantistes dépassaient les 50% des votes, la sécession de la Catalogne serait active.
Le plan de Laura Borràs comporte une première étape de mise en oeuvre impliquant l’adoption d’une résolution parlementaire ratifiant les déclarations de souveraineté déjà votés par le parlement en 2013 et 2015 et la déclaration d’indépendance du 27 octobre 2017. Tous ces textes sont actuellement censurés par le tribunal constitutionnel espagnol, et ce vote parlementaire a valu à ses auteurs des poursuites judiciaires. D’ailleurs, Laura Borràs a fait cette annonce dimanche aux côtés de trois anciens ministres de Carles Puigdemont, récemment sortis de prison grâce à un aménagement de peine. Jordi Turull, Josep Rull et Joaquim Forn purgent leur peine pour la déclaration d’indépendance, mais peuvent sortir les week-ends, ce qui leur permet de participer activement à la campagne électorale.
Opposition du reste de l’indépendantisme
La gauche indépendantiste (ERC) est sortie en trombe contre la proposition de Laura Borràs. Le pragmatique vice-président de la Generalitat, Pere Aragones, fait campagne sur des mesures à très long terme pour obtenir l’indépendance. ERC souhaite mettre en avant des mesures sociales pour démontrer que les indépendantistes ont un bon projet pour la Catalogne pour les années à venir. Le candidat Aragones ne souhaite pas une séparation radicale avec l’Espagne et fait campagne sur le mot « réalisme« . L’analyse de la gauche se résume dans le fait que les conditions ne sont pas plus réunies en 2021 qu’en 2017 pour obtenir l’indépendance : les Mossos d’Esquadra ne soutiendront pas le projet, la Catalogne ne dispose d’aucune structure permettant la transition nationale et l’Europe n’offre aucune complicité.
Même, les ultras-indépendantistes de la Cup tournent le dos à la proposition de Laura Borràs. La gauche anti-capitaliste propose d’affaiblir l’État espagnol pendant 4 ans avec des mobilisations dans la rue, et au terme de la législature (en 2025) de monter un nouveau référendum unilatéral.
Election serrée
L’élection catalane du 14 février se joue entre le camp indépendantiste et l’ancien ministre socialiste de la Santé Salvador Illa. Le candidat arrivant en tête devra ensuite trouver des alliés pour former une coalition gouvernementale. Si les socialistes arrivent premiers du scrutin, Salvador Illa tentera de former un gouvernement en faveur de l’unité de l’Espagne avec les forces de droite. Illa tentera également de convaincre ERC d’abandonner le discours indépendantiste pour fédérer les forces de gauche afin de changer les politiques économiques, sociales et sanitaires de Catalogne.
ERC espère aussi arriver en tête et se retrouvera face à un croisement. Le parti de gauche pourra modérer la thématique indépendantiste en formant un gouvernement avec le soutien des socialistes. Cependant, le scénario le plus probable est une nouvelle coalition souverainiste avec le parti de Carles Puigdemont sur le modèle actuel. Un nouveau gouvernement indépendantiste qui aura encore plus de chances de voir le jour si Laura Borràs arrive en tête.