Troquer l’effervescence de la grande ville de Barcelone pour une vie paisible à la campagne ou en bord de mer en Catalogne, c’est ce qu’on fait des Français au cours de ces derniers mois. Un bouleversement provoqué par le Covid-19. Témoignages.
« On s’est dit qu’on serait mieux dans une maison en cas de reconfinement« confie Laurence. En mai dernier, la Française, son compagnon et leur bébé de cinq mois ont quitté Barcelone pour s’installer dans une maison à 25 kilomètres, à Premià de Dalt. Auparavant, la famille vivait dans le quartier de Poble-sec, à deux pas de Paral·lel. « Beaucoup de bruit, de fête, d’agitation, d’odeurs malodorantes, de pollution » résume la jeune maman.
Si le couple avait en tête de déménager depuis près de deux ans, le confinement a accéléré ce changement. L’envie de fraîcheur devient une évidence. « J’ai grandi dans un village à la campagne, je souhaitais la même chose pour mon enfant et vivre dans une maison avec un extérieur, nous étions dans un appartement de 40 mètres carrés sans chambre pour notre fille » explique Laurence. Son cas n’est pas isolé. Selon le site d’annonces immobilières Fotocasa, les recherches de logement avec balcon ou jardin se sont envolées en Espagne entre mars et avril, avec une hausse de 40%.
Pour d’autres Français, le choix s’est porté sur le bord de mer. Graphiste, Camille Bonnevial a posé ses valises à Sitges début juin. « À mon arrivée en février 2019, je souhaitais absolument vivre en plein centre de Barcelone » raconte-t-elle. La Française emménage avec son copain dans un appartement du Raval sans lumière naturelle. « J’étais habituée à cet environnement en travaillant depuis la maison, mais le confinement a été difficile. Nous devions également supporter le bruit, les personnes qui tapaient sur les murs à quatre heures du matin en pleine nuit. On en pouvait plus ».
Le couple fait un premier essai en louant un appartement avec de grandes baies vitrées pendant deux semaines à Mataró, « ça nous a changé la vie ». Conquis, il visite leur logement actuel au surlendemain de leur retour à Barcelone, le déménagement s’enchaîne dans la station balnéaire.
Une nouvelle organisation
Vue sur mer, tranquillité, à proximité d’un parc naturel, à trois minutes d’un plongeon dans la mer Méditerranée, rien ne manque pour Camille. « Ça me fait le plus grand bien d’être ici, je ressens le stress de la ville dès que je pose un pied à Barcelone, en plus avec le coronavirus je ne suis pas rassurée d’être au milieu du monde » précise la jeune femme. Toutefois, résider à une quarantaine de kilomètres de la capitale catalane n’est pas sans inconvénient, « on s’est retirés au paradis, on est un peu confinés sur notre rocher. On ne peut plus faire apéro tous les soirs comme à Barcelone, faire les trajets peut vite être démotivant même en ayant une voiture ». Un point rejoint par Laurence. « La vie sociale n’est pas la même, même si celle que j’avais à Barcelone aurait certainement changé en ayant un bébé ».
À Premià de Dalt, la famille est heureuse de cette nouvelle vie, « nous sommes à proximité de plages plus jolies, nous gagnions trente minutes de trajet pour rentrer en France ». Et surtout, ce nouveau lieu de résidence s’adapte parfaitement à leur vie professionnelle. Guillermo se rend à son bureau en une demie-heure de moto et Laurence fait du télétravail quatre jours sur cinq. « Avec si peu de déplacements, nous aurions pu déménager encore plus loin finalement, à Sant de Pol ou ailleurs pour avoir une piscine » regrette presque la commerciale.
Une douceur de vivre
D’autres expatriés n’ont pas hésité à s’éloigner encore plus. « Une maison avec trois chambres, piscine, vue sur la nature pour 750 euros, c’était le bon plan » raconte Yoan Moutou. Le Français part dans quelques jours vivre en colocation à 65 kilomètres de Barcelone, à Tordera. Le confinement fut le déclic pour lui aussi. « C’est une période où je me questionnais sur mon mode de vie, après un passage en France, mon envie de campagne s’est confirmée. À Barcelone l’activité culturelle est en pause, j’ai vu cette période comme le moment idéal pour changer d’air » explique-t-il.
En télétravail pour TripAdvisor, passer du quartier de Poble-sec au Maresme n’est pas un problème. « Je sais qu’il faudra trouver une nouvelle organisation pour les courses ou voir des amis mais je préfère me ressourcer avant tout, à 15 minutes de Blanes je peux profiter de d’autres coins de Catalogne ».
Si le Covid-19 fut l’élément déclencheur pour beaucoup d’habitants, les flux migratoires entre la capitale catalane et l’aire métropolitaine ne sont pas rares. Au cours des dix dernières années, plus de 100.000 déménagements ont été effectués entre Barcelone et l’Hospitalet. Des départs provoqués par la hausse des prix des loyers et donc l’envie d’un meilleur confort. Le phénomène s’est tout de même accentué cette année, notamment avec un besoin de se rapprocher de la nature. Selon Idealista, durant les quatorze semaines de confinement, les recherches dans les capitales de communautés autonomes d’Espagne ont baissé de près de 39%.