Le Raval est un des quartiers les plus connus de Barcelone. À la population éclectique et au profil interculturel, envahi l’été par les touristes, il ne fait pas toujours l’unanimité parmi la population barcelonaise.
Découverte de l’histoire de ce bout de Barcelone qui ne laisse personne indifférent, par Karim Joutet, fondateur de l’école Espagnol Pas à Pas.
L’histoire du Raval
Avant le XIVe siècle, le Raval n’était qu’une zone de champs aux portes de la vieille ville. Le monastère Sant Pau del Camp (qui héberge actuellement la Bibliothèque de Catalogne) est le premier lieu significatif à y être sorti de terre. Il est rattaché à Barcelone lors de la construction d’une muraille en 1348, qui correspondrait aujourd’hui à l’Avenue Parallèle. Puis à partir du XVe siècle, le Raval a connu une prolifération de couvents et l’installation de nombreux ordres religieux.
Au début du XVIIIe siècle, le quartier a commencé à vivre au rythme de l’industrialisation. Les usines s’y sont installées au milieu des jardins et des couvents, entraînant avec elles l’apparition de logements pour travailleurs. Au début du XXe siècle, les usines sont parties vers des quartiers permettant leur expansion et le Raval est devenu un quartier résidentiel pour ouvriers.
Depuis cette époque, le Raval a conservé son image de quartier aux logements pour la classe populaire. Le surpeuplement et le dédale de petites rues étroites qui caractérisent le Raval lui ont valu le nom de « Barrio Chino », appellation donnée pour la première fois en 1925 par le journaliste Àngel Marsà. Sous la dictature, le quartier a connu une dégradation urbaine et sociale importante.
Dès les années 80, l’Administration a développé une politique de réformes et de réhabilitation qui ont donné au Raval sa morphologie actuelle.
Un quartier au profil atypique
Cette récente volonté de réhabilitation et son passé industriel et populaire donnent aujourd’hui au Raval son caractère hors norme. Depuis les années 80, l’Administration a privilégié de nouveaux projets en créant pas moins de 300 équipements culturels, dont la Bibliothèque de Catalogne, de nombreux théâtres et musées comme le MACBA ou le Musée Maritime, ou encore la Filmothèque, située place Salvador Seguí. La création de la Rambla du Raval, inaugurée en 200, s’inscrit dans la même volonté d’ouverture du quartier.
Le MACBA
Les différences sociales dominent le quartier. De nombreux expatriés, attirés par son cachet, s’installent dans des logements rénovés. Quelques rues plus loin, la prostitution ou les narcopisos, logements occupés illégalement par des trafiquants de drogue, sont également présents. Le Raval est aussi le quartier de l’interculturalité. 56% de sa population n’est pas née en Espagne, selon la Mairie de Barcelone. Après l’espagnole, les nationalités les plus présentes sont la pakistanaise, très concentrée dans le sud du Raval, et la philippine, qui se trouve majoritairement dans le nord du quartier.
Le caractère atypique du Raval plaît. En témoigne le tourisme de masse qui y est présent, ou l’intense pression immobilière qui affecte le quartier. Pourtant, il semble ne pas réussir à se défaire d’une image qui ne laisse personne indifférent.
Trois endroits peu connus du quartier
Le Raval présente de nombreux lieux d’intérêt. Parmi eux, le Palais Güell, édifié par Antoni Gaudí entre 1886 et 1890. Cette œuvre appartient à la période orientaliste de Gaudí, période pendant laquelle l’architecte réalise une série d’œuvres marquées par des traits orientaux.
Le Palau Güell
La Bibliothèque de Catalogne, présente dans l’ancien Hospital de la Santa Cruz de Barcelone, vaut également le détour. Hébergée par cet ensemble de bâtiments datant du XVe siècle, elle séduit par son authenticité et son calme.
La Bibliothèque nationale
Enfin, il est aussi conseillé de visiter le Monastère de San Pablo del Campo, ancien monastère bénédictin à quelques pas de la Rambla du Raval.
