L’Europe ouvre le débat sur la création d’un passeport vaccinal lié au Covid. L’Espagne est fortement favorable à sa création.
Le club des 27 états membres de l’Union européenne se réunit ce jeudi en vidéoconférence pour débattre d’un thème explosif : la création d’un passeport vaccinal. Avec la mise en place de ce certificat, seules les personnes vaccinées auraient le droit de se déplacer pour faire du tourisme dans un pays de l’Union européenne.
Proposition de la Grèce soutenue par l’Espagne
Cela fait plusieurs semaines que Bruxelles travaille sur cette option. Le 12 janvier, le Premier ministre grec a porté le débat sur la place publique. Dans une lettre ouverte adressée à Ursula von der Leyen, la présidente de l’exécutif communautaire, Kyriakos Mitsotakis appelle l’Union européenne à adopter un certificat « standardisé » de vaccination. « Les personnes vaccinées devraient être libres de voyager (…) Pour des pays comme la Grèce, qui dépendent du tourisme, il est impératif que ce problème soit résolu avant la saison estivale » plaide le chef du gouvernement grec.
Un souhait soutenu sans réserve par l’Espagne. Le ministère des Affaires étrangères félicite Kyriakos Mitsotakis et détaille que « le gouvernement espagnol a travaillé de manière proactive pour garantir les niveaux de mobilité. S’il y a consensus sur le fait que les personnes qui ont reçu des vaccins doivent pouvoir se déplacer parce qu’elles n’ont pas d’influence négative, l’Espagne fera toujours en sorte que des niveaux de mobilité plus élevés soient renforcés. » Le pays veut aller très vite, et le ministère des Affaires étrangères ajoute « qu’il faut un accord sur un mécanisme de reconnaissance mutuelle car il est urgent de consolider les niveaux de mobilité, ce qui a un impact sur l’économie. »
A Berlin, le ministre des Affaires étrangères apporte son soutient au projet : « une personne vaccinée ne prive personne d’un respirateur. Ce qui fait disparaître au moins une des raisons principales pour lesquelles on restreint les droits fondamentaux » a déclaré Heiko Maas dans Bild, le 17 janvier.
Des pays comme le Danemark et la Pologne ont commencé à émettre des certificats officiels de vaccination. Le Portugal se dit également favorable à la mesure.
La France en embuscade
A l’autre bout de la table, des pays s’opposent à cette mesure. C’est le cas de la France, où Clément Beaune, secrétaire d’Etat aux Affaires européennes estimait le 17 janvier, sur Franceinfo que « c’est un débat qui n’a pas lieu d’être et ce serait choquant, alors qu’on débute partout cette campagne de vaccination en Europe » avant de nuancer, « quand l’accès au vaccin sera généralisé, ce sera un sujet différent ».
La commission pourrait rendre un premier brouillon à la fin du mois de janvier. A quoi donnera droit exactement le passeport ? « C’est une décision politique et juridique qui doit être discutée par les dirigeants européens » répond Ursula von der Leyen. La règle sera « l’équilibre juste pour permettre à tout le monde de pouvoir circuler avec un passeport sanitaire ou un résultat de test négatif si on n’a pas eu accès au vaccin » ajoute la cheffe de la Commission européenne. Pour éviter les incidents diplomatiques, il faudra que les états acceptent de reconnaître mutuellement leurs tests. Depuis trois mois cette discussion tourne en rond.
L’objectif de l’Union européenne est d’arriver à 70% de la population d’ici la fin de l’été 2021.