Depuis une quinzaine de jours, encore plus déconnectés de la société réelle qu’à l’accoutumée, les dirigeants espagnols et catalans enchaînent les comportements dénués de toute morale ou gêne.
Le ministre de la Santé Salvador Illa plie les voiles, en pleine 3e vague de Covid incontrôlée et avec une campagne de vaccination paralysée par le manque de doses. Le titulaire de la Santé publique cherche à rentabiliser sa récente célébrité médiatique -due à la pandémie- pour tenter de ravir la présidence de la Catalogne. Le pouvoir espagnol, fier de son coup, a trouvé un nom pour l’opération : « l’effet Illa ». La candidature de l’ancien ministre est censé cumuler une avalanche de voix permettant aux socialistes de sortir les indépendantistes du pouvoir.
Elections forcées
Le gouvernement espagnol a manœuvré dans les tribunaux pour que le scrutin se célèbre le 14 février, en pleine pandémie, avec les hôpitaux saturés au bord de l’implosion. Il était hors de question pour le gouvernement espagnol de laisser passer « l’effet Illa ». Pression de Madrid pour ne pas attendre le 30 mai pour voter avec l’arrivée clémente des beaux jours sur la propagation du virus comme le voulait, prudemment, la Generalitat.
Il faudra donc déplacer 4 millions de personnes pour une élection, au milieu des restrictions imposées à tous les secteurs économiques (restaurants, bars, boite de nuit, salles de sport, grandes surfaces) pointés du doigts en raison de la mobilité et l’activité sociale qu’ils génèrent. Les personnes qui tiendront les bureaux de vote, tirées au hasard et sommées de venir le 14 février, devront être protégées par des tenues telles que celles portées par le personnel soignant dans les hôpitaux. La Generalitat prévoit une tranche horaire pour que les malades du Covid-19 puissent se déplacer pour voter : de 19h à 20h. Une pure folie pour les médecins qui supplient les personnes malades de ne surtout pas sortir de chez elles.
Violer le confinement pour un meeting électoral
Chaque jour étant pire que la veille, mardi, le gouvernement indépendantiste catalan a annoncé qu’il serait possible de contourner le sévère confinement municipal pour assister à des meetings électoraux. Ce qui est interdit pour rendre visite à sa famille, ses amis ou se promener dans la campagne est désormais permis pour écouter de la propagande électorale.
L’annonce faite en grande pompe et avec une fierté non dissimulée par la porte-parole de la Generalitat Meritxell Budo et le ministre catalan de l’intérieur Miquel Samper a autant surpris que choqué des citoyens sous restrictions depuis bientôt un an.
La boite de Pandore politique
La classe politique catalane et espagnole devrait faire preuve d’une plus grande prudence. Dans cette période de grande incertitude et de braises disséminées un peu partout sous le souffle pandémique, les choses peuvent s’enflammer sans que l’on n’y prenne garde. L’invasion du capitole à Washington, les troubles politiques en Italie, les violentes émeutes au Pays-Bas sont autant de signaux d’alerte lancés aux dirigeants. Les mesquineries politiques et les coups politiciens pourraient se retourner contre leurs auteurs dans une société déprimée, névrosée, hystérisée par une crise sanitaire, sociale, économique, de libre mouvement dont on ne voit pas la fin.
Les dirigeants politiques de notre pays pourraient sans le vouloir ouvrir une boite de Pandore. Son contenu pourrait surprendre et engendrer des conséquences encore inédites.