Trois années ont passé depuis le référendum non autorisé du 1er octobre 2017 censé déboucher sur la proclamation d’un nouvel Etat indépendant au sein de l’Union européenne.
Depuis lors, les images des violences policières tournent en boucle sur la télévision publique TV3, les médias indépendantistes et les comptes Twitter de la séparatosphère. Le discours indépendantiste, depuis le 1er octobre 2017, tourne lui aussi en boucle. Les totems souverainistes sont tombés un à un : la rue ne gouverne pas, l’Europe n’a pas soutenu le processus indépendantiste, le dialogue avec l’Espagne pour arriver à une rupture à l’amiable n’existe pas. Pourtant, malgré l’effondrement de la cathédrale séparatiste, la liturgie continue.
Carles Puigdemont, toujours messianique et revêtu de la soutane du président légitime, continue d’expliquer que l’indépendance est au coin de la rue. Il suffit que les citoyens aillent la chercher. Un discours, certes romantique et non dénué de références historiques, mais totalement inadapté à la réalité.
Le tabou du pacte avec Madrid
La gauche indépendantiste, ERC, qui représente la moitié de l’électorat souverainiste, ne partage pas ces poncifs, mais n’ose pas le dire trop fort. L’accusation de « trahison » prononcé par l’intelligentsia indépendantiste radicalisée est un risque que ne veut pas prendre ERC. L’incarcération et l’exil de Carles Puigdemont et de ses ministres rendent pour le moment impossible la tenue d’un discours décomplexé de pacte avec Madrid.
Bien conscient de la chose et désireux de pactiser avec ERC pour donner une stabilité en Catalogne et en Espagne, le gouvernement socialiste de Pedro Sanchez veut accélérer les sorties de prison. Soit en réformant le délit de sédition, chef d’inculpation retenu par le Tribunal suprême contre les chefs catalans, soit en activant le processus des grâces royales.
Pour faire capoter la manœuvre, et que le discours répressif puissent perdurer, les secteurs conservateurs à Madrid et indépendantistes radicaux à Barcelone restent en embuscade.