Le monde de la nuit barcelonais et catalan est en danger, sans plan de relance gouvernemental. Les annonces et contre-annonces de réouverture n’ont fait qu’ajouter de l’angoisse dans un secteur devenu précaire.
« Nous présentons nos excuses aux 40.000 familles qui dépendent économiquement du secteur nocturne pour avoir fait marche arrière dans la réouverture des discothèques, approuvée par le Procicat (Plan de Protection Civile de Catalogne) ». C’est par ces mots que le secrétaire de la Santé publique catalane Josep Maria Argimon a mis fin mercredi à la séquence surréaliste de la non réouverture des boîtes de nuit catalanes. A contrario des Baléares qui ont maintenu la nuit d’Ibiza close depuis mars 2020, la Catalogne fait vivre une douche écossaise permanente aux discothèques.
Pas de piste de danse
En juin dernier, après les phases de déconfinement, les clubs catalans ont eu le droit d’ouvrir, mais sans piste de danse. « Ils transforment les boîtes en bars, ce qui nous complique encore plus la vie » s’agaçait alors Ramon Mas vice-président du Syndicat des boîtes de nuit de Barcelone. En juillet, face à la courbe du Covid en augmentation en Catalogne, la Generalitat ferme en catastrophe les discothèques, accusées d’être des foyers massifs de contagions.
Après plus de trois mois de fermeture, certains établissements comme le Razzmatazz ou l’Apolo sont à l’agonie financière. Double peine pour ces établissements qui ne peuvent plus organiser de soirées clubbing, mais sont également dans l’impossibilité de monter des concerts. Contrairement aux bars musicaux de Catalogne ayant reçu l’aval du Procicat.
Je t’ouvre, moi non plus
En début de semaine, coup de théâtre. Non seulement, les boîtes pourront proposer des concerts, mais organiser à nouveau des soirées clubbing, avec deux restrictions majeures : jusqu’à trois heures du matin et sans piste de danse. Nouveau casse-tête pour les patrons : comment rentabiliser des soirées qui finissent très tôt et sans dancefloor.
Le secteur nocturne n’a pas eu le temps de réfléchir, la Generalitat annonça 48 heures plus tard que l’ouverture était « congelée » en raison de la courbe épidémiologique catalane. « On a appris tout ça par la presse » s’étonne Ramon Mas qui demande maintenant un plan de sauvetage financier pour le secteur, afin de payer des frais qui continuent de courir. « Nous sommes dans l’obligation de payer nos charges de sécurité sociale à hauteur de 40% pour nos employés au chômage partiel. Nous devons aussi payer les factures, les loyers, l’énergie, les impôts, les frais administratifs. Nous sommes dans une situation extrêmement précaire » prévient le professionel.
Pour attirer l’attention, Ramon et ses amis directeur de boîtes de nuit, campent depuis lundi sous les fenêtres du gouvernement catalan, plaça Sant Jaume à Barcelone.
Jamine Kouadry, DJ française installée à Barcelone se désole que « le revirement du ministère catalan de la Santé soit tout à l’image de son inepte gestion de la crise du Covid depuis mars. Cela ne fait que croître les fêtes illégales qui sont très nombreuses sans masque et sans distance » avertit la Française.
Sans vouloir tomber dans une théorie complotiste, Jasmine pense que « tout cela est fait exprès pour détruire un business qui était encore dans les mains des locaux au profit de fonds vautours ».