Le gouvernement catalan doit annoncer dans les prochains jours si les élections du 14 février sont maintenues ou suspendues en raison de la situation sanitaire.
Empêtrée dans une crise sanitaire et économique sans précédent, la Catalogne est sur le point d’entrer dans une phase de convulsion politique. Sans président depuis la destitution de Quim Torra le 29 septembre dernier, la Catalogne est censée renouveler son gouvernement le 14 février prochain, lors du scrutin législatif catalan. Les élections, avec un décret signé par le président par intérim Pere Aragonès, sont officiellement convoquées. La date du 14 février est entourée par le rouge du pic de la 3e vague de Covid-19 selon un rapport scientifique commandé par le gouvernement catalan.
Il est possible légalement de suspendre la convocation électorale et de la repousser au printemps. Un scénario qui s’est produit l’an dernier en Galice et au Pays Basque en raison de la situation sanitaire. Le contexte est cependant plus compliqué en Catalogne, en l’absence d’un président à la tête du gouvernement. Repousser les élections, c’est rallonger la période de vacance de la présidence catalane. Une lourde responsabilité que pour le moment nul ne veut prendre. La coalition indépendantiste au pouvoir, tout en rappelant que le gouvernement aura le dernier mot, souhaite que les différents partis politiques entrent dans le débat et se positionnent.
Les pour et les contre
Après l’annonce de la candidature du ministre espagnol de la Santé Salvador Illa à la présidence de la Generalitat, les socialistes ont constaté une hausse sondagière. Par opportunisme électoral, le parti ne veut pas repousser la date du scrutin. « Seul un confinement à domicile devrait empêcher la tenue du vote, c’est au gouvernement d’établir les mesures sanitaires » ordonne la porte-parole des socialistes Eva Granados.
Dans la même ligne, les conservateurs du Partido Popular ne voient rien qui pourrait empêcher l’élection, malgré une probable saturation des hôpitaux en février selon les prévisions des médecins et chercheurs.
L’extrême-gauche de la Cup et Podemos demandent que les critères soient sanitaires et non de politique politicienne pour déterminer s’il est possible ou non de voter.
Plus prudents, les libéraux de Ciudadanos sont disposés à repousser le scrutin, mais veulent que le gouvernement soit clair sur la prochaine date de l’élection.
Sécurité sanitaire impossible
Garantir la sécurité le jour du vote semble impossible pour le gouvernement catalan. En premier lieu pour les citoyens qui devront tenir les bureaux de vote. En Catalogne, il n’y a pas de volontariat. Un tirage au sort administratif est effectué par la commission électorale afin de convoquer les personnes qui devront passer une journée derrière un bureau de vote. Toute personne inscrite sur les listes électorales est susceptible d’être convoquée préalablement par courrier et de recevoir une amende (située entre 360 et 7.200 euros) si elle ne se présente pas le 14 février à l’ouverture des bureaux.
Etre obligé de tenir un bureau de vote et de croiser des centaines de personnes en pleine pandémie est hautement discutable. Pour palier à ce problème, le gouvernent avait émis l’idée que toute personne devant tenir un bureau de vote soit vaccinée. Un vœu pieux qui n’a pas été mis en place car le tirage au sort n’a pas encore eu lieu. Compte-tenu du délai de 30 jours pour obtenir l’Immunité (une injection suivie d’un rappel au bout de trois semaines et encore une période de latence de 7 jours), il est désormais trop tard pour mettre en place ce plan d’ici le 14 février.
Le vote, si il a finalement lieu, ne se tiendra pas dans les écoles comme d’habitude, mais dans des chapiteaux plus amples permettant de garantir la distanciation sociale. Le corps médical dans sa quasi-totalité demande au gouvernement de repousser une fois pour toutes ces élections. Sous pression, le gouvernement rendra sa réponse vendredi.