Un possible accord entre les gouvernements de Catalogne et de Valence pourrait changer le visage politique de l’Espagne vers un commencement de fédéralisme. Décryptage.
Le régime constitutionnel espagnol de 1978 en ces temps de pandémie et de crise économique a du plomb dans l’aile. La monarchie d’un côté et la répartition du pouvoir entre le gouvernement central et les autonomies régionales sont questionnées.
Le schéma constitutionnel espagnol reste un projet inachevé. Entre le fédéralisme allemand et le jacobinisme français. Les partis de droite représentent le modèle centraliste et comptent 153 députés au parlement national. Le désir de plus de fédéralisme se regroupe autour de Podemos, des régionalistes basques et des indépendantistes catalans en attendant mieux. Soit un bloc de 77 élus.
Ce sont donc les 120 députés socialistes qui ont le pouvoir de faire pencher la balance dans un sens ou dans l’autre. Il faut disséquer le groupe socialiste pour trouver la dynamique. Plus de 10% du groupe parlementaire socialiste provient de Catalogne et de Valence. Qui eux aussi souhaitent faire évoluer le système espagnol vers plus de pouvoirs pour les régions.
La visite du président de Valence à Barcelone
Le président socialiste de Valence Ximo Puig a rencontré cette semaine son homologue catalan Pere Aragonès pour parler de finances. Comme nous l’écrivions mardi dans ces colonnes, les forces progressistes espagnoles et les indépendantistes catalans se sont mis d’accord pour harmoniser fiscalement le pays. Plus d’argent pour les provinces et moins pour la capitale Madrid tenue par les conservateurs.
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La venue de Puig en terres catalanes s’inscrit dans cette logique. Réforme territoriale et financement de l’Espagne. Le projet du président de Valence est ambitieux et les mots grandiloquents : “Commonwealth méditerranéen” débouchant sur une “Espagne catalane” et une “Espagne des Espagnes”. Le gouvernement de Pedro Sanchez regarde la démarche avec un œil bienveillant. Tout ce qui permet d’isoler la droite et la bunkériser dans son fief madrilène est bon à prendre.
Pour que le projet prenne vie, il manque encore une pièce au puzzle : la victoire définitive de Pere Aragonès le 14 février lors des élections catalanes.
Un bon score dans les urnes du parti de Puigdemont avec pour ambition de renverser la table et d’affronter l’État espagnol pourrait toutefois faire voler en éclat le projet de la reconstruction territoriale.
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