Le gouvernement de gauche va retirer les titres de noblesses octroyés à des personnalités par le général Franco. Leurs descendants sont directement impactés.
La nouvelle loi de mémoire démocratique, comme nous l’annoncions la semaine dernière, va mettre un point final à la Fondation Francisco Franco.
Le mausolée à la gloire du dictateur, la Valle de los Caidos dans la sierra madrilène, va devenir un cimetière public. Les victimes de la dictature seront renforcées dans leur démarche de demande de réparations via une nouvelle branche du parquet espagnol.
Dans la batterie de mesures présentées par le gouvernement socialiste espagnol figure également le retrait des titres de noblesse octroyés par le dictateur.
Nouvelle intelligentsia franquiste
Jusqu’à pratiquement sa mort en 1975, Franco créa et accorda 37 titres de noblesse à des hommes d’affaires, des hommes politiques et des militaires proches du régime. La dictature a ainsi créé sa propre intelligentsia dans la haute société espagnole.
La création des titres de noblesse est la cinquième loi fondamentale que le « Caudillo » imposa après avoir remporté la guerre civile en 1939 et s’être proclamé chef de l’Etat. C’est ce que va démanteler le gouvernement de gauche de Pedro Sánchez.
La priorité de l’exécutif est de retirer le titre aux «personnes essentielles au coup d’État, à l’arrivée de la dictature et à la répression» comme l’a commenté la vice-présidente Calvo. Principalement des personnes issues du monde de l’armée, de la politique, des affaires et du clergé avec qui le dictateur Franco a établi de bonnes relations.
Les militaires
Franco a accordé 17 titres de noblesse à des militaires. L’un des plus importants est le général Emilio Mola, l’un des principaux commandants du coup d’État de 1936. Son petit fils est actuellement le titulaire du duché de Mola. Il aura d’ailleurs mis trois ans à récupérer son titre tandis que le Premier Ministre socialiste Zapatero à la fin des années 2000 avaient « gelé les procédures d’attribution ».
Une autre déchéance sera celle du militaire Juan Yagüe, du groupe des africanistes et légionnaire qui s’est battu contre la classe ouvrière en 1934 lors de la révolution dans les Asturies à la demande du gouvernement républicain. Désormais, le titre de deuxième marquis de San Leonardo de Yagüe est détenu par par Juan Yagüe, dont la sœur, María Eugenia a participé à plusieurs débats télévisés pour défendre le franquisme.
Juan Antonio Suanzes, directeur de la publicité du groupe progressiste Prisa qui édite notamment le journal El Pais, perd le titre accordé à son père.
Le monde des affaires
Au niveau du monde des affaires, le cas le plus notable est celui de José María Arias Mosquera, le dernier président de Banco Pastor avant son absorption par Banco Popular.
Santiago de Ybarra est actuellement président d’honneur du groupe Vocento, propriétaire du journal conservateur ABC et se trouve aussi affecté par la mesure.
Noblesse franquiste : certaines exceptions
La loi permet cependant quelques exceptions pour des personnalités issues du monde de la culture et de la science. Ainsi, Ramiro de Maeztu héritier de l’écrivain espagnol restera comte de Maeztu. Jorge Arruga, descendant d’ophtalmologistes catalans renommés, pourra également demander, malgré la nouvelle loi, d’être le prochain comte d’Arruga.
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